EDITO
Avenant assistants médicaux et convention CPTS : Oui ou Non ?

La présentation de ces deux textes conventionnels qui sont soumis à l’approbation des syndicats de médecins libéraux ne provoquent pas une vague d’euphorie auprès des médecins généralistes libéraux. Parfois même, ils font l’objet d’une franche opposition.

Comment ne pas le comprendre tant l’attente de ces médecins est grande, aussi bien pour revaloriser leur travail et tenir compte du contenu de leurs consultations de plus en plus complexes, que pour se voir enfin donner les moyens de mieux répondre aux demandes de soins de la population sans détériorer leurs conditions d’exercice.

Les médecins généralistes libéraux espéraient sortir du marasme qui a atteint notre profession au fil des années. Le découragement finit par atteindre ceux qui, depuis des années, tentent de ne pas laisser de français sans médecin traitant, mais au prix d’une importante dégradation de leurs conditions de vie.

D’emblée, il faut se rappeler que ces deux textes conventionnels n’ont jamais eu pour objectif de revaloriser les médecins, ce qui sera l’objet de la future convention médicale en 2021. Ils existent car ils sont la réponse de ce gouvernement à la préoccupation de plus en plus prégnante d’une partie de la population et de leurs élus qui n’acceptent pas de voir se dégrader l’accès aux soins.

Oui, ces textes sont complexes.

Oui, l’aide à l’embauche d’un assistant médical ne concernera pas tous les médecins généralistes et c’est en quoi il s’agit d’une erreur historique que d’en exclure, de fait, les médecins avec une activité moyenne en leur fixant des objectifs trop ambitieux. Beaucoup de ces médecins sont des jeunes médecins et la prochaine convention médicale devra prioritairement corriger cette erreur.

Pour autant, n’y a-t-il rien de bon dans ces textes qui ne concerneront en fait que les médecins volontaires car il n’y a aucune obligation à embaucher un assistant médical ou à adhérer à une CPTS ?

Bénéficier pendant cinq années renouvelables d’une aide pérenne à l’embauche d’un assistant médical n’est-elle pas une avancée ? Certains médecins se verront même verser tous les ans la totalité du salaire et des charges de cet assistant.

Avoir la possibilité de financer des organisations permettant la prise en charge des soins non programmés au sein des CPTS n’est-elle pas une avancée ?

Les parlementaires font d’autres propositions pour résoudre le problème de l’accès aux soins. Les sénateurs s’en prennent à la formation des futurs médecins en proposant une « sous-médecine » dans les zones « sous-denses ». Les députés, quant à eux, vont beaucoup plus loin puisqu’ils proposent ni plus ni moins que le démantèlement du métier de médecin traitant en le confiant, pour partie, à d’autres professions de santé, pharmaciens ou infirmiers.

Chacun aura compris que toutes ces propositions, qu’elles viennent du gouvernement ou des parlementaires concernent avant tout les médecins généralistes. C’est à eux que s’attaquent les parlementaires et à eux seuls.

Chaque médecin généraliste libéral doit comprendre que l’accès aux soins est devenu une telle priorité en France, que l’on ne pourra pas s’opposer en même temps aux propositions du gouvernement et à celles des parlementaires.

J’appelle donc les médecins généralistes des Généralistes-CSMF à se prononcer en faveur de l’avenant sur les assistants médicaux et de la convention sur les CPTS, sans se préoccuper de ce que feront les autres syndicats. Nos patients ne comprendraient pas une opposition de notre part et ne nous le pardonneraient pas. Ces textes, sans être la panacée, restent une avancée pour notre spécialité médicale et sont un rempart pour que nous restions les chefs d’orchestre du parcours de santé de nos patients.

Dr Luc DUQUESNEL
Président « Les Généralistes-CSMF »