Des traces de la bactérie E.coli trouvées dans une momie italienne du 16ème siècle

Une équipe internationale de chercheurs canadiens, italiens et français est parvenue à reconstituer le premier génome ancien d’E.coli à l’aide de fragments extraits d’un calcul biliaire d’une momie italienne du 16ème siècle.

C’est une grande découverte que vient de faire une équipe de chercheurs canadiens, italiens et français. Alors qu’il “n’existait jusqu’à présent aucune preuve physique de son existence avant le 16e siècle”, ces experts ont trouvé des traces de la bactérie dans une momie italienne du 16e siècle, et sont parvenus à reconstituer le premier génome ancien de la bactérie à l’aide de fragments extraits d’un calcul biliaire de cette momie, indique l’Université Paris Cité dans un communiqué diffusé le 17 juin, au lendemain de la publication de l’étude dans la revue Nature.

Par ailleurs, “contrairement aux pandémies bien documentées dues à des pathogènes obligatoires telles que la peste noire, qui a duré des siècles et tué jusqu’à 200 millions de personnes dans le monde, il n’existe aucune trace historique de décès causés par des pathogènes opportunistes tels que E. coli, bien que leur impact sur la santé humaine et la mortalité ait probablement été énorme”, ajoute Paris Cité.

L’histoire de cette découverte remonte à 1983 lorsque des archéologues italiens de l’université de Pise mettent au jour les restes momifiés de nobles italiens retrouvés dans l’abbaye de Saint Domenico Maggiore à Naples. Un examen paléopathologique et histologique est réalisé sur l’un d’eux, un noble napolitain mort à l’âge de 48 ans, en 1586. Il révèle la présence de calculs biliaires intacts, laissant penser que l’homme était atteint de cholécystite chronique.

Dans ces calculs vieux de 5 siècles, le Pr Hendrik Poinar, généticien évolutionniste, directeur de l’Ancient DNA Centre de l’Université McMaster et chercheur principal au Michael G. DeGroote Institute for Infectious Disease Research de l’université, découvre la présence de la bactérie E. coli. Entre en scène le Pr Erick Denamur (PU-PH Université Paris Cité), spécialiste de la génétique des populations d’E. coli. Ce dernier intègre l’équipe internationale qui s’est constituée afin de reconstituer et analyser le premier génome ancien de la bactérie. Mission réussie.

“C’était tellement émouvant de typer cet ancien E. coli et de découvrir qu’il était presque unique mais qu’il s’inscrivait dans une lignée phylogénétique caractéristique des commensaux humains qui causent aujourd’hui des cholécystites”, s’est réjoui le Pr Denamur. Paris Cité souligne en effet la prouesse technologique réalisée par l’équipe. Car “E. coli ubiquitaire vit non seulement dans le sol mais aussi dans nos propres microbiomes. Les chercheurs ont dû isoler méticuleusement des fragments de la bactérie cible, qui avaient été dégradés par une contamination environnementale provenant de nombreuses sources”.

L’université ajoute néanmoins que la façon dont E.coli a évolué, “avec acquisition de nouveaux gènes isolés ou groupés sur des plasmides lui conférant résistance aux antibiotiques et pathogénicité, reste à élucider”. Mais elle se veut optimiste à la lumière de cette reconstitution de génome. “Cette plongée dans le passé pourrait aussi aider à prédire ses évolutions futures en termes de virulence et de résistance et peut être aussi celles d’autres pathogènes opportunistes.”

[Avec A 16th century Escherichia coli draft genome associated with an opportunistic bile infection, George S. Long, Jennifer Klunk, and al. Nature, 16 juin 2022.]

Source :
www.egora.fr
Auteur : Louise Claereboudt

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Un tatouage découvert sur une momie vieille de 1 300 ans

Un tatouage du prénom d’un homme a été découvert sur l’intérieur de la cuisse d’une momie vieille de 1300 ans. C’est l’étonnant constat qu’ont fait des égyptologues du British Museum en examinant le corps momifié d’une femme soudanaise, qui serait morte autour de 700 après JC rapporte le Huffington Post.

Le dessin, tatoué à l’intérieur de sa jambe droite, se compose des caractères de grec ancien formant le mot Mixaha, traduisible par Michael. Ce tatouage serait en fait une représentation de l’archange Michel, saint patron du Soudan médiéval. Un symbole de protection pour sa propriétaire, dont l’âge a été estimé entre 20 et 35 ans.

“C’est la toute première preuve d’un tatouage de cette époque, c’est une découverte très rare”, a expliqué Daniel Antoine, commissaire de l’exposition du British Museum intitulée Ancient Lives: New Discoveries. Celle-ci dévoilera au public cette momie ainsi que sept autres à partir du 22 mai, et démontre entre autres que les Égyptiens dans l’Antiquité souffraient de problèmes de santé assez similaires aux nôtres (cholestérol, maux de dents…).

