Dans les années 30, une jeune infirmière passionnée d’aviation réussit à convaincre les dirigeants d’une grande compagnie aérienne d’engager des professionnelles de santé pour prendre soin des passagers, à bord des avions. Elle devient alors la toute première hôtesse de l’air de l’histoire.

 

En 1930, Ellen Church a tout juste 25 ans et travaille comme infirmière en Iowa. Mais cette jeune fille a une passion : l’aviation. Elle est l’une des rares femmes de l’époque à avoir obtenu un brevet de pilote. Alors que l’aviation civile progresse, elle rêverait d’être commandant de bord. Mais, jamais une compagnie n’oserait confier les commandes d’un avion à une femme. Qu’importe, Ellen Church a une idée derrière la tête. Et son meilleur atout, c’est son diplôme d’infirmière.

 

Le costume d’infirmière pour rassurer les passagers

En février 1930, elle réussit à obtenir un rendez-vous avec Steve Stimpson, membre haut placé de la Boeing Air Transport (BAT). Elle lui soumet l’idée d’embaucher des infirmières pour prendre soin des passagers, les aider à gérer le stress du vol, et les soigner en cas de crash. Ellen ne sait pas qu’à ce moment-là, la compagnie réfléchit déjà à placer dans les avions des “cabin boys”, des stewards qui seraient aux services de riches clients de la compagnie. Mais là encore, on doute qu’une femme puisse être capable de voler régulièrement, leurs dérèglements hormonaux les empêcheraient de supporter les difficiles conditions à bord d’un avion de ligne. Seulement, lorsqu’il rencontre Ellen Church, Steve Stimpson reconnait que le costume d’infirmière rassurerait ses passagers, encore trop peu habitués à l’avion, et il se laisse convaincre. Ellen est embauchée à l’essai pour trois mois.

Le 15 mars 1930, la jeune infirmière Ellen Church devient donc la toute première hôtesse de l’air de l’histoire, en opérant sur le vol Oakland-Chicago de la compagnie Boeing Air Transport Inc (BAT), la future United Airlines. Vêtue de son uniforme d’infirmière, elle accueille les onze passagers du vol, prend leurs tickets, leurs bagages, leur propose des boissons, des bonbons et change l’inclinaison des sièges avec une clef anglaise. Un travail pas si simple, les avions de l’époque sont nettement moins stables que ceux d’aujourd’hui. A l’occasion, Ellen aide aussi les pilotes à faire le plein de kérosène. Bref, un travail à mille lieues de celui d’infirmière. Mais la jeune femme y met tout son cœur, les clients de la compagnie, eux, sont ravis d’avoir une demoiselle à leurs petits soins.

 

125 dollars par mois

Fort de ce succès, la BAT décide d’engager d’autres “skygirls”. Une petite annonce est publiée. Elle précise que les candidates doivent avoir moins de 25 ans, peser moins de 52 kilos et avoir une taille inférieure à 1,58 m, vu l’exiguïté des cabines de l’époque. Il faut aussi qu’elles soient infirmières et… blanches ! Le salaire : 125 dollars par mois pour 100 heures de vol. Et la possibilité de se trouver un potentiel riche mari parmi les passagers.

Bientôt, les autres compagnies suivent le mouvement. En 1940, un millier d’hôtesses de l’air guident les passagers des vols réguliers à travers les Etats-Unis. Mais le diplôme d’infirmière n’est plus requis. En effet, les passagers se sont habitués aux avions et sont nettement moins malades. Les infirmières, elles, ont déserté les compagnies aériennes pour rejoindre l’armée, et aller porter secours aux soldats de la deuxième guerre mondiale. La tenue d’infirmière est donc remplacée par un uniforme aux couleurs des compagnies aériennes.

 

Médaille de l’Air

Quant à Ellen Church, elle est contrainte d’abandonner sa nouvelle profession au bout de 18 mois à cause d’un accident de voiture. Elle donne des cours d’infirmerie à l’Université du Minnesota, puis s’engage, elle aussi, dans l’armée. En 1942, elle monte à nouveau dans un avion en tant que Capitaine du Corps des Infirmières de l’Armée chargé des évacuations des blessés. Elle recevra la médaille de l’Air pour ses services rendus en Afrique du Nord, en Sicile, en Angleterre et en France. Elle décède en 1965, après une mauvaise chute de cheval, à l’âge de 60 ans.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A. B.

 

[Avec Lepoint.fr et info-aviation.com]