Et si les territoires qui rencontraient le plus de difficultés démographiques parvenaient à faire de ce handicap une qualité ? C’est en tout cas la réflexion qui vient à l’esprit en découvrant la situation de la Mayenne, qui vient d’inaugurer en grande pompes sa plateforme territoriale d’appui (PTA) à l’exercice coordonné, dénommée Palex.

 

Issues de la loi de Santé, les PTA, comme celle de la Mayenne, ont la vocation d’orienter patients et médecins vers les ressources sanitaires et sociales du territoire, d’appuyer à l’organisation de parcours complexes, de soutenir les pratiques et les initiatives professionnelles en matière d’organisation et de sécurité des parcours, accès aux soins et coordination. Et enfin, de lutter contre la désertification médicale sur le département.

Une création presque logique, sachant que le département et ses leaders naturels – dont le Dr Luc Duquesnel, le président des Généralistes de la CSMF – se remuent depuis de longues années pour pallier les difficultés de terrain, qu’elles se nomment permanence des soins, prise en charge des personnes âgées de plus en plus nombreuses dans une population rurale vieillissante, ou désertification médicale, avec une main tendue vers les futurs confrères, accueillis en stage de médecine générale. En fait, Palex vient couronner “10 années de pratiques innovantes et dérogatoires sur le département”, comme l’a résumé le Dr Tiphaine Heurtault-Renaudier, sa présidente, lors du discours d’inauguration.

 

 

Dans son intervention, la présidente a tenu à remercier tous les acteurs qui ont concouru au succès de cette entreprise, basée sur l’organisation de la prise en charge des parcours de santé des habitants. Il y a les professionnels de santé libéraux bien entendu, qui ont fait du département un territoire “souvent cité et reconnu pour son organisation des soins primaires”,  a rappelé la présidente, en saluant la coopération des usagers au Conseil territorial de santé de la Mayenne. Il y a également l’assurance maladie, au travers de ses instances nationale, régionale en Loire-Atlantique, et départementale en Mayenne. Le ministère de la Santé a également aidé la Mayenne, au travers de la Direction générale de l’offre de soins. Et puis l’ARS et l’Union régionale des professions de santé – médecins libéraux ont également mis la main à la pâte. Une conjonction de volontés qui ont permis au département d’être pilote dans plusieurs domaines. Le problème, c’était de faire en sorte que tout le monde marche du même pas. On peut dire qu’on y est maintenant.

 

Une trentaine de sollicitations en cinq mois

Ainsi, Palex, créée par les Drs Luc Duquesnel, Pascal Gendry et Tiphaine Heurtault-Renaudier, s’est-elle appuyée sur une dynamique enclenchée par cinq maisons de santé pluridisciplinaires engagées dans l’expérimentation Paerpa (Parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie), rappelle Le Concours médical. Une coordination territoriale d’appui (CTA) s’est mise en place à partir de là pour informer et diriger les professionnels sur les services proposés à destination des personnes âgées (Ehpad, aides sociales, expertise gériatrique, etc.). Ce qui fait qu’au total, avec les maisons de santé alentours qui se sont rapprochées de la CTA, ce sont plus d’un millier de plans personnalisés de santé (PPS) qui ont été conclus et mis en œuvre sur le territoire.

Après un contrat de financement conclu avec l’ARS pour l’année 2017, un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens 2018-2019 doit être discuté. “Tous les éléments du puzzle se sont mis progressivement en place”, commentait Luc Duquesnel. “Nous nous sommes retroussé les manches et le Paerpa nous a mis en pied à l’étrier pour prendre en charge des parcours de santé et des sorties complexes en lien avec les établissements sanitaires et le secteur médico-social.”

Depuis sa mise en fonctionnement il y a cinq mois, Palex a traité une trentaine de sollicitations provenant de médecins et autres professionnels de santé concernant des patients de plus de 75 ans ou plus jeunes, en situation de handicap ou de précarité sociale. L’avenir ? “Nous avons envie de continuer à innover”, confie le Dr Duquesnel, signalant que l’article 51 de la loi de financement 2018 de la Sécurité sociale, qui ouvre un champ de possibilité d’innovations y compris organisationnelles, lui semble être une opportunité, que les Mayennais ne vont pas tarder à saisir.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne

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