La Coordination nationale infirmière (CNI), l’un des principaux syndicats d’infirmiers, appelle à une journée de mobilisation demain mercredi 14 septembre. Les infirmiers en poste porteront un brassard noir en hommage aux cinq infirmiers qui se sont suicidés cette année. Nathalie Depoire, présidente du CNI explique à Egora les raisons de cette journée de mobilisation.
Egora.fr : Pourquoi cette grève ?
Nathalie Depoire : Nous sommes en Assemblée générale à Martigues. Nous souhaitions faire un grand rassemblement et un recueillement pour témoigner notre solidarité aux familles des infirmiers décédés, exprimer notre douleur et notre demande que toute la lumière soit faite suite à ces événements dramatiques.
Nous lançons un appel au rassemblement à 11h à Martigues et une demande de porter un brassard noir le 14 septembre. Nous souhaitons aussi que des photos soient prises et envoyées sur notre site. Nous avons déposé un préavis de grève, notamment pour couvrir le port du brassard dans les services. Il y a énormément de soignants qui se mobilisent. Certains nous disent qu’ils veulent se déclarer grévistes. Ils cherchent les lieux de rassemblement dans les grandes villes. Ça faisait longtemps que l’on n’avait pas vu une telle mobilisation. Cela montre bien le ras-le-bol face aux conditions de travail et les inquiétudes quant à la sécurité des soins.
Marisol Touraine a réagi tardivement à ces cinq suicides. Regrettez-vous sa réaction?
La réaction de Marisol Touraine était en décalage face à l’attente forte de la profession. Nous lui avions adressé une lettre ouverte dès le 1er juillet. C’est vrai qu’il faut que les enquêtes soient menées. Il n’empêche que les problématiques sont là. La dégradation des conditions de travail est bien réelle, la souffrance au travail aussi. Il y a des risques. Des vies sont en jeu, tant du côté des soignés que des soignants.
En ce qui concerne les réponses de la ministre, elle souligne avoir initié une démarche de prévention des risques en 2012. Certes, mais nous sommes en 2016 ! Concrètement sur le terrain, rien n’a bougé. Il ne suffit pas de rédiger des intentions d’action de prévention, il faut des actions de prévention concrètes. Il faut que l’on ait les moyens. Il faut suffisamment de médecin du travail et de psychologues. Il faut des cellules d’écoute. Et il faut surtout trouver une solution à la problématique qui est à la base. Nous avons avant tout un problème d’adéquation des effectifs à la charge de travail. Nous voulons des effectifs adaptés à la sécurité des soins avec une définition des ratios de soignants. Et ils ne devront pas être calculés par rapport au nombre de lits mais en fonction des pathologies et du degré d’autonomie des patients.
Avez-vous rencontré la ministre ?
Nous le demandons depuis plusieurs mois. Nous rencontrons des personnes du cabinet, mais pas la ministre en personne. Ce n’est pas en niant les problèmes que l’on trouvera des solutions.
Au-delà du silence de la ministre, nous constatons une omerta. Nous sommes sollicités par énormément de médias télé mais nous n’arrivons jamais à avoir des autorisations de tournage de la part des hôpitaux. Ils veulent filmer dans les services mais c’est l’omerta totale. Je n’ai jamais connu de telle situation. D’habitude nous arrivons toujours à avoir une autorisation pour tourner un reportage, mais là c’est impossible. Je ne sais pas si une consigne a été donnée mais je constate que personne n’accepte, malgré les demandes de toutes les chaînes de télévision.
Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin