Les négociations conventionnelles ont débuté le 24 février dernier, et depuis cette date, avec la régularité d’une horloge suisse, les séances plénières hebdomadaires se sont succédées, entrecoupées par des ateliers de travail, en plus petit comité. Le résultat ? “La seule chose tangible sur laquelle les médecins généralistes peuvent compter, c’est la garantie du sauvetage de l’ASV et un bel effet d’affichage pour les jeunes”, relève Luc DUQUESNEL, avec un léger agacement.

Pour le patron de l’UNOF-CSMF, il est faux de dire que les médecins généralistes ont été avantagés dans les discussions, car dans les faits, chaque “avancée” de la caisse nationale doit être gagée par l’abandon d’une autre revendication syndicale. Ainsi, le C pourrait bien passer à 25 euros, sans doute par étapes, mais la contrepartie serait l’abandon de la hiérarchisation du C, de 25 à 75 euros en quatre niveaux d’expertise (le C à 30 euros étant la valeur cible) un dossier porté par la CSMF depuis près de 10 ans, et qui concerne aussi les médecins de famille.

La liste des exemples de ce troc de la direction de la CNAM est longue. Certes, les jeunes se sont vus proposer une enveloppe de 50 000 euros, versée en deux fois, s’ils acceptent de s’installer dans une zone fragile démographiquement. Mais ce geste doit être accompagné de la suppression des aides qui bénéficiaient jusqu’alors aux médecins déjà installés dans la zone, et qui les aidait à rester sur place malgré des conditions difficiles. “Pour ces praticiens-là, c’est la double peine”, commente Luc Duquesnel. D’une part, ils vont perdre ce bonus qui leur permettait de se maintenir sur place, de l’autre, un jeune va s’installer à côté de chez eux et va leur prendre une partie de leur travail”… Un petite geste a également été fait en direction des maîtres de stages, dont les honoraires passeraient de 300 à 500 euros par mois. L’Eldorado.

Le dossier du dépistage du cancer colorectal permet aussi de comprendre que Nicolas Revel, le directeur de la CNAM, est un “champion du recyclage”. “La direction veut inclure ce dépistage dans la ROSP, relate le patron de l’UNOF-CSMF. Ce qui signifie que les médecins généralistes vont commencer la convention en honoraires négatifs. A raison de 100 dépistages par an, le dépistage colorectal leur rapportait 1030 euros par an en moyenne. Maintenant, ce ne sera plus que 430 euros. Cela représente une perte de 60 % de la rémunération”, s’indigne-t-il.

Last but not least, le fameux forfait structure plébiscité par toutes les délégations syndicales, qui devrait permettre de financer partiellement un poste de secrétariat commun à deux ou trois médecins généralistes, semble bien se réduire au simple volet organisationnel de la ROSP, soit un peu plus de 1 000 euros “sans un sou de plus”. Alors que les médecins généralistes l’évaluaient à environ 10 000 euros par praticien.

“Nous n’avons pratiquement rien obtenu dans cette négociation, relève le Dr DUQUESNEL. Il est faux de dire que les généralistes sont avantagés par rapport aux spécialistes”, comme le colporte une rumeur insistante. Le patron des médecins généralistes de la CSMF rappelle que sa centrale a adopté une motion selon laquelle la grille tarifaire en quatre niveaux, définie par le contenu de la consultation ou le mode de recours, serait commune à tous les médecins quelle que soit la spécialité ou le secteur d’exercice. Et qu’en outre la CSMF se donnait trois priorités : la médecine générale, les spécialités cliniques et le secteur 1. “Exactement comme l’UNOF-CSMF”, note Luc DUQUESNEL.

Néanmoins, en ces périodes de grande tension budgétaire, le généraliste de Mayenne reconnaît que le manque de moyen de la CNAM, enserrée dans un Objectif National des Dépenses d’Assurance maladie (ONDAM) de 1,75 %, “suscitera de très nombreuses frustrations, au-delà des priorités”. « Il faudra se battre jusqu’au bout pour obtenir le maximum » conclut-il.

Epreuve de vérité, le 7 juillet, avec la reprise des négociations et la présentation de la première plateforme de propositions de la CNAM, chiffrées, soumises aux syndicats médicaux.