Plusieurs médecins sur Twitter ont dénoncé la possibilité de prendre rendez-vous sur Doctolib avec des adeptes de thérapies non conventionnelles. Certaines, comme l’iridologie ou le reiki, sont dans le collimateur de la mission de lutte contre les dérives sectaires.
L’alerte a été lancée la semaine dernière par un médecin réanimateur sur Twitter. “Bonjour @doctolib. Je découvre en tapant par hasard que vous proposez des consultations… de naturopathie. C’est comme si Blablacar avait ouvert une rubrique Emile Louis. Vous voulez exterminer les gens? Vous vous rendez compte que votre sceau les valide?”
Dans la foulée, de nombreux médecins mobilisés contre les “fake med” ont dénoncé la présence d’adeptes de thérapies non conventionnelles désormais bien connues telles que la naturopathie, la sophrologie ou l’hypnose, mais aussi de pratiques plus marginales, régulièrement épinglées par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) : l’iridologie (diagnostic de l’iris), le reiki (guérison par apposition des mains), la kinésiologie (identification des blocages du corps puis autoguérison), ou encore le décodage biologique (identification des conflits enfouis dans l’histoire familiale du patient)…
C’est pas pour dire mais sur @doctolib on peut trouver quelqu’un qui se présente comme une neurologue brésilienne capable de soigner le parkinson en te caressant les oreilles.
Par contre faut payer en espèces. pic.twitter.com/ZWpR9VoeQ5
— Qffwffq (@qffwffq) August 21, 2022
Vous voulez consulter un médium qui communique avec les défunts ?
Prenez rendez-vous sur @doctolib . pic.twitter.com/s52aO2sIAs— Antoine Daoust (@TonioDaoust) August 21, 2022
Certains de ces thérapeutes revendiquent avoir suivi la formation en “hygiénisme” du très controversé Thierry Casasnovas, antivax notoire, ou encore d’Irène Grosjean, célèbre naturopathe, dont les méthodes sont particulièrement décriées. Pour les lanceurs d’alerte, le “bain de siège à friction” qu’elle préconise en cas de fièvre chez les nourrissons n’est ni plus ni moins qu’une agression sexuelle sur mineurs.
[Capture d’une fiche de présentation d’une naturopathe sur Doctolib]
Accusée d’entretenir “une confusion” potentiellement délétère entre professionnels de santé et charlatans, la plateforme de prise de rendez-vous a répondu dimanche 21 août à ses détracteurs dans un thread dédié… “97% des praticiens utilisateurs de Doctolib sont référencés auprès du ministère de la Santé”, précise ainsi la société.
Nous tenons à répondre aux interrogations soulevées par certains d’entre vous sur Twitter. Thread 1/11
— Doctolib (@doctolib) August 21, 2022
Il s’agit de professions de santé réglementées mais aussi de professions “à usage de titre”, qui disposent d’un numéro Adeli : ostéopathes, chiropracteurs, psychologues et psychothérapeutes. Les 3% de praticiens restant, qui “exercent dans le domaine du bien-être et du médico-social”, sont essentiellement constitués de naturopathes, de psychanalystes, de sophrologues et d’hypnothérapeutes, précise la plateforme à Egora. “L’information sur le profil de ces praticiens est claire : il est mentionné plusieurs fois ‘Ce praticien exerce une profession non réglementée’ puis ‘Leur diplôme n’est pas reconnu par l’Etat'”, défend Doctolib sur Twitter.
Les rendez-vous pris avec ces pseudo-thérapeutes constituent 0.3% des rendez-vous pris sur la plateforme. “Il est impossible pour un patient de prendre un rdv sur Doctolib chez un praticien non référencé par le ministère de la Santé sans avoir expressément cherché à le faire, insiste la plateforme. Concrètement, ces praticiens ne sont proposés qu’aux patients qui ont entré dans la barre de recherche de Doctolib le nom de cette pratique ou le nom d’un praticien.”
Merci d’arreter de nous prendre pour des cons.
Nous avons discuté à ce sujet avec @stanniox .
Vous vous appelez « doctolib » et le « docto » (docteur) donne un titre que ces professions n’ont pas!
Vous entretenez une confusion, et vous le faite sciemment.— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) August 19, 2022
Interpellé sur sa procédure de vérification à l’inscription, Doctolib indique à Egora disposer d’une “équipe chargée de vérifier l’identité du praticien et du fait qu’il dispose du droit d’exercice de sa pratique”. A posteriori, la société a également “une équipe chargée de la vérification des fiches de présentation des praticiens”. Problème : ces derniers peuvent les “modifier à tout moment”. “Nous faisons notre possible pour corriger toutes éventuelles inexactitudes ou publicités mensongères, pour lutter contre toutes pratiques illégales de manière proactive ou lorsque nous sommes alertés par des patients ou les autorités compétentes”, assure Doctolib, qui indique qu’elle examinera tous les signalements sur Twitter. Dans la journée de lundi, la plateforme a d’ores et déjà annoncé avoir suspendu la prise de rendez-vous sur les profils de naturopathes revendiquant les méthodes d’Irène Grosjean, “afin d’effectuer des vérifications”.
Loin de se satisfaire de ces réponses, plusieurs médecins réclament la fermeture pur et simple de l’accès à la plateforme à toutes les thérapies non conventionnelles.
Source :
www.egora.fr
Auteur : Aveline Marques
Rubrique “Covid” sur Egora
Rubrique “Vaccination” sur Egora
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