La tribune des 124 médecins contre les médecines alternatives aura au moins eu le mérite de créer le débat. Et vous y avez largement contribué sur Egora. Formation des praticiens, fondements scientifiques, remboursement de ces pratiques… La série d’articles que nous avons publiée pour faire le point sur ces disciplines vous a fait abondement réagir.

 

En mars dernier, 124 médecins signaient une tribune contre les médecines alternatives. Dans un contexte de défiance vis-à-vis des sciences, ils alertaient sur les risques encourus par les patients qui se détournent de la médecine conventionnelle. La publication de leur texte a suscité de vifs débats entre médecins, patients, adeptes ou critiques… Obligeant même Agnès Buzyn a se positionner.

Pour éclairer les discussions, Egora a choisi de faire une mise au point sur les fondements quatre médecines alternatives et complémentaires” officiellement reconnues par de Conseil national de l’Ordre : l’ostéopathie, l’homéopathie, l’acupuncture et la mésothérapie.

 

Vos réactions :

“Les résultats sur les douleurs ont été inespérés”

Caducee31 l

J’ai pratiqué la mésothérapie dès les années 80 et après une formation théorique et stage pratique à Paris, sous l’égide de la SFM (Société Française de Mésothérapie) qui délivrait les diplômes. Je suis ensuite devenu maître de stage et conférencier dans la région toulousaine au sein du CERM (Cercle d’Etude et de Recherche en Mésothérapie) et j’ai pu ainsi participer à la formation de confrères qui désiraient pratiquer cette technique qui était mal perçue par beaucoup qui nous considéraient comme de véritables charlatans et naturellement pas reconnue par le Conseil de l’Ordre.

Pourquoi avoir pratiqué cette médecine ? Un de mes premiers patients présentait une maladie de Kahler avec localisations costales hyperalgiques et aucun traitement de l’époque (1980-1982) ne semblait le soulager hormis les morphiniques qui avaient des effets secondaires assez inconfortables et dont la pharmacopée était limitée. Heureusement des progrès ont été accomplis depuis. J’ai donc tenté cette technique à laquelle je n’étais pas formé et en me basant sur les documentations du Dr Pistor en particulier. Les résultats sur les douleurs ont été inespérés et ce brave patient me réclamait ses injections de Procaïne en regard des foyers de fractures. L’effet “anesthésiant” de la Procaïne me paraissait être le principal acteur de cette antalgie qui lui permettait une vie à peu près normale. Mais n’expliquait pas sa durée dans le temps puisque 2 à 3 séances par semaine suffisaient pour obtenir un effet positif et indéniable.

Que dire du traitement des calcifications du sus-épineux si ce n’est que le confrère radiologue qui voyait les clichés avant traitement par Procaïne + Cacitétracémate disodique et 3 mois après et pouvait constater soit la disparition totale des calcifications soit leur nette diminution en taille et en densité et la disparition constante après une 2ème séance objectivée sur des clichés 6 mois après le début du traitement ? Au point que c’est lui-même qui a fait la démarche de me contacter pour s’informer du traitement administré et qui a insisté pour que nous fassions un article à faire paraître dans une revue médicale. Que dire de cette jeune infirmière qui vient me consulter le soir tard avec un lumbago aigu hyperalgique et que j’ai traitée par l’association Procaïne + Neuriplege et qui s’est relevée de ma table d’examen en disant à son mari : “nous pourrons aller danser ce soir chez nos amis”… Puis tous ces patients qui revenaient une fois par an pour traiter leurs sinusites et rhinopharyngites récidivantes et qui me disaient qu’ils n’avaient plus d’épisode infectieux ORL depuis le début des traitements. Les citratrisations d’ulcères variqueux, d’escarres étaient spectaculaires. Je dis étaient car la plupart des produits utilisés ne sont plus commercialisés. Il suffisait de 1ml de Peridil Héparine en mésothérapie pour provoquer un “flush” généralisé par vasodilatation, c’était un produit efficace et dont on pouvait voir l’effet immédiat.

