L’année prochaine sera celle de la disparition du trou de la sécu. Belle aubaine, sachant que le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2017, qui vient d’être présenté à Bercy par Marisol Touraine et Christian Eckert, secrétaire d’Etat chargé du Budget et des Comptes sociaux, sera le dernier du quinquennat. “Cela nous permet de mesurer le chemin parcouru”, s’est réjoui fort opportunément la ministre, en félicitant médecins libéraux et hospitaliers, pour leur participation aux efforts de redressement passés.

 

Marisol Touraine s’est fait un plaisir de rappeler qu’à son arrivée, en 2007 “on relevait 21 milliards d’euros de pertes pour la Sécurité sociale dont 17,5 milliards pour le régime général, un démantèlement des droits sociaux, la mise en place des franchises, de forfaits, sans relèvement des taux de prise en charge. Il s’agissait d’une politique perdant- perdant, ou il fallait payer plus pour rembourser moins”… Rappel prémonitoire, alors que les mêmes frappent aujourd’hui à la porte pour reprendre du service et poursuivre le travail alors que le gouvernement, lui a “fait le job”.

 

“L’excellence des médecins libéraux”

Car cinq ans après cet état des lieux cauchemardesque et la défaite de Nicolas Sarkozy, c’est la renaissance. “Nous avons conduit les réformes avec exigence, sans limiter la protection sociale des Français. Ils ont vu leurs droits augmenter, tandis que les déficits diminuaient”, s’est-elle félicitée. Et peut être pour la première fois de son quinquennat, du moins aussi clairement, Marisol Touraine a salué le “professionnalisme et l’excellence” des médecins libéraux et des acteurs de l’hôpital.

Des praticiens qui ont participé à l’effort de redressement et peuvent maintenant cueillir les fruits de leur implication dans l’œuvre commune. Pour les médecins, le gouvernement a décidé d’un desserrement de l’ONDAM, qui passera de 1,75 % à 2,1 % en 2017 (+ 700 millions de dépenses) pour absorber le coût des premières revalorisations conventionnelles, dont le C à 25 euros. Les hospitaliers pour leur part, bénéficieront d’une augmentation de leur point d’indice.

“2,1 %, cela reste un taux très exigeant. Cela suppose des économies de plus de 4 milliards d’euros”, a insisté la ministre, pointant notamment le poste médicament ou le développement de la chirurgie ambulatoire. “L’ONDAM de ville sera supérieur, en 2017, à celui de l’hôpital, pour assumer le coût du virage ambulatoire. C’est un choix politique et structurel, une reconnaissance du rôle des médecins libéraux”, a-t-elle encore ajouté, sans chipoter sur les compliments.

 

“Nous avons divisé le trou par quatre”

Le Secrétaire d’Etat chargé du Budget n’a pas été en reste dans l’autocongratulation. “La sécurité sociale, c’est 500 milliards, soit la moitié de la dépense publique. Depuis 2008, nous avons divisé le trou par quatre, augmenté de 1 point le taux de prise en charge par l’assurance maladie alors que certains envisagent de le diminuer de près de 5 points”, a-t-il développé, taclant au passage le programme de Nicolas Sarkozy. “Depuis 2015, le trou ne se creuse plus. Nous avançons plus vite dans le redressement que ce à quoi nous nous sommes engagés dans les lois de financements.”

Une dernière précision concerne la place des organismes de protection sociale complémentaires dans le remboursement des soins. Alors que le ministère a braqué ses spots sur les dépassements d’honoraires des chirurgiens dentistes, Marisol Touraine a assuré que l’assurance maladie obligatoire constituait le “socle” du système de santé, la “voie d’avenir. Il n’est pas question de donner la main aux organismes complémentaires. Depuis cinq ans, le taux de remboursement par le régime obligatoire a augmenté”, s’est-elle félicitée une fois de plus. Il n’en reste pas moins vrai que sous son ministère, les mutuelles ont été particulièrement bien servies.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne