Le délai d’attente moyen pour une IRM en oncologie devait être de dix jours en 2010, selon l’objectif du rapport Grünfeld pour le 2e Plan cancer.

Cet objectif est très loin d’être atteint, puisque la moyenne nationale était de vingt-neuf jours en juin 2010, selon une enquête de l’Inca. « En Auvergne, le délai atteint quarante-deux jours », précise le Pr Louis Boyer (Clermont-Ferrand). Les disparités régionales restent marquées, et la pénurie d’appareils est d’autant plus évidente que les indications de ces examens progressent.

Deux fois moins que la moyenne européenne

La France dispose de huit appareils d’IRM par million d’habitants, deux fois moins que la moyenne européenne (17 par million d’habitants).

Le Plan cancer prévoyait de modifier les schémas régionaux d’organisation des soins (Sros), pour atteindre l’objectif de dix IRM par million d’habitants dans chaque région en mars 2011.

La SFR se montre optimiste devant les projets de Sros 2012-2016. « Il y a incontestablement un mouvement favorable, a estimé le Dr Laurent Verzaux, vice-président de la SFR. Dans ma région [Haute-Normandie], le projet de Sros propose pour 2012-2016 l’installation de trente IRM, vingt-deux polyvalentes et huit ostéoarticulaires, alors que l’ARS prévoyait, vingt-deux IRM seulement, dont la moitié d’ostéoarticulaires. J’ai l’impression que l’on a été entendu.»

Toujours à la traîne de ses voisins européens, la France peine par ailleurs à développer les équipements les plus innovants en imagerie. Alors que les délais de rendez-vous pour une IRM restent souvent supérieurs à un mois, une enquête de la Commission européenne démontre le retard majeur de la France dans un autre domaine important de l’imagerie moderne : les systèmes d’information de santé en imagerie médicale (Sisim).

La France au même rang que Chypre

 Au cours des Journées françaises de radiologie, un forum interprofessionnel sera consacré à ces plates-formes d’échange d’images, indispensables au développement de la téléradiologie et de la télé-expertise. « L’imagerie est de plus en plus spécialisée, et cela impose de pouvoir communiquer les images entre les établissements pour recueillir l’avis d’un confrère spécialiste d’organe », a souligné le Dr Sylvia Neuenschwander, présidente de la Société française de radiologie (SFR).

Cette télé-expertise peut transformer le pronostic dans des situations d’urgence, en permettant de transférer des images d’un AVC à un neuroradiologue, par exemple. Or, la France se place en queue des pays européens pour ses équipements en système d’archivage et de communication de l’imagerie médicale (Pacs, pour Picture Archiving and Communication System), équivalent des Sisim. « Le retard de la France est criant, a insisté le Pr Jean-Pierre Pruvo, secrétaire général de la SFR. Pourtant, ces équipements sont source de qualité et de sécurité, en favorisant l’accès aux meilleurs experts en temps réel et en évitant la redondance d’examens inutiles et coûteux ».

Avec un quart seulement des hôpitaux équipés de Pacs, quand la moyenne européenne atteint 61 %, la France arrive en vingt-huitième position sur trente pays européens, à égalité avec Chypre, selon l’enquête européenne. Dans six pays (Danemark, Estonie, Finlande, Luxembourg, Norvège et Suède), la totalité des établissements sont équipés. Quatre atteignent des taux d’au moins 95 % (Pays-Bas, Belgique, Portugal, Royaume-Uni). Seule la Grèce, avec un taux de 21 %, se classe plus mal que la France. La proportion de centres équipés en France est de 20 % dans les hôpitaux publics et 75 % dans les établissements privés.

Encore s’agit-il souvent, surtout pour ces derniers, de simples systèmes d’archivage ou encore de systèmes de communication interne, qui ne permettent pas d’échanger avec d’autres établissements. On est encore loin de véritables réseaux d’imagerie permettant un échange facile entre les établissements, d’autant que de tels systèmes imposent des réseaux à très haut débit, pour pouvoir transférer des volumes d’images de plus en plus importants.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Concepcion Alvarez