Je passe sur les différentes pathologies rhumatologiques pouvant recourir de la mésothérapie sur lesquelles la meilleure preuve d’efficacité était que les patients eux-mêmes revenaient pour des séances de méso. Quantifier les améliorations fonctionnelles mais aussi radiologiques et biologiques aurait été très positif mais aurait-il fallu de très nombreux cas et avoir des critères précis à évaluer, ce qui à l’échelon individuel, et dans le tumulte des consultations d’un généraliste était difficile à réaliser.

Je préciserai que, personnellement, je n’ai jamais pratiqué de tarif hors convention concernant la mésothérapie, hormis pour certaines consultations à visée esthétique (traitement de la cellulite par exemple dont les résultats sont concluants si on se borne à traiter des cas de  cellulite débutante ou peu importante, le reste étant du ressort de la lipoaspiration).

Je parle au passé pour plusieurs raisons, d’abord parce que je suis retraité et n’exerce plus la mésothérapie mais aussi parce que la plupart des produits utilisés et efficaces ne sont plus commercialisés, ce qui réduit considérablement le champ de cette technique. Cela est bien dommage et doit aussi écarter certaines indications de ces traitements.

Je précise que j’ai utilisé le fameux “Pistormatic”, cet appareil qui permettait plusieurs types d’injection et de doses à administrer mais l’expérience montre que la seule seringue montée d’une aiguille à méso de 4mm 4 10ème peut être maniée avec le maximum d’efficacité.

Voici un autre vécu d’un ancien et parmi les premiers mésothérapeutes que je pourrais encore développer sur de nombreuses pages…

Commentaire publié en réaction à l’article : Mésothérapie : ce qui est prouvé (ou pas)

 

“Il y avait des clients pour l’impuissance”

Petitbobo

Dans les années 70-75, poussé par mon jeune associé, j’ai fait ça moi aussi, formé par le second de Pistor. Et achat d’un Pistormatic, pistolet injectable…

Lors de la formation de 10j à Paris, la mésothérapie (procaïne pour le flush et ains ou vasodilatateurs) était présentée comme efficace pour la patho tendineuse superficielle (épaule surtout) et cellulite culotte de cheval.

Il y avait des clients pour d’autres demandes (plutôt qu’indications) en particulier l’impuissance et les injections étaient locales. Fallait être motivé.

Sincèrement, le formateur était honnête, spectaculaire avec son monocle et ses pompes en or, mais hônnete, il présentait la méso comme une voie d’injection comme une autre (per os, suppo, gouttes etc.) La méso était une voie d’injection sans plus, et on sentait bien qu’il ne réfutait pas l’effet placebo pour les demandes bizarres (gastralgies, impuissance, aucune limitation…).

Pour les épaules, cervicalgies et les capitons ça marchait plutôt…faut croire car il y avait des habitués !

C’était hors ngap, mais…

J’ai arrêté à l’arrivée des années sida, (beaucoup d’acupuncteurs ce sont arrêtés aussi à cette époque)

En 50 ans d’exercice on en fait des trucs !

J’ai quelquefois “changé d’orientation” comme on disait et comme on pouvait à l’époque via les CES certificats d’études spécialisées. Je regrette que ce soit maintenant impossible.

Commentaire publié en réaction à l’article : Mésothérapie : ce qui est prouvé (ou pas)

 

Le fils d’un patient avait consulté un ostéo pour une migraine : il est mort

Aclmo

L’une de mes patients ne se remet pas de la mort de son fils (que je ne connaissais pas) qui avait “consulté” un “ostéo ni-ni” pendant plusieurs semaines pour une “migraine” : c’était une tumeur cérébrale. Bien sûr les erreurs diagnostiques arrivent aussi aux médecins, me rétorquera-t-on, mais les “ostéos ni-ni” n’ont pas le statut de professionnels de santé et n’ont donc ni la capacité ni le droit de faire des diagnostics. J’aurais bien plus confiance en une IDE ou un kiné qui auraient une idée sur un diagnostic ; car ils ne prendraient pas de risques inconsidérés. (Et les théories ostéopathiques me paraissent plus ou moins farfelues)

