Encore une belle histoire que ces Universités de la CSMF, riches denses sincères et entières. Ces Universités nous ont une fois de plus permis de nous rencontrer et d’échanger, de découvrir des modes d’exercice et des organisations professionnelles, des outils et des services grâce à nos partenaires. Nous avons pu écouter et échanger avec des intervenants de grande qualité pour aborder ce sujet d’actualité brulant qu’est la financiarisation de la santé.
Sujet aride et technique, pour nous médecins de terrains, de ville, de campagne, qui exerçons seuls ou à plusieurs, en cabinet ou en établissement, ce métier de médecin pour lequel nous avons été formés, sans avoir eu la formation technique concernant nos modes d’exercice, apprise sur le tas pour la plupart d’entre nous.
Mais sujet important, crucial, lorsque l’on nous dit que nous n’aurons rien, ou pas grand-chose. Notre ministre de la Santé, M. Aurélien Rousseau, le Directeur Général de l’Assurance Maladie M. Thomas Fatôme, la Directrice déléguée de l’Assurance Maladie, Mme Marguerite Cazeneuve nous ont, cette fois-ci, encore fait l’honneur d’accepter notre invitation. Les échanges ont été ardus, mais sincères et sans fard finalement, et nous avons entendu le positif : le médecin au centre, profession particulière, les syndicats partenaires pour la réouverture de nouvelles négociations. Mais si le diagnostic peut être partagé, le remède n’est pas le même : là où nous demandons des moyens, on nous répond, faites d’abord des économies.
Non M. le ministre, choisir entre psychiatrie ou chirurgie plastique ne se résume pas à choisir la spécialité qui va rapporter le plus, ce n’est pas « juste » une question d’argent ou même de pénibilité. Non M. Fatôme, soigner une angine ne se résume pas à faire un TROD ou pas, un patient n’est pas « juste » un ensemble de symptômes que l’on peut soumettre à arbre décisionnel.
Non, ou plutôt si, Mme Cazeneuve, les choix politiques pris ces dernières décennies ont abouti à un désengagement progressif de l’effort collectif pour la santé, et par contre là oui, si, financer la santé est « juste » une décision politique de mettre plus d’argent sur la table. Nous, médecins libéraux, de famille, spécialités cliniques ou techniques, « juste » engagés au quotidien auprès de nos patients réclamons ces moyens qui nous permettront de faire face à nos responsabilités de soignants, nous vous demandons de répondre à vos responsabilités d’administrateurs en ne prenant pas comme seule variable d’ajustement des chiffres de dépenses, mais bien ce que peut « rapporter » la pertinence.
Car la santé a un coût, plus que financier, humain également et il vous incombe d’en tenir compte. La demande de la CSMF est simple, elle est « juste » : la revalorisation de l’acte de base à 30 euros ; les consultations longues des patients compliqués à 60 euros, revalorisation de la prise en charge à domicile, l’augmentation des forfaits patientèle Médecin Traitant, défiscalisés en zone déficitaire, des forfaits file active, l’augmentation du point travail pour les actes techniques, l’OPTAM pour tous avec un lissage des taux au niveau national….
Alors, allons-nous continuer à jouer à « c’est toi le méchant » encore longtemps ? N’est-il pas plus que temps de se mettre autour de la table des négociations et d’œuvrer pour que le contrat social perdure ?
N’est-il pas plus que temps de donner des garanties aux entreprises libérales de se renouveler et de s’agrandir permettant ainsi plus de prise en charge de patients dans des conditions correctes ?
Doit-on vraiment en arriver à faire grève pour obtenir ce que l’on demande ?
Si le rapport de force n’est que ce qui marche dans ce pays alors oui.
Conclusion : médecin de famille et de proximité inséré dans ma communauté de soignants, mes patients et les autres vont m’en vouloir, mais je n’ai pas le choix et j’en ai mal au ventre d’avance : pour continuer à faire pression et obtenir plus de moyen pour soigner ma patientèle, en prendre plus en charge, motiver mes jeunes internes à choisir un mode d’exercice équivalent au mien, libéral et social, à partir du 13 octobre prochain, je serai en grève.
Dr Nadia SIMON, Vice-Présidente Les Généralistes-CSMF, déléguée à l’exercice coordonné
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