Bon Appétit, Messieurs
Il faut avoir faim pour aller manger à l’Elysée quand on ne représente que soi-même. Mais il faut avoir de l’estomac pour inviter des médecins lambdas (ou presque) à déjeuner quand, le même jour, l’Etat que l’on dirige lance une enquête de représentativité pour la profession invitée. Nul ne sait comment sont choisis les joyeux convives. On a bien des pistes qui relèvent plutôt du copinage que de la nature de leurs engagements au service de la profession. On sent bien que la Ministre de la Santé du moment voulait montrer à son Maître une certaine médecine générale réclamant à corps et à cris sa mise en maison. Cela a permis à l’hôte de l’Elysée de répéter que, grâce à lui, le C à 23 € s’appliquerait au premier janvier 2011. Bel exploit accompli avec trois ans de retard. Le différé et les annonces successives font de cette augmentation un plat de lentilles pré-électoral au goût amer. Le problème avec l’amertume : il faut beaucoup de miel et de sucreries pour la faire passer. Et dans cette période, des messages adressés par le Gouvernement et les Parlementaires dans le Projet de Loi de financement de la Sécurité Sociale font plutôt l’effet d’une purge que d’un édulcorant buccal.
Au fait, le Président de la République a placé les Médecins, avec la sécurité et les agriculteurs, dans ses priorités pour une possible réélection en 2012. Avec une telle sélection gastronomique, il peut craindre que le plat de lentilles susnommé lui reste sur l’estomac. A moins que ce ne fut le dernier baroud d’honneur de Madame Bachelot, depuis débarquée de la Santé.
Virulix
Alerte enlèvement : disparition de l’Assurance Maladie
Un enfant a disparu. Un enfant de 65 ans, né dans les cendres de la guerre, porté sur les fonds baptismaux de la solidarité. D’après les témoins, il a été emporté dans le char de l’Etat pour être conduit à l’Assemblée Nationale, dépouillé par la Loi Bachelot, mise à terre par les Agences Régionales de Santé. Si vous avez le moindre indice sur le devenir du Directeur de l’Assurance Maladie ou sur sa volonté de construire un contrat conventionnel pour faire vivre la Médecine Générale libérale, appelez les syndicats ouvriers qui regardent bouche bée l’effondrement de l’édifice solidaire que leurs ainés avaient toujours défendu.
Novembre nouveau ?
Au moment où un nouveau gouvernement apparaît sur les écrans, on ne peut passer sous silence la continuité qui préside à nos affaires. Le retour de Xavier Bertrand fera-t-il le lit d’une loi qui a entamé l’envie des médecins libéraux de poursuivre leur magistère ? Seul l’avenir le dira. Dans la période économique actuelle, la marge de manœuvre est étroite mais des signes probants peuvent toujours être donnés. Il ne faudrait pas que nous soyons obligés de nous réfugier dans une autre institution de novembre pour oublier de nouvelles turpitudes … à savoir le beaujolais nouveau … à consommer avec modération.
Sarko mange avec des médecins triés sur le volet
P.S. : I love you
Post-scriptum ou retour en arrière. Le projet du Parti Socialiste, s’il a le mérite d’exister, s’il a l’honnêteté de la clarté, représente une alternative toute relative aux projets de la Droite, même s’il incarne légitimement l’alternance. Forfaits à tous les étages, le paiement à l’acte « ayant vocation à terme de devenir résiduel ». C’est clair, la Maison de Santé pluri-professionnelle devient la règle. Le Médecin se consacre à la prévention, à l’éducation pour la Santé, à la prise en charge des patients socialement défavorisés. C’est à lire sans faute pour se faire une opinion objective ; une chose est quasi sûre : nous allons tomber de Charybde en Scylla. A terme, le patient cherchera un médecin qui veuille bien s’occuper de lui. Et le médecin, un politique qui ne s’occupe plus de lui afin de faire son boulot tranquille.
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