Commentaire publié en réaction à l’article : Ostéopathie : ce qui est prouvé (ou pas)

 

Les erreurs sont aussi médicales

R1100r

C”est bien beau ces études randomisées, mais l’ostéopathie ne se réduit pas qu’aux manipulations vertébrales. Il y a une réflexion anatomique de cause à effet qui permet de traiter l’origine d’un problème. Je dirais même que la manipulation est rare. Un corps n’est pas fait que d’os, mais aussi de chaire, de fascias, d’organes mais également d’un cerveau conscient et inconscient, d’une âme, un individu quoi avec des émotions …. ce n’est pas si simple et en tout cas il faut arrêter de réduire l’ostéopathie à de simples manipulations.

Après, il y a comme dans toute professions, ostéopathe et ostéopathe … la formation y est pour beaucoup, l’expérience aussi. C’est une belle profession que j’exerce depuis 26 ans après mon diplôme de kiné, on ne réussit pas tout, on ne peut pas tout traiter, il y a des contre-indications, faut-il encore être bien formé et c’est le vrai problème. Kouchner a fait une grosse erreur en incluant les ni-ni dans cette reconnaissance, les écoles ont sorti des “ostéopathes” à foison en leur disant qu’ils pouvaient tout traiter …. Cela a discrédité beaucoup l’ostéopathie malheureusement. Trop tard pour faire le ménage ….

Mais les erreurs sont aussi médicales, un exemple: une femme vient me voir pour une douleur aigue dorsale basse niveau T11T12 à l’examen, après une chute sur les fesses. Elle avait été auparavant examinée par des internes de son service où elle exerce la profession d’aide-soignante. Je la vois, l’examine et lui dit d’aller faire une radio, la douleur me semblait “exquise” , une chute sur les fesses donnant une dorsalgie basse était suspicieuse. ! Elle fait des radios dans son service, les internes lui disent qu’il n’y a rien à la radio…. Elle revient me voir avec ses radios, et je découvre (visibles comme le nez au milieu de la figure )  2 fractures tassement de T11 et T12 (confirmées par une amie radiologue ) …  et évidement je ne la traite pas … Tous les ans j’ai ce genre de situation …

Alors ceux qui sortent ces “études” peuvent tirer à boulet rouge sur l’ostéopathie, mais peut-être peuvent-ils changer leur façon de faire ces dites “études”.

Toutes les médecines ont leurs échecs, alternatives ou pas. C’est juste en fonction de chaque praticien que les résultats divergent. Mais ça, c’est impossible à changer, nous sommes tous différents et donc travaillons tous de manière différente.

L’ostéopathie pour moi c’est la connaissance de l’anatomie, l’anatomie et encore l’anatomie … rien de plus. Quand on sait ce qu’on a sous les mains, on ne triche pas. Il faut juste savoir où on est et ce que l’on fait exactement. Nous ne travaillons pas de façon sidérale et cosmique !!!!

Commentaire publié en réaction à l’article : Ostéopathie : ce qui est prouvé (ou pas)

 

La solution trouvée en Allemagne

RMG

Je pense que la solution qui est celle adoptée en partie par l’Allemagne : la pluralité des caisses de sécurité sociale avec la concurrence comme pour les mutuelles complémentaires

Ceux et celles qui veulent une alternative et l’utiliser avec remboursement doivent choisir la caisse qui garantit ce type de prise en charge, ce qui veut dire moins ou pas de prise en charge pour les traitements classiques.

Ce qui voudrait dire également que les sports privés seraient également du domaine de certaines caisses ou assurances afin que la communauté entière ne supporte pas le poids financier de telles pratiques à risque dirons-nous un peu plus élevé que la moyenne des activités.

Dans un pays où liberté égalité fraternité est la devise, il serait bon de définir quoi mettre sous chaque item ( liberté de pensée, de croyance, de soin????, de culture) égalité ( de justice , de droit) fraternité ( au niveau économie) Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui dans nos pays même dits civilisés …

C’est une réflexion de société qu’il est nécessaire de considérer derrière ces polémiques d’aujourd’hui

La revue de médecine suisse de cette semaine parle de la même problématique concernant la prise en charge de traitements très couteux dans le cas de lupus non répondeurs aux thérapies classiques (40 000 Francs suisses /an)

A vos plumes pour une réflexion plus philosophique et plus “res publica” au sens grec du terme.

