La Direction générale de l’offre de soins (Dgos) au ministère de la Santé, a commandité aux agences régionales de santé (ARS), une enquête en forme d’état des lieux de l’organisation des urgences médicales, chirurgicales et obstétricales (MCO) en France. Cette enquête, qui a commencé le 1er février dernier, suscite des commentaires variés. Le Syndicat national des médecins de l’hospitalisation privée (Symhop – Csmf), appelle « l’ensemble des médecins exerçant en clinique à être particulièrement attentifs à cette enquête et à y participer activement ». Le syndicat entend par ce biais souligner que parmi les médecins qui exercent en hospitalisation privée et participent très largement à la permanence des soins, trois spécialistes seulement sont indemnisés pour cette tache, et uniquement dans les établissements d’hospitalisation privée classés Upatou. Pour le Symhop, «il est temps de prendre en compte l’ensemble des médecins spécialistes qui participent à la permanence des soins, sous peine de  les voir se désengager de la prise en compte des urgences ». Sa revendication : la reconnaissance des astreintes effectuées depuis de nombreuses années, avec une rémunération nationale unique. Ce qui peut passer par une « mutualisation entre établissements de soins privés à l’intérieur d’un même territoire de santé, selon la spécialité et les besoins de la population ».

Point de vue radicalement différent en hospitalisation publique où le SCH (Syndicat de chirurgiens hospitaliers) et la CMH (Coordination médicale hospitalière), demandent « l’arrêt immédiat » de l’enquête de la Dgos. Les deux structures déplorent la méthodologie et la précipitation (directive du 11 février pour une application au 1er mars), alors que l’organisation à auditer est le fruit de « 50 ans d’expérience et d’adaptation aux évolutions organisationnelles, politiques et techniques des soins dispensés aux Français. » Les deux syndicats  considèrent que seule la motivation de « réduire coûte que coûte le budget alloué aux gardes et astreintes médicales », peut justifier la mise en place de cette « caricature d’analyse rigoureuse ». Exemples : le choix d’une amplitude horaire de travail « ubuesque » (60 heures de travail de jour sur 5 jours), une « mauvaise foi manifeste », lorsqu’il est demandé aux hôpitaux de séparer urgence interne et urgence externe, et la « volonté de réduire la justification d’une garde de médecins uniquement à son volume d’activité, comme s’il fallait un nombre minimum d’incendies pour créer une garde de pompiers ! »

Le Syndicat des chirurgiens hospitaliers, qui serait d’accord pour apporter son expertise à la réforme de l’organisation des gardes et astreintes, affirme aujourd’hui qu’il ne peut « cautionner le détricotage du système actuel sans aucune concertation avec les professionnels de santé et sans aucune solution alternative ». Bref, que la crise n’excuse pas tout.

Selon Maître Pierre Desmarais, spécialisé en droit de la santé, qui s’est penché sur le lancement de cette enquête sur son blog, celle-ci doit permettre de réaliser un état des lieux précis de l’offre de soins (exprimée en lignes de garde ou d’astreinte), potentiellement disponible pour participer à la permanence des soins en établissements de santé (Pdses). Ceci pour réaliser, dès 2011, l’effort d’optimisation attendu et  faciliter l’élaboration du schéma cible régional au regard des besoins de prise en charge en MCO identifiés par ailleurs de manière concertée au niveau régional,  en lien avec les structures de médecine d’urgence. Les conclusions tirées de cette enquête permettront donc d’éclairer les choix d’allocation de l’enveloppe MIG (missions d’intérêt général), devenue fongible et commune aux secteurs public et privés, depuis la mise en place de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (Hpst).

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : C. L. B.