Une nouvelle maison de santé a vu le jour à Saulxures-lès-Nancy dans le Grand Est. Le Dr David Refahi, médecin généraliste, a porté ce projet avant d’être rejoint par d’autres professionnels de santé, dont plusieurs de ses amis médecins. Mais se lancer dans la construction d’une telle structure est complexe, précise-t-il. “Il faut être très motivé, mais surtout, bien conseillé et accompagné.”

 

Article initialement publié sur concourspluripro

 

Il l’affirme : “Travailler avec son meilleur ami offre des conditions d’exercice bien plus agréables !” David Refahi, médecin généraliste de 34 ans, a initié et porté le projet de maison de santé de Saulxures-lès-Nancy. Il a ensuite été rejoint par plusieurs professionnels de santé, dont deux de ses amis médecins généralistes. “Nous nous entendons très bien et nous nous faisons entièrement confiance. On peut se retrouver pour discuter ou se détendre entre deux rendez-vous, on peut déjeuner ensemble le midi et ainsi renforcer les liens ou échanger sur nos patients. Franchement, il y a pire !”

“Je préfère travailler dans une ambiance amicale et familiale plutôt que tout seul dans un cabinet, c’est quand même plus sympa.” Début janvier 2024, la maison de santé rue de Tomblaine de Saulxures-lès-Nancy a été inaugurée avec une équipe constituée d’une quinzaine de professionnels (médecins généralistes, infirmières, kinésithérapeutes, dentiste, orthophoniste, sage-femme, ostéopathe, psychologue). “J’ai repris la patientèle d’un médecin en janvier 2020, quelques mois avant l’épidémie de Covid, révèle David Refahi, contacté par Concours pluripro. Il y avait un projet de santé dans les tuyaux depuis une dizaine d’années. La commune avait sollicité un promoteur immobilier pour y installer plusieurs professionnels dont des médecins… Mais le problème, c’est qu’il n’y en avait pas sur le territoire !” De plus, à la sortie de la pandémie, le promoteur en question a fait faux bond. David Refahi se saisit alors du projet et décide de faire construire une maison de santé et d’établir un projet de santé. Une aubaine pour cette ville de 4.200 habitants, car sans cette idée et l’arrivée des médecins, elle n’en compterait aucun…

 

 

“Naïvement, je me suis dit que cela n’était pas compliqué, qu’il suffisait d’acheter le terrain, de prendre un architecte et de construire, confie-t-il. Trois ans plus tard, cela s’est avéré bien plus compliqué que cela…” La maison de santé a quasiment été entièrement financée sur les fonds propres des sept propriétaires associés. “Il s’agit d’un projet privé. C’est nous qui le finançons, même si nous avons de l’aide de la Région et de la métropole du Grand Nancy. L’ARS, au travers du fond FIR, a également apporté son aide. Comme il s’agit d’un projet privé, la commune n’a en revanche pas le droit d’apporter son financement.”

Ce qui l’a poussé à se lancer ? Tout simplement le fait que David Refahi et ses amis “ne se voyaient pas faire trente-cinq ans tout seul dans un cabinet. Lorsque je me suis installé, il y avait un autre médecin mais qui était en fin de carrière”, explique-t-il. David Refahi demande alors à son meilleur ami, le Dr Charles-Henry Pierre, de s’installer avec lui en janvier 2022, car il avait la possibilité de créer un second cabinet. Les conditions d’exercice étaient bien plus agréables. Je travaillais avec mon meilleur ami, on pouvait boire un café ou échanger entre deux patients. Travailler de manière coordonnée dans une maison de santé n’a rien à voir ! Les journées sont moins longues, moins lourdes à porter.”

Avec six autres professionnels, il achète alors un terrain laissé vacant et fait construire un bâtiment, rue de Tomblaine. David Refahi embarque aussi dans ce projet son petit frère et sa femme. Par la suite, d’autres professionnels, locataires et /ou collaborateurs, rejoignent l’aventure au fil de l’avancée du projet. “Aujourd’hui, nous travaillons de manière optimale et façon coordonnée. C’est parfait pour nous mais aussi pour les patients. Nous avons tous moins de 38 ans… sauf les infirmières”, lance-t-il avec humour. “Nous sommes jeunes, nous sommes motivés mais ce n’est pas évident de gérer un projet comme ça”, insiste-t-il.

 

Etre bien accroché

Pour construire cette maison de santé, les compagnons de route ont cumulé les anicroches. Si le projet poursuit toujours son cours, et s’il en plaisante aujourd’hui, le jeune généraliste estime “qu’il faudrait un référent pour aider les professionnels de santé sur l’administratif afin de coordonner la construction et les aides. Moi, je l’ai fait tout seul mais cela demande du temps et c’est épuisant ! Pour monter soi-même un projet comme celui-là, il faut beaucoup de courage. Tout n’est pas tout rose. Il faut être très motivé mais surtout, bien conseillé et accompagné. Si nous ne sommes pas un minimum rigoureux, on coule.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Lucile Perreau

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