Commentaire publié en réaction à l’article : Homéopathie : ce qui est prouvé (ou pas)

 

 

“Faut-il avoir la peau de ces médecines ?”

Petitbobo

Choisissez un SPECIALITE D’AVENIR !

Homéopathe, acupuncteur, ostéopathe, mésothérapeute, thermalisme…

Peut-être pas…ça sent le gaz comme dirait Le Pen.

Faut-il avoir la peau de ces médecines ?

Je crois que c’est un faux problème.

Tant que ces modalités d’exercice étaient accessoires, associées à des soins orthodoxes, c’était parfaitement acceptable et accepté par la grande majorité des médecins.

Les malades y trouvaient une écoute, des mots, une qualité de contact, une calinothérapie qu’ils appréciaient.

Cette diversion était d’une certaine aide pour les médecins classiques eux-mêmes.

Ce goût prégnant actuel pour le magique, l’alternatif, le rebelle, est un effet collatéral d’autre chose…

Je crois que le vrai problème tient à l’hostilité que le public a développé depuis une dizaine d’années à l’égard des sciences, dont la chimie et la médecine ; sous prétexte de préoccupation écologique, recherche bisounours de méthodes naturelles, haine des labos, des nantis notables que nous serions, bien aidés par le principe de précaution, la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, l’irresponsabilité dans la presse commerciale, la démagogie de nos politiques, etc.

Il y avait bien la prière qui utilise les mêmes “principes actifs” mais qui est passée de mode… (et non remboursée depuis la séparation de l’Eglise et l’Etat)

Qu’est-ce que ça changera de dérembourser certaines de ces pratiques alternatives ?

Les encadrer ? leur clientèle s’en moque.

Et donc ?

J’en sais rien moi…! c’est pour causer….dormez braves gens !

Commentaire publié en réaction à l’article : Mésothérapie : ce qui est prouvé (ou pas)

 

“Ne pas utiliser ces méthodes “alternatives” serait un déni de médecine”

cedemin

Il serait temps de reconnaître que l’effet placebo est une des plus efficaces thérapies disponibles.

En outre, il a été clairement démontré que certains leurres sont nettement plus puissants que d’autres, et qu’en outre l’effet lié à la conviction du thérapeute et du malade joue un rôle important.

Bref, ne pas utiliser ces méthodes “alternatives” serait un déni de médecine, à condition que leur emploi soit très sévèrement encadré, et que toute dérive soit considérée comme délictueuse – comme il en est de la médecine en général.

Pierre Rimbaud

Commentaire publié en réaction à l’article : Acupuncture : ce qui est prouvé (ou pas)

 

“Certains services font appel à des coupeurs de feu, si ça marche tant mieux”

FLYING

Ce qui m’importe c’est que le patient aille mieux, primum non nocere. Certains services de grands brûlés font appel à des coupeurs de feu, si ça marche tant mieux. Le problème est le remboursement de certaines médecines. Pourquoi l’homéopathie serait remboursée sans preuve évidente et d’autres non ? Doit-on faire une exception pour l’une et pas pour une autre ? sur quels critères ? lobbys? emplois?

En suisse certaines médecines non allopathiques sont prises en charges par des mutuelles. Mais ceux qui pratiquent l’hypnose par exemple ont reçu une formation identique souvent ardue et logue avec des critères d’évaluation strictes un suivi de leur compétence etc. Tandis qu’en France, c’est le flou artistique, des écoles d’hypnose différentes des enseignements différents, et pire votre voisin non professionnel de santé peut s’installer hypnothérapeute comme bon lui semble.

Conclusion : Si ce débat peut permettre de faire un peu le ménage et miser sur une certaine cohérence, tant mieux.

Commentaire publié en réaction à l’article : Acupuncture : ce qui est prouvé (ou pas)

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : F. Na

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