L’histoire se répète, encore et toujours. A Villers Pol, commune du Nord de 1260 habitants, le maire a investi 250 000 euros dans une maison médicale en plein centre-ville. A ce jour, aucun médecin ne s’est montré intéressé. L’ouverture est prévue dans moins de deux mois.

 

Le bâtiment en briques est magnifique. Une ancienne habitation, et un ancien commerce d’une superficie totale de 100 mètres carrés ont été entièrement repensés par un architecte pour devenir une maison médicale flambant neuve. Situé en face de la mairie, le lieu a été mis aux normes d’accessibilité et dispose même d’un parking d’une vingtaine de places. “Le Dr Blanchet, seul médecin du village est parti à la retraite le 31 mars. Nous disposions de ce bâtiment qui avait été acheté par la municipalité précédente alors je me suis dit qu’en le mettant aux normes pour en faire une maison médicale, cela permettrait peut-être d’attirer de jeunes médecins”, explique Jean-Marie Simon, maire de Villers Pol depuis 2014.

 

“Les médecins alentours sont surchargés. Et la plupart partiront bientôt à la retraite”

Car la demande des habitants était forte. “J’ai voulu répondre à une requête de la population. Depuis le départ du Dr Blanchet, les médecins alentours sont surchargés. Et la plupart partiront bientôt à la retraite”, s’alarme le maire. Le conseil municipal décide donc d’acter la réhabilitation du bâtiment. Budget des travaux : 250 000 euros. Le chantier a débuté à la mi-août, il est aujourd’hui quasiment achevé. Une salle d’attente, un cabinet médical, un cabinet pour une infirmière et un autre pour un masseur-kinésithérapeute verront le jour d’ici le début du mois de janvier.

Si une infirmière et un masseur-kinésithérapeute du village se sont d’ores et déjà montré intéressés, ce n’est pas encore le cas pour un médecin généraliste. “J’ai envoyé un courrier aux facultés de médecine de de Loos, de Lille et de l’université Libre, j’ai écrit à l’Ordre des médecins”, désespère Jean-Marie Simon qui ne comprend pas le manque d’intérêt pour sa commune. “Nous sommes à dix minutes de Valenciennes, et à deux kilomètres de l’autoroute. Le village est accueillant. Notre école dispose de sept classes. Nous avons un projet de résidence qui devrait amener une centaine d’habitants supplémentaires…”, énumère le maire.

Pour moins de 500 euros de loyer par mois, l’élu garanti d’avance au futur médecin qui choisira sa commune qu’il ne manquera pas de travail. D’ailleurs Jean-Marie Simon est régulièrement sollicité par des agences de recrutement de médecins étrangers. “Je ne donne pas suite aux marchands de médecins. 25% de la population du village a plus de 60 ans, ils ne peuvent pas aller chez n’importe qui”, estime-t-il. Jean-Marie Simon est prêt à négocier avec les futurs intéressés mais pas à tout accepter. Il a par exemple refusé la proposition d’un jeune médecin qui demandait la gratuité du loyer. “Il ne faut quand même pas exagérer”, s’insurge-t-il.

 

“Plus personne ne veut s’installer seul”

Le maire continue donc ses recherches. Il a prévu de rencontrer deux médecins installés dans la commune voisine de Préseau pour leur proposer de participer à une permanence médicale sur Villers Pol. Mais les deux praticiens, proche de l’âge de la retraite devraient décliner l’offre. “Nous sommes déjà engagés sur une maison médicale donc cela ne nous intéresse pas. Mais nous allons en discuter avec le maire pour le lui expliquer”, explique le Dr Jean-Marc Zamboni.

Installé depuis 35 ans, le praticien comprend le manque d’intérêt des jeunes à s’installer en libéral. “La plupart des jeunes médecins sont rebutés par les honoraires qui sont gelés depuis des années, le montant des charges qui augmente et la pression administrative”, constate le Dr Zamboni. “D’autant que plus personne ne veut s’installer seul”, note-t-il.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin