Lancé le 1er septembre par les créatrices du site Monshowroom.com, Mesdocteurs.com est un nouveau site destiné aux patients. Contre une somme allant de 3 à 8 euros, ces derniers pourront poser leurs questions aux médecins et avoir une réponse dans les 15 minutes. Une initiative qui veut être une alternative aux forums santé qui pullulent sur la Toile.

 

Egora.fr : Vous lancez le site Mesdocteurs.com, de quoi s’agit-il ?

Séverine Grégoire : C’est une plateforme digitale (site et application mobile) qui permet aux utilisateurs de poser des questions à des médecins 7 jours sur 7, avec si besoin une réponse en moins de 15 minutes. Nous sommes partis du constat qu’il y a 4 internautes sur 5 qui ont déjà consulté des sites de santé de type contenu froid et forum. Or la question de la fiabilité de l’information se pose sur ce type de site. Les contenus sont souvent très anxiogènes et poussent à l’automédication et à l’autodiagnostic. A l’heure d’internet et du tout, tout de suite, notre site permettra d’obtenir une information fiable et personnalisée. Car les seuls capables de donner cette information sont bien évidement les médecins.

Concrètement comment poser les questions et à quel prix ?

Nous proposons 3 offres. Pour 2,99 euros, nos médecins répondent à une question sous 48h. La réponse sous 15 minutes coûte 4,99 euros. Enfin, nous offrons la possibilité de rentrer en chat avec un médecin pour 7,99 euros les quatre premières minutes. Ensuite l’échange sera facturé à la minute supplémentaire. Dans un second temps, nous développeront la visio-conférence pour que l’utilisateur puisse voir le médecin.

L’enjeu est de travailler avec un outil facile et permettre de bonifier l’accès à la santé des utilisateurs. Nous avons voulu une offre peu chère puisque nous sommes en dehors du système de soins classique. Nous ne sommes ni dans la télé-médecine, ni dans la télé-consultation. Nous faisons du télé-conseil. C’est un premier pas de l’utilisateur vers le système de soins. D’ailleurs, nos médecins n’hésitent pas à réorienter les patients vers leur médecin traitant ou vers un service d’urgence.

Le site Ledocteur.fr, lancé par des médecins, propose déjà que des praticiens répondent gratuitement à des questions de patients. Qu’apportez-vous de plus, qui puisse justifier votre prix ?

Ledocteur.fr est une très bonne initiative. Malheureusement, les questions sont limitées à 140 caractères. Sur notre site, les utilisateurs peuvent poser une question longue, voire éventuellement envoyer une pièce jointe. Notre atout est aussi d’être en mesure de donner une réponse sous 15 minutes. Nous savons que si nous ne donnons pas une réponse rapidement, les gens iront sur les forums. Or, nous voulons vraiment être une alternative au forum. Nous sommes là pour informer, rassurer et orienter le patient.

Sur Ledocteur.fr, la grande majorité des réponses invite à consulter. On peut imaginer que cela va être le cas sur Mesdocteurs.com….

Le but du site est vraiment de donner une information. Nous sommes trois fondateurs du site avec une expérience digitale et entrepreneuriale. Nous sortons du web et du e-commerce. Etant donné que nous n’avions pas de compétence scientifique, nous nous sommes entourés d’un comité scientifique de six médecins, pour nous orienter sur la partie médicale. Ils vérifient aussi la qualité des réponses de nos médecins. Après quelques semaines de lancement, nous constatons que les utilisateurs du site ne sont pas en demande d’un diagnostic mais d’une information.

Combien de médecins ont déjà été embauchés par le site pour répondre aux questions ?

Nous avons en ce moment 13 médecins actifs qui répondent aux questions. Il y a également 26 médecins qui se sont inscrits spontanément sur le site depuis l’ouverture. Nous sommes encore en cours de recrutement mais nous n’accepterons pas tout le monde. Il faut que notre communauté de médecins et d’utilisateurs grossisse en même temps. Cela ne sert à rien d’avoir trop de médecins.

Quel est le profil des médecins qui répondent aux questions ?

Nous avons une majorité de médecins généralistes. Sur les 13 médecins qui répondent aux questions, tous les âges sont représentés. Les utilisateurs peuvent d’ailleurs les voir sur le site.

Comment sont rémunérés les médecins ?

Ils sont payés à la question…

Que répondez-vous à ceux qui pourraient vous taxer de faire de la médecine business ?

Si nous commercialisons bien un service, nous répondons surtout à une demande des utilisateurs. Au lieu de les laisser dans un no-man’s land de surinformations anxiogènes sur internet, nous préférons les orienter vers des médecins. C’est les utilisateurs qui ont créé ce besoin.

La médecine est devenue un nouveau marché à conquérir ?

Oui c’est un nouveau marché mais qui est déjà très décomplexé et démocratisé dans certains pays. C’est l’évolution du marché et des usages qui va dans ce sens. Aujourd’hui, internet permet des choses que l’on n’aurait pas imaginées avant. Que ce soit pour les courses, les vêtements ou leur santé, les gens n’ont plus le temps d’attendre. Ils ont internet à leur disposition et n’hésitent pas à s’en servir.

Pour avoir discuté avec de nombreux médecins, ils déclarent tous que la plupart de leurs patients sont allés sur internet, ont posé un autodiagnostic sur leur pathologie et se sont automédiqués. Ils arrivent au final chez le médecin avec des pathologies plus lourdes que ce qu’ils pouvaient avoir au départ. Grâce à Mesdocteurs.com, plutôt que d’errer sur la toile, les patients vont pouvoir bénéficier de vraies informations données par des médecins. Ces derniers pourront les renseigner sur leurs doutes. Les familles ou les aidants de certains malades peuvent aussi avoir des questions qu’ils n’osent pas poser.

On a monétisé le service parce que l’on souhaite quelque chose de qualitatif. On a essayé de trouver un juste prix pour que le service puisse être accessible au plus grand nombre.

Vous avez créé le site monshowroom.com en 2006 avant de le revendre à Casino en 2012. Lancer un site de santé est-il totalement différent ou avez-vous constaté des similitudes dans la mise au point du projet ?

La démarche est totalement différente mais effectivement il y a eu des points communs avec Monshowroom.com. Lorsque nous avons créé Monshowroom.com, nous étions le premier site à vendre des collections en cours. Tout le monde nous disait que le site n’avait aucun intérêt étant donné qu’il était possible de trouver les mêmes produits en boutique. Mais l’usage avait changé. Les gens avaient envie de pouvoir s’acheter des vêtements sans sortir de chez eux. C’est l’évolution du marché qui est ainsi. Avec Mesdocteurs.com, c’est exactement la même chose. Internet est rentré dans tous les foyers et a créé de nouveaux usages.

En revanche, nous ne sommes plus du tout sur le même marché. La santé est un secteur qui est beaucoup plus règlementé. Nous respectons les recommandations du CNOM sur le télé-conseil. Le sujet est moins à prendre à la légère.

Comment êtes-vous financé ?

Nous sommes financés en fonds-propres. Nous ne souhaitons pas mettre de publicité sur le site. Nous avons prévu de communiquer pour faire connaître Mesdocteurs.com. Les premières semaines sont déjà satisfaisantes. Nous avons des questions tous les jours. Il y a même des gens qui reviennent ce qui signifie qu’ils sont satisfait du service. Nous allons voir comment cela évolue dans les prochaines semaines.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin