L’an dernier, on retrouvait les restes du corps de Richard III d’Angleterre dans un parking de Lanceister. Aujourd’hui, les analyses des ossements nous apprennent qu’il était colonisé par des parasites intestinaux. C’est ce qu’on démontré des chercheurs de l’Université britannique de Cambridge, dans la revue The Lancet.

 

C’est Shakespeare qui a donné à Richard III sa mauvaise réputation. Jusqu’à présent, on connaissait le souverain, qui n’a régné que de 1483 à 1485, pour son caractère tyrannique, pour avoir usurpé le pouvoir à ses neveux, puis pour être mort sur le champ de bataille de Bosworth. Depuis l’an dernier, Richard III est aussi le roi dont on a retrouvé les restes sous un parking. Et ces restes, nous apprennent bien des choses sur sa santé et sur ce qu’il a vécu juste avant de mourir.

On a rapidement appris que Richard III était déformé par une scoliose et qu’il lui manquait une bonne partie de ses dents. Sa mort à Bosworth était le fait de nombreuses blessures. Très certainement, un coup de hallebarde à l’arrière du crâne. Ou un autre, porté par une arme pointue au sommet du crâne.

 

Le ver adulte peut dépasser 30 cm

Les nouvelles études ont depuis été menées par une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Piers D. Mitchell du département d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Cambridge. Et leurs résultats, publiés dans The Lancet, sont sans appel : Richard III était infesté de manière chronique par Ascaris lumbricoides.

Ces vers éclosent dans l’intestin, libèrent des larves qui traversent la paroi intestinale pour atteindre le foie et les poumons par voie sanguine avant de retourner vers la gorge où elles sont dégluties et redescendent dans le tube digestif où elles terminent leur développement. Le ver adulte peut dépasser les 30 cm et la femelle pond approximativement 200 000 oeufs par jour, d’après les autorités sanitaires américaines. Ce ver existe encore aujourd’hui, dans les pays en voie de développement. Il serait responsable de 60 000 décès par an.

Richard III aurait été contaminé en ingérant les œufs de ces vers. Et c’est la mauvaise hygiène médicale de l’époque qui est mise en évidence par les chercheurs : Ascaris lumbricoides se propage via la contamination fécale des aliments, par des mains sales, ou encore après l’utilisation de fèces comme engrais agricole.

Pour parvenir à ce diagnostic sur des morceaux de restes humains retrouvés plus de cinq siècles après la mort, le Dr Mitchell et son équipe ont tout simplement utilisé… un microscope. Ce dernier devait être suffisamment puissant pour examiner des échantillons de sol prélevés dans le bassin et du crâne du squelette, ainsi que dans le sol entourant la tombe.

 

Aucun autre ver sur le défunt

Cela a permis de révéler la présence de plusieurs œufs d’ascaris dans les échantillons issus du bassin, précisément là où était la masse abdominale et intestinale du défunt. Aucun œuf n