Récemment interrogé par la mission de l’Assemblée nationale sur l’organisation de la permanence des soins, le Dr. Marc Giroud, président de SAMU-urgences de France a mis les pieds dans le plat. Il tire à boulets rouge sur SOS-médecins et critique l’organisation de la PDSa en demandant une meilleure coordination des absences des médecins traitants.


Egora.fr. :
 Les propos que vous avez récemment tenu devant la mission parlementaire concernant le rôle des libéraux et de SOS médecins dans l’organisation de la permanence des soins ambulatoire, ont fait beaucoup de vagues. Ils ont générés des communiqués indignés d’organisations syndicales de généralistes et de SOS-médecins…

Dr. Marc Giroud : Ce que l’on m’a reproché est souvent le fruit d’interprétations, à partir de propos que je n’ai pas tenu. Il ne s’agit évidemment pas d’une position globalement anti-généraliste comme j’ai pu le lire dans certaines dépêches, mais nous avons souligné un certain nombre de points. Nous considérons que les visites à domicile sont nécessaires. Il en faudra moins qu’avant l’an 2000 et où il y avait une obligation des gardes, mais il en faut un minimum, si possible partout.

Nous comprenons bien qu’il est difficile de contraindre des médecins qui connaissent déjà de fortes tensions en milieu rural compte tenu des réalités démographiques, mais cela doit être possible dans la plupart des cas en milieu urbain. Le zéro visite ne peut être une solution, car cela aboutit à ce que les patients dont l’état justifie impérativement l’examen d’un médecin, soient conduits à l’hôpital. Je pense aux personnes âgées, ou aux jeunes mamans ayant plusieurs enfants la maison. Pour nous, il y a des visites incompressibles.

 

Vous faites une relation entre l’émergence des maisons médicales de garde et la chute des visites à domicile.

Oui, bien sûr. C’est un constat qui n’est pas nié par les parties prenantes. Les MMG sont considérées comme la réponse des généralistes aux besoins des patients en urgence. Nous, nous disons que c’est une réponse, mais que ce n’est pas la seule. Il doit y avoir une réponse…[pagebreak]

mobile, marginale, mais essentielle qualitativement, après régulation médicale. Au passage, on nous fait un procès d’intention et on nous accuse de détourner les patients vers les services des urgences, pour faire rentrer de l’argent, à partir de la régulation médicale des Samu. Il s’agit d’une interprétation du président de l’Ordre des médecins, qui sort de son registre de compétence. Cela nous étonne et nous choque qu’il s’exprime ainsi d’autant que c’est complètement faux. Cela ne correspond pas à la réalité. Les patients qui viennent aux urgences ne viennent pas, pour la plupart d’entre eux, après régulation médicale. Et je mets au défi le président de l’ordre des médecins, de démontrer la connexion entre le médecin régulateur et l’intérêt financier de l’établissement public !

 

SOS-médecins ne trouve décidément pas grâce à vos yeux. Vous n’avez pas été tendre, devant la mission parlementaire.

Nous avons effectivement dit qu’il était illogique de poser comme principe l’accès médicalement régulé à la permanence des soins, alors qu’on peut accéder directement à SOS-médecins. Cela aboutit à un mauvais fonctionnement. Cette structure a un mode de financement qui pousse à la surconsommation. Dès que SOS médecins a une relation, même minime, avec le Samu, tous les actes sont cotés urgents y compris les actes qui relèvent de la clientèle propre de SOS, non régulés. Ces actes viennent charger la barque financière tout en pompant la disponibilité des médecins, qui normalement, devraient assurer la permanence des soins. Ce qui fait que lorsque le Samu centre 15 cible une visite qui doit être pratiquée dans les 45 minutes, il n’y a parfois personne dans l’association pour l’effectuer dans les temps voulus.

 

Que font les ARS ?

Les agences régionales de santé sont chagrinées de ne pas avoir une permanence des soins suffisamment efficace et couvrant suffisamment le territoire. Alors, elles utilisent leur outil : l’argent. Elles essaient de corriger les imperfections du système en mettant toujours plus d’argent avec des manières un peu dérogatoires de voir les choses. Cela ne nous paraît pas être une bonne piste. En Ile de France, l’ARS offre 75 000 euros par an pour simplement faire les tableaux de garde, cela nous paraît excessif et une mauvaise pratique de la part de l’administration centrale chargée de piloter tout cela.

Et par ailleurs, j’ai dit que je ne comprenais pas la revendication d’autonomie des libéraux au sujet des systèmes d’informations. Nous comprendrions tout à fait que les libéraux portent des critiques sur notre système, ce sont des discussions tout à fait acceptables, mais cette revendication d’autonomie est absolument étonnante. Nous ne pouvons revendiquer que le désir de complémentarité, mais pas d’autonomie. Qu’est-ce que ça veut dire !

