S’installer, oui mais non mais… pourquoi pas ? Remplaçante depuis plus de deux ans, Granadille, jeune médecin généraliste de 28 ans doit faire face à cette question existentielle. Alors qu’elle vient de recevoir une proposition alléchante, elle se demande si elle est prête à sacrifier sa liberté…

 

Je m’installe ou je ne m’installe pas ? Cette question est de nature à donner des boutons à la plupart des jeunes généralistes de l’hexagone. Car la réponse est compliquée à donner. Bien sûr, à terme, la majorité d’entre eux souhaite s’installer. Mais qui dit installation, dit sacrifice de sa liberté. A 28 ans, Granadille est tiraillée entre idéal personnel et professionnel. Remplaçante depuis deux ans, elle a soutenu sa thèse en novembre dernier, elle peut donc s’installer. “Aujourd’hui j’ai une très grande liberté, ce qui est génial dans ma vie personnelle. Je sais bien que le jour où je m’installerai, tout cela sera terminé” analyse la jeune femme.

 

Le cabinet de mes rêves

Et pourtant, la question est de plus en plus insidieuse. “Les problèmes se posent surtout sur le plan professionnel. Je regrette de ne pas pouvoir faire de prise en charge approfondie. C’est frustrant de ne pouvoir régler les choses sur le long terme, de ne pas avoir de vrai suivi des patients. Et puis il faut toujours s’adapter aux pratiques des remplacés” déplore-t-elle. “Certains médecins prescrivent par exemple beaucoup d’antibiotiques. Ce n’est pas vraiment ma pratique, du coup c’est parfois compliqué de composer avec les patients. Au début, j’essayais de me battre et de leur expliquer que ce n’était pas nécessaire. Là, j’ai abandonné” soupire Granadille.

La question tourne donc en boucle dans sa tête. D’autant que dans le flot de propositions qu’elle reçoit l’une d’elles a retenu plus particulièrement son attention. “Un médecin m’a proposé de lui succéder dans… [ pagebreak ]

le cabinet de mes rêves : milieu rural sans être paumé, associés sympas avec des pratiques qui me correspondent, secrétaires ultra compétentes, tout informatisé, etc…” écrit-elle sur son blog. Mais pourtant, un détail cloche. “C’est un généraliste qui travaille beaucoup. Il fait au minimum 30 consultations par jour, cinq jours sur sept. Quelle place resterait-il pour ma famille dans ces conditions?” s’interroge Granadille qui ne voudrait pas dépasser les 25 patients par jour.

Car comme de nombreuses jeunes remplaçantes, Granadille n’a pas envie de sacrifier sa vie familiale. A 28 ans, elle n’a pas encore d’enfants, mais souhaite en avoir. “C’est ce qui pèse le plus lourd dans ma décision” avoue la jeune femme, avant d’ajouter grossesse et installation ne sont pas complètement incompatibles, mais c’est sûr, c’est plus compliqué”. L’idéal serait donc de “pouvoir répondre à cette offre sur un poste à mi-temps avec un autre jeune généraliste” imagine la jeune femme.

 

Lourdeurs administratives

Granadille souhaite donc prendre son temps pour réfléchir et refuse de se mettre la pression. Elle tâte le terrain et questionne ses confrères sur les réseaux sociaux. “Quand je vois certains témoignages sur Internet, je me dis quelle horreur!” grimace-t-elle. “Mon cœur penche vers l’installation, mais j’ai peur de me lancer trop rapidement et de le regretter” reconnaît la praticienne. Elle s’inquiète en effet de ne pas savoir gérer les lourdeurs administratives inhérentes à la fonction de médecin généraliste. “J’ai déjà mis six mois à comprendre le fonctionnement de l’URSSAF. Nos études ne nous forment pas du tout à la gestion des tâches administratives, alors qu’elles vont devenir très présentes” regrette-t-elle.

Pour le moment c’est donc un immense point d’interrogation qui plane au-dessus de sa tête. Va-t-elle ou non franchir le pas ? Elle-même ne peut répondre à cette question. En attendant, elle reste ouverte à toutes les propositions, car, affirme-t-elle sans trop y croire, “si demain on me propose l’installation parfaite, je signe tout de suite !” Avis aux intéressés…

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi