S’il fut photographié seulement deux fois en fauteuil roulant, Franklin Delano Roosevelt fut pourtant un président des Etats-Unis assis. Paralysé au cours de ses quatre mandats successifs (1933-1945), il mit fin à la prohibition, sortit les Etats-Unis de la crise économique avec son célèbre New Deal, vint au secours de l’Europe pendant la seconde guerre mondiale et encaissa l’attaque de Pearl Harbor sans presque jamais se lever.


Les médecins pensèrent longtemps que la poliomyélite était la cause de sa mystérieuse maladie, qui l’emporta le 12 avril 1945, au début de son quatrième mandat. Il pourrait bien en être autrement. Une étude 2012 publiée dans le Journal of Biographie médicale a effectué une analyse de probabilité basé sur les symptômes de Roosevelt, avec le résultat suggérant Roosevelt souffrait probablement de Guillain-Barré au lieu de la polio.


Biais de départ

Comme le raconte le site iO9, “lors d’un matin d’août 1921, alors qu’il passait l’été en famille, dans une retraite, au Canada, Roosevelt, 39 ans, en train de faire du bateau, plongea (ou tomba, selon les récits) dans la Baie de Fundy. Pendant les deux semaines qui suivirent, il éprouva une paralysie qui commença par ses jambes pour s’étendre à sa poitrine”. Une maladie caractérisée selon l’étude du Journal of Biographie médicale par de la fièvre, un dysfonctionnement de la vessie et des intestins et une paralysie des membres inférieurs.

Les raisons qui poussèrent les médecins à diagnostiquer la polio étaient nombreuses. Roosevelt avait passé du temps dans un camp de scouts peu de temps avant la paralysie (la polio, contagieuse, touche plus fréquemment les sujets jeunes et les enfants). Le médecin qui établit le diagnostic, Robert Lovett, était par ailleurs un spécialiste de la polio, il pouvait donc avoir un biais de départ.

Au vu du diagnostic, les symptômes chez Roosevelt étaient pourtant troublants : “L’âge avancé de Roosevelt faisait de lui un improbable sujet pour cette maladie. Roosevelt avait aussi été victime d’une paralysie des deux jambes, quand la polio n’affecte en général qu’un seul côté du corps. Il est aussi rare que la polio affecte le système intestinal. Or l’accident du 9 août laissèrent Franklin Delano Roosevelt démuni du contrôle de ses intestins”, explique l’étude du Journal of Medical Biography.


De nombreux traitements

Il est possible que Roosevelt ait en réalité souffert du syndrome de Guillain-Barré, complètement inconnu à l’époque. Le syndrome de Guillain-Barré se définitcomme une variété de polyradiculonévrite symétrique extensive et ascendante, avec dissociation albuminocytologique, évoluant spontanément vers la guérison en l’absence de complications et dont l’étiologie est actuellement inconnue (Dictionnaire de médecine Flammarion). Selon Le Figaro, il s’agit d’une maladie relativement rare, avec chaque année en France entre 1700 et 1800 cas recensés. “Il peut survenir à tout âge, indépendamment du sexe (…) selon les experts, la survenue d’un syndrome de Guillain-Barré est précédée dans 60% à 70% des cas d’une infection aiguë virale ou bactérienne des voies respiratoires ou gastro-intestinales.”

Des traitements existent aujourd’hui contre ce syndrome, mais ils n’existaient pas à l’époque du défunt président, qui, de nature optimiste, ne se résigna jamais à accepter la maladie. Il essaya de nombreux traitements et s’engagea pour la cause du handicap. En 1926, il acheta une propriété à Warm Springs en Géorgie, où il fonda un centre d’hydrothérapie pour les patients atteints de la poliomyélite, le Roosevelt Warm Springs Institute for Rehabilitation, qui est toujours en activité aujourd’hui. Le jour de sa première investiture présidentielle, il reçut personnellement des enfants paralytiques et il participa à la création de la National Foundation for Infantile Paralysis pendant sa présidence.


Mensonge

Un verdict définitif sur la véritable maladie de Roosevelt est de toute façon impossible, car, selon les auteurs de l’étude, il faudrait exhumer son corps. La santé de Franklin Delano Roosevelt est ainsi un sujet constant de questionnements, de recherches et de publications depuis sa mort. En 2009, le site Slate.fr publiait par exemple un article évoquant la possibilité qu’il soit mort d’un cancer qu’il aurait toujours caché.

Roosevelt est peut-être mort il y a plus de 60 ans, mais ce sujet demeure important. Non seulement parce que la question de la santé du président – et du droit des citoyens à être tenus au courant – est toujours controversée, mais aussi parce que dans le cas de Roosevelt, le mensonge en question sur son cancer s’il est avéré, a changé l’histoire. (…) Roosevelt n’aurait pas pu se présenter en 1944 si son cancer avait été révélé et l’Europe de l’après-guerre n’aurait certainement pas été la même “, décrypte Slate.fr.

A l’époque, Roosevelt n’a pas caché qu’il souffrait de la polio, mais il minimisa la dégradation de son état de santé pour pouvoir être réélu. En public, il marchait avec des attelles orthopédiques ou une canne ; en privé, il se déplaçait toujours en fauteuil roulant. Lors de ses apparitions médiatiques, il était soutenu par l’un de ses fils ou par un auxiliaire et cachait soigneusement la faiblesse de ses jambes derrière les podiums de ses discours.


Portrait

Le 12 avril 1945, le 32eme président des Etats-Unis s’écroula se plaignant d’un terrible mal de tête, alors que la peintre russe Elizabeth Shoumatoff était en train de peindre son portrait. Il mourut à 15h35, à l’âge de 63 ans, d’une hémorragie cérébrale. La mort de Roosevelt souleva une grande émotion dans le pays et à l’étranger, notamment parce que son mauvais état de santé avait été caché au grand public par son entourage et par les médecins de la Maison-Blanche. Du fin fond de l’URSS, Staline, probablement déjà atteint de paranoïa, pensa même qu’il avait été empoisonné.

Conformément à la constitution américaine, le vice-président Harry Truman devint le 33e président des États-Unis, et dédia la cérémonie du 8 mai 1945 à la mémoire de celui qui, malgré son handicap, est considéré comme le plus grand président américain du XXe siècle.

 

Source :
http ://www.egora.fr/
Auteur : M. D.