 

Les libéraux prétendent que votre outil n’est pas adapté à leur pratique…

Ca, ils peuvent le dire, mais je suis profondément choqué par la mise en avant non pas du manque d’efficacité, mais du désir d’autonomie en tant que tel.

 

Qu’attendez-vous de cette mission parlementaire ?

Nous nous sommes rendus à une convocation pour dire ce que nous pensions du système. Nous demandons un diagnostic correct dans un premier temps, et en pratique, une régulation médicale qui soit remise dans sa bonne position. Il faut un accès filtrant à la permanence des soins, des visites sous régulation médicale ciblée, nous voulons une organisation spécifique, assouplie, pour la rédaction des certificats de décès et la mise en place du DMP.

Nous voudrions que les médecins généralistes soient dans des attitudes d’anticipation des situations d’urgence pour tendre à les éviter, c’est-à-dire préparer le patient diabétique à ce qui peut lui arriver et qu’en même temps, la coordination des soins anticipe l’absence du médecin traitant. En matière de continuité des soins, en semaine, les absences des médecins qui partent en congés ne sont pas coordonnées comme elles devraient l’être. Il ne s’agit pas à proprement dit de permanence des soins, mais nous demandons une coordination.

 

Il y a une désorganisation à cet égard ?

Il n’y a pas d’organisation aujourd’hui, les gens appellent le Samu. Chaque médecin gère son temps et son planning personnel comme s’il n’était pas responsable d’une population. Or c’est une obligation déontologique, mais personne ne fait rien. Nous étions parvenus à faire inscrire des dispositions dans la loi, mais elles ont été supprimées devant la demande insistante des intéressés qui les considéraient comme vexatoires. Et pour finir, nous demandons une évaluation car nous pensons que le système est inadapté, et qu’il surconsomme des ressources notamment du côté de SOS-médecins, qui bat des records en la matière.

 

Les correspondants du SAMU parasiteraient les médecins pompiers volontaires

Interrogé dans le cadre de la mission parlementaire, le Dr Patrick Hertgen, vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), s’est élevé contre le “parasitage” fourni, selon lui, par les Médecins correspondants du Samu (MCS) : “Nous souffrons beaucoup aujourd’hui de ce dispositif concurrent, (…) qui vient nous fragiliser et troubler les médecins sapeurs-pompiers volontaires”. Ces derniers représentent 90% des quelque 4 500 médecins sapeurs-pompiers mais leur nombre présente “une décroissante lente et continue”. Aussi, sur des territoires éloignés de toute ressource hospitalière et donc d’un Smur, “il est très dommage de faire concurrence aux médecins sapeurs-pompiers volontaires, qui peuvent avoir une action précoce, pour des questions de couleur d’uniforme…”, pointe l’intéressé.

Au passage, Patrick Hertgen, a une nouvelle fois fait état des relations “parfois compliquées” voire “assez souvent paradoxales” entre le 15 et le 18. Du fait d’un champ de missions qui se recoupe beaucoup, il en ressort “quelques conflits d’enjeux sinon d’intérêts” au niveau de la gouvernance quand bien même, sur le terrain, les acteurs du secours à personnes “ne se chamaillent pas”. Et de réaffirmer, devant les députés, toute la nécessité d’accroître la mutualisation et la collaboration entre les centres 15 et 18, notamment par le biais de plateformes communes et non seulement virtuelles, un point encouragé par la Cour des comptes mais qui rencontre le plus souvent l’opposition des Samu.



 

Attaqué par le SAMU, SOS réserve sa réponse à la mission parlementaire

“Marc Giroud, président de Samu – Urgences de France, vient une nouvelle fois de tenir des propos diffamatoires et incohérents à l’égard de SOS Médecins, mais également désormais à l’égard des dispositifs de la Permanence de Soins Ambulatoire (PDSA) validés par les Agences Régionales de Santé” vient de s’insurger SOS-médecins dans un communiqué.

Affirmant que les accusations de créer une “situation inflationniste et une surconsommation de soins” sont avancée sans preuves, SOS accuse le SAMU d’avoir une “vision hospitalocentrée, oubliant les coûts engendrés par la régulation du SAMU, par le transport des patients vers les services d’urgence, contribuant ainsi à leur engorgement”.

Disant refuser d’entrer dans une nouvelle polémique, l’association d’urgentistes entend réserver sa réponse à la mission parlementaire où elle démontrera, chiffres et statistiques à l’appui, que les interventions de SOS médecins “assurent pour un coût minimal, une efficacité médicale optimale”.



Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne