Une ancienne ordonnance d’Hippocrate cachée sous un texte biblique

Le précieux manuscrit, daté du 5ème ou 4ème siècle avant J.-C., a été retrouvé lors de travaux de rénovation au monastère Sainte-Catherine, situé en Egypte.

 

C’est la plus ancienne librairie encore en activité au monde, abritant plus de 6000 manuscrits, et elle continue de livrer ses secrets.

En 2013, lors de travaux de rénovation, les moines de Sainte-Catherine, situé dans le Sud Sinaï, sont tombés sur un manuscrit en vélin (peau de veau mort-né) daté du 6ème siècle de notre ère, reproduisant un texte biblique, le Codex Sinaiticus.

Mais il s’agit en fait d’un palimpseste : un parchemin dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir le réutiliser. Une méthode courante au Moyen-Âge, était donné le coût du matériau servant aux parchemins.

Les moines ont transmis le manuscrit pour analyse par imagerie spectrale à l’Emel (Early Manuscripts Electronic Library). Le manuscrit médiéval cachait en fait une ordonnance attribuée au père de la médecine occidentale, Hippocrate (460-356 avant J.-C.), ont annoncé les autorités égyptiennes et grecques début juillet.

Trois autres ordonnances, dont l’une contient des dessins de plantes médicinales, attribuées à un scribe anonyme ont également été découvertes sous le texte biblique.

Ce qui fait de ce manuscrit “l’un des plus anciens et des plus importants au monde”, a déclaré Michael Phelps, chercheur à l’EMEL.

[Avec nationalgeographic.com]

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.M.

De la magie à la médecine : guérir dans l’ancienne Egypte

 


Qui a réellement écrit le serment d’Hippocrate ?

Hippocrate (médecin et philosophe, né sur l’île de Cos en mer Égée vers 460 av. J.-C., mort à Larissa vers 370 av. J.-C.) est considéré comme le père de la médecine. Sa renommée vient de la transmission de son savoir par ses écrits et par l’analyse rigoureuse de ses observations. Loin d’être un médecin de diagnostic, il libère l’art de guérir des influences sacrées (Aucune maladie n’est plus divine ou plus humaine qu’une autre. L’épilepsie, par exemple, n’est plus diabolique).

 

Par ailleurs, il pose un cadre éthique pour la relation patient médecin et donne lieu ainsi à son fameux serment. Serment que rappelle chaque médecin au moment de sa soutenance de thèse (version aménagée ou plus contemporaine). En voici un extrait : “[…] Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément…

 

Pythagore

Ce serment d’Hippocrate est à resituer dans ce qu’on appelle le Corpus Hippocratique dont il fait partie et qui contient des manuels, des conférences, des notes, des essais philosophiques sur divers sujets de médecine ainsi que des études dont le traité des blessures de la tête, les médicaments purgatifs, les affections internes, etc. Ce même Corpus, en grande partie constitué d’histoires de cas cliniques, forme un recueil d’une soixantaine de livres de médecine qui, de toute évidence, n’ont pas pu être écrits à la même époque ni par le même homme : Hippocrate, en l’occurrence.

Il n’en est pas moins vrai que l’oeuvre la plus célèbre de ce Corpus reste le serment d’Hippocrate. Mais des études récentes situent l’origine de ce serment, concernant certains passages, dans un autre courant de pensée plus ancien et plus radical, celui de Pythagore et ses disciples (VIe siècle av. J.-C.). Cette déduction repose d’abord sur la sévérité du rejet du suicide et de l’aide au suicide dans le serment (version originale) où il est dit : “[…] Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion.” En effet, les pythagoriciens sont farouchement opposés à la mort volontaire alors qu’Hippocrate, en pratique, rejoint les platoniciens dont la vision est beaucoup plus nuancée.

 

Aide au suicide et avortement

Il en est de même pour l’avortement, interdit dans le serment : “[…] Je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif…” Dans d’autres textes du Corpus hippocratique, des techniques d’avortement sont même décrites. Techniques non-punissables, pratiquées par des sages-femmes auxquelles les médecins viennent en aide dans les cas difficiles. La condamnation de l’avortement par le serment laisse donc penser à un élément emprunté à la philosophie pythagoricienne dans laquelle l’enfant à naître est un être vivant.

L’interdiction de la chirurgie et de l’extraction de calculs rénaux sont probablement, elles aussi, d’origine pythagoricienne. “Je ne pratiquerai pas l’opération de la taille…” (ouverture chirurgicale de la vessie ou cystostomie). Les pythagoriciens prônent, en effet, un traitement par des régimes. Or, l’intervention chirurgicale faisait partie de la pratique courante du médecin hippocratique.

Il apparaît donc que le serment serait antérieur à Hippocrate et que le Corpus Hippocratique que l’on attribue au père de la médecine serait probablement, de par son contenu très disparate, l’oeuvre de ses étudiants ou adeptes. Certains évaluent le nombre des auteurs à 19 et estiment que le Corpus a été écrit plusieurs siècles après la mort d’Hippocrate.

 

Ce texte est  extrait de Sous l’oeil d’hippocrate. Petites histoires de la médecine, de la préhistoire à nos jours, de Marc Magro, éditions First Histoire.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Dr Marc Magro

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