Suite à la mise en examen d’un médecin généraliste pour avoir administré du midazolam à des patients en fin de vie, le Fédération des médecins de France lance aujourd’hui pour le soutenir un manifeste de 343 médecins.

 

Poursuivi pour avoir administré du midazolam, un médecin généraliste normand (Fécamp), exerçant depuis plus de trente ans, a été mis en examen mi-octobre pour “administration de substance nuisible ayant entraîné la mort”.  Pour les besoins de l’enquête, les corps de sept anciens patients ont été exhumés et la présence du sédatif a été décelée chez cinq d’entre eux. Le produit lui était fourni par son épouse, anesthésiste dans une clinique.

L’affaire, dévoilée début novembre, a provoqué de vives réactions. Au point que le président de la Fédération des médecins de France (FMF), Jean-Paul Hamon, a décidé de lancer un manifeste de 343 médecins en soutien à ce généraliste, comme le révélait Egora dès lundi 30 décembre

Un manifeste que nous vous livrons aujourd’hui en exclusivité, avec la possibilité de le signer en suivant le lien à la fin de cet article.

 

Par Jean-Paul Hamon et Claude Bronner, de la Fédération des médecins de France :

 

Rappel des faits

“Jean Méheut est un médecin généraliste de 65 ans installé à Angerville-La-Martel en Seine Maritime, dans une zone rurale. Fin novembre 2019, le procureur de la République a soudain décidé de suspendre son exercice médical pour une affaire en cours qui a débuté fin 2017 ! Il a été signalé la présence d’ampoules de Midazolam au chevet de patient, pour lesquels le Dr Meheut n’a jamais contesté en avoir fait usage. Le procureur a fait exhumer les cadavres de patients pour lesquels personne n’avait porté plainte pour trouver du Midazolam chez certains. Le Dr Meheut, rompu aux soins palliatifs depuis très longtemps, titulaire du DIU et d’un impressionnant parcours de formation continue dans le domaine, est accusé d’avoir utilisé du Midazolam hors cadre autorisé. Pour rappel, l’utilisation du Midazolam est réservé à l’usage hospitalier, y compris hors hôpital (service mobile d’urgence ou hospitalisation à domicile), mais ne peut être utilisé par un médecin généraliste. Pourtant les situations de maintien à domicile de patients qui nécessiteraient l’aide du Midazolam sont fréquentes et son usage est d’ailleurs répandu dans ces conditions. Mais à condition de passer par une structure d’HAD, dont la disponibilité sur tout le territoire et pour tous les patients, et dans de bonnes conditions de prise en charge, est loin d’être la règle. Certaines règles de limitation de traitements à des spécialités ou des organisations de soins spécifiques sont contreproductives pour la bonne prise en charge des patients et doivent être revues rapidement. Elles n’ont rien à voir avec des conditions d’utilisation spécifiques qui peuvent être tout à fait justifiées, mais ne doivent pas éliminer d’emblée le médecin généraliste.

Cette affaire montre la nécessité de la mise à plat du sujet pour la qualité des soins au-delà des intérêts catégoriels et structurels limitant à des spécialités ou des structures ce qu’un généraliste peut réaliser pour le plus grand confort de ses patients. Elle montre aussi à quel point l’interdiction d’exercice hors de tout contexte d’urgence est facile et peut amener une sanction économique sans commune mesure avec les faits, bien avant tout jugement.”

 

Le manifeste

La pétition à laquelle nous appelons a pour objectif :

– de soutenir moralement le Dr Meheut Jean qui est victime d’une sanction sans commune mesure avec ce qui lui est reproché ;
– de souligner à quel point ce type de sanction est contradictoire avec les objectifs d’accès aux soins pour les patients ;
– de demander sans délai la renégociation des conditions de prescription de certains traitements interdits aux généralistes ;
– de marquer la solidarité professionnelle avec le Dr Meheut de la part de tous ceux qui ont déjà été amenés dans le passé à privilégier le patient à la réglementation ;
– d’annuler les effets catastrophiques d’une interdiction d’exercer en apportant un soutien financier au Dr Meheut.
– la mise en place du soutien financier (modalités pratiques et suivi pour les médecins solidaires) demande un peu de temps. Merci de manifester votre volonté de participation, vous serez recontacté rapidement par un mail.

 

JE SIGNE LE MANIFESTE

 

LES PREMIERS SIGNATAIRES

1. Claude Bronner (67) – Médecine générale
2. Jean Paul Hamon (92) – Médecine générale
3. Jean Margaritora (06) – Médecine générale
4. Auguste Trinkl (91) – Médecine générale
5. Philippe Mauboussin (27) – Médecine générale
6. Colette Charrier (33) – Médecine générale
7. Marie Behra (90) – Médecine générale
8. Stéphanie Liu (67) – Médecine générale
9. Guy Barberet (90) – Médecine générale
10. Pascal Charbonnel (91) – Médecine générale
11. Dominique Monchicourt (75) – Médecine générale
12. Jean Marc Laruelle (34) – Médecine générale
13. François Le Hetet (35) – Médecine générale
14. Didier Levagueres (91) – Médecine générale
15. Marc Barthez (73) – Oto-rhino-laryngologie
16. Benedicte Delmas Guillois (77) – Médecine générale
17. Nicole Bornsztein (91) – Médecine générale
18. Fabien Foesser (67) – Médecine générale
19. Pierre Nevians (62) – Médecine générale
20. Raymond Attuil (67) – Médecine générale
21. Françoise Coux (13) – Gynécologue médical et obstétrique
22. Paul Henri Bolla (91) – Oto-rhino-laryngologie
23. Benoit Feger (29) – Oto-rhino-laryngologie
24. Catherine Zanuttini-Vogts (84) – Médecine générale
25. Sophie Gelbard (91) – Médecine générale
26. Bernard Elghozli (94) – Médecine générale
27. Jack Rouiller (35) – Médecine générale
28. Stephane Pertuet (76) – Médecine générale
29. Serge Ericher (27) – Médecine générale
30. Philippe Trehou (02) – Médecine générale
31. Michael Finaud (13) – Médecine interne
32. Philippe Barthe (51) – Médecine générale
​33. Alain Lafeuillade (83) – Médecine interne
34. Julien Petit (74) – Autre
35. Sophie Gelbard (91) – Médecine générale

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Marion Jort et Karen Ramsay

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