[Avec huffingtonpost.fr]

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Bonin

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Du cholestérol chez des momies vieilles de 4 000 ans

Des chercheurs se sont aperçus en analysant les artères d’une centaine de momies qu’elles aussi étaient sujettes au cholestérol, ce qui laisse penser que les maladies cardio-vasculaires ne sont pas si inhérentes à l’hygiène de vie et à l’alimentation moderne. Ils ont publié leurs résultats dans le journal scientifique The Lancet.

Les scientifiques ont passé au scanner 137 momies pour certaines vieilles de 4000 ans, dont 76 égyptiennes, 51 incas, dix indiennes d’Amérique ou des îles aléoutiennes en Alaska, couvrant une période de 40 siècles.

Dépôt de graisse

Ils se sont aperçus que la plupart présentaient des signes “certains ou probables” d’arthérosclérose, autrement dit de cholestérol, avec des artères obstruées par un dépôt de graisse. Un tiers des hommes en étaient atteints. Les momies les plus âgées étaient aussi celles qui étaient le plus atteintes par cette pathologie, principalement responsable des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.

“Il est surprenant de voir que l’athérosclérose est aussi fréquente dans ces anciennes cultures à travers le globe sur une période de temps aussi étendue, parmi des personnes très différentes génétiquement et avec des régimes alimentaires aussi variés”, s’est étonné le Dr Randall Thompson, de l’Institut du coeur de Kansas City (Missouri), principal auteur de l’étude, qui a été présentée à la conférence annuelle de l’American College of Cardiology réunie à San Francisco (Californie, ouest) et a été publiée dans la revue britannique The Lancet.

Vieillissement

Le mode de vie moderne et occidental – tabagisme, alimentation, sédentarité – ne serait donc pas si coupable que cela de l’apparition du cholestérol. “Nous exagérons peut-être la possibilité de prévenir ou d’inverser les maladies cardiovasculaires avec seulement un régime alimentaire”, a souligne le Dr Thompson.“Cette maladie, attribuée au mode de vie et au régime alimentaire de la vie moderne, serait en fait liée au vieillissement”.

“Il ne s’agit pas uniquement d’une maladie liée au mode de vie mais une caractéristique du vieillissement dans toutes les populations humaines”, juge également le Dr Caleb Finch, professeur de gérontologie à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles, un des co-auteurs de cette recherche. Même l’homme de Otzi, mort il y a 5 000 ans et retrouvé bien préservé dans un glacier des Alpes italiennes en 1991, avait les carotides calcifiées.

Une recherche précédente menée par le Dr Thompson, publiée en 2011, avait révélé que de nombreuses momies égyptiennes souffraient d’athérosclérose. Les chercheurs s’étaient alors demandés si cela n’était pas lié au fait que l’élite dans l’Egypte ancienne avait une alimentation riche en graisse.

Cultivateurs de maïs

Pour étayer cette thèse, ils ont décidé d’étendre leur recherche à d’autres cultures et d’autres époques. Outre des momies égyptiennes de 4 000 ans, ils ont examiné des corps momifiés de cultivateurs de maïs du Pérou, dont l’âge varie de 2 600 à 600 ans, ainsi que d’agriculteurs amérindiens du plateau du Colorado et des chasseurs unangan des îles Aléoutienne, qui ont vécu entre 1750 et 1900.

Ces scientifiques ont découvert des signes d’athérosclérose chez 39% des momies égyptiennes, 26% des péruviennes, 40% des Amérindiens du Colorado et 60% des Unangans. “Il est évident que cette pathologie était fréquente chez les peuples anciens”, conclut le Dr Thompson.

L’âge moyen au moment du décès des momies examinées dans l’étude était de 36 ans. Mais celles qui souffraient d’athérosclérose étaient plus âgées au moment de leur mort, avec un âge moyen de 43 ans.

30% de mortalité mondiale

L’espérance de vie moyenne dans les temps anciens était d’environ 40 ans, ce qui conforte l’hypothèse selon laquelle l’athérosclérose serait bien inhérente au vieillissement, fait valoir le Dr Thompson. Ce qui n’empêche pas, insiste-t-il, d’agir sur les facteurs contrôlables comme l’alimentation, le sport, le tabagisme, le cholestérol et la tension artérielle.

En France, on estime que près d’un adulte sur 3 souffre d’une hypercholestérolémie, plus fréquemment présente dans le Nord Est que dans le Sud Ouest. Les hommes ont en moyenne plus de cholestérol que les femmes, et le taux moyen de cholestérol dans la population française est de 2,3 g/l.

L’athérosclérose est à l’origine de la majorité des maladies cardio-vasculaires, qui sont la première cause de mortalité et de morbidité grave dans les pays développés. Avec au moins 15 millions de décès annuels, elles sont responsables de 30 % de mortalité mondiale. Elles tuent chaque année 960 000 personnes aux Etats-Unis et plus de 170 000 en France.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : M.D.

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