Et voici que se reforme une nouvelle fois, un “front” des médecins généralistes”… sur le thème de l’action syndicale et de la mise en chantier de la future convention médicale, l’année 2016 devrait donc voir s’agréger entre elles les forces de la spécialité, pour prononcer un discours revendicatif commun face à la tutelle.

Il s’agit donc bien d’un regroupement des composantes de la médecine générale, comme à chaque fois qu’il y a danger et que les représentants des syndicats de médecins généralistes estiment qu’il est temps de faire fructifier la richesse de cette identité commune, plutôt que de se lancer dans des luttes fratricides.

Le tir de barrage immédiat contre la loi de santé et son tiers payant généralisé a bien démontré que les préoccupations des médecins traitants étaient communes, quelles que soient les étiquettes syndicales. L’absence d’écoute de la part de Marisol Touraine sur le TPG et du directeur de la CNAM, Nicolas Revel, sur l’ouverture de négociations tarifaires, a encore renforcé si besoin était, la détermination des médecins de terrain à faire bouger, coûte que coûte, et vite, un C bloqué à 23 euros depuis le 1er janvier 2011.

Aux côtés du président de l’UNOF-CSMF, ceux de MG France et de la FMF ont tenu une conférence de presse commune pour présenter le questionnaire qui a été envoyé à toutes les composantes actives de la médecine générale, destiné à savoir jusqu’où les médecins généralistes sont prêts à aller pour peser sur la négociation de la convention. Mais le président du SML était absent. Par communiqué, Eric Henry a fait savoir qu’il ne souhaitait pas se joindre à ce mouvement unitaire. Ses raisons : un calendrier “inopportun” et une méthode proposée par les trois syndicats qui “n’est pas bonne” car elle ne vise que les spécialistes en médecine générale et ne répond pas “à la demande d’unité de tous les médecins”. Le SML fait savoir qu’il souhaite “continuer à travailler dans l’unité syndicale déjà affichée avec l’annonce de l’écriture d’un socle commun de négociations, pour répondre notamment à l’insuffisance de rémunération de toutes les spécialités cliniques”. A noter que de ces quatre centrales syndicales, le SML est le seul syndicat qui n’a pas modifié ses statuts en créant un collège de médecine généralistes et un collège de médecins spécialistes, pour pouvoir négocier et signer, en 1997, la première convention spécifique à la médecine générale.

Mais il s’agit du passé. Aujourd’hui, le dossier tarifaire est en effet prioritaire, aux yeux de tous, et la guérilla tarifaire, initiée depuis mars 2015 par MG France sur le thème du C + MPC = 25 euros s’est poursuivie par les propres conseils de l’UNOF-CSMF, proposant un problème médical par consultation ou sinon de coter C + DE. Des consignes qui ont eu un peu de mal à prendre sur le terrain “les médecins généralistes pensent avant tout à leurs patients. Ce n’est pas dans leur culture de prendre des dépassements. Pourtant, ils se dévalorisent en acceptant de faire des consultations très longues à motifs multiples, le tout pour 23€.”, confiait ainsi le président de l’UNOF-CSMF.

D’où le questionnaire qui permettra de savoir jusqu’à quelles limites les médecins généralistes sont prêts à s’avancer sur le terrain de la guérilla tarifaire, sous la surveillance malveillante des caisses. Les perspectives tarifaires sont en effet bien sombres. Du fait des mécanismes internes à la convention, les accords tarifaires, négociés en 2016, seront obligatoirement différés de 8 mois avant d’être applicables. “L’année 2016 sera une année blanche pour les tarifs, soit 6 années sans revalorisation du C”, prophétise le Dr. Duquesnel. … Pour lui, “la spécificité des médecins généralistes, c’est leur capacité depuis 20 ans à s’unir pour faire front et faire face à l’adversité.” Or, la plus récente des spécialités, la médecine générale, accueille en son sein, près de la moitié du corps médical libéral, marqué par un même malaise du fait de conditions d’exercice dégradées – personne n’oublie la permanence des soins en 2002 – et lié par une même volonté identitaire, décrypte le patron de l’UNOF-CSMF.

Malaise lié aux conditions économiques difficiles en secteur 1, alors que les nouvelles missions dévolues aux médecins traitants rendraient obligatoires la présence d’un secrétariat physique pour décharger le médecin de ces tâches administratives. Mais il n’y a qu’un médecin généraliste sur trois qui peut se l’offrir. D’où encore, l’idée consensuelle d’un forfait structure, qui permettrait aux généralistes d’assumer la multitude de tâches non curatives qui leur incombe.

Toutes ces particularités font que “la médecine générale est une spécialité qui a besoin d’exprimer ses problèmes en mono spécialité”, conclu Luc Duquesnel. “Ceux qui pensent l’inverse se trompent”.

La suite sera l’élaboration d’une plate-forme commune de revendications des médecins libéraux qui sera présentée lors des Assises de la Médecine Libérale le 11 février 2016, qui devraient étayer les discussions conventionnelles, dès février prochain. Cette plate-forme rédigée par les 5 syndicats représentatifs des médecins libéraux devra apporter des réponses aux problématiques majeures rencontrées par les médecins généralistes.