Alors que le dépistage précoce du cancer du sein est essentiel, le département des Côtes d’Armor fait face à un déficit de moyens pour le mettre en œuvre. Il faut attendre 1 an avant d’obtenir un rendez-vous pour une mammographie. Une situation que dénonce la Dre Cynthia Garignon, qui exerce à Saint-Brieuc.

 

Quand le rose tourne au rouge. Dans un courrier à la rédaction de Ouest-France, la Dre Cynthia Garignon, médecin à l’hôpital Yves-le-Foll à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), ne mâche pas ses mots : pour elle, le mois d’octobre, mois dédié à la prévention du cancer du sein, est “le mois rose de la honte”.

Non pas pour son objet, bien au contraire, rappelle-t-elle : “Nous sommes tous convaincus de l’importance du dépistage précoce pour une pathologie qui touche chaque année plus de 61 000 femmes, dont 12 000 décéderont”, et “nous savons que, plus le diagnostic est anticipé, meilleur est le taux de survie à 5 ans”.

Mais ce qui l’indigne, c’est le manque de moyens pour réaliser ce dépistage dans les Côtes-d’Armor : “Dans notre département où 560 femmes sont concernées par ce cancer, lorsqu’une femme sensibilisée par la campagne veut obtenir un rendez-vous pour une mammographie au centre hospitalier de Saint-Brieuc, on lui répondra qu’il n’est pas possible de lui en fournir un dans un délai d’un an”, écrit-elle.

 

Un accès aux spécialistes réservé aux grandes agglos ?

La raison, poursuit-elle : “Seule une radiologue est formée à ce dépistage du cancer du sein.” Elle souligne que la plupart des radiologues “s’installent dans les cliniques privées des grandes agglomérations, avec un niveau de rémunération deux fois supérieur à celui des radiologues hospitaliers, pour une activité uniquement le jour sans garde de nuit ni de week-end”. À Saint-Brieuc, secteur public et privé confondus -, “tous les rendez-vous sont pleins sur une année entière”.

 

 

“Pouvons-nous continuer à accepter que l’accès aux spécialistes ne devienne possible que dans les grandes métropoles ?”, interroge la médecin. Alors que les chirurgiens-dentistes ont signé avec l’Assurance maladie un accord interdisant l’installation dans des zones suffisamment dotées (seuls les départs à la retraite peuvent être remplacés), elle questionne : “Pourquoi ce qui est possible avec les chirurgiens-dentistes ne serait pas possible chez les médecins en France ?”

Si elle concède que “nous ne pouvons pas maintenir toutes les activités, notamment les plus techniques, partout, nous devons tous pouvoir accéder en tout point du territoire aux programmes de dépistage (…)”.

 

[Avec Ouest-France]

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Pauline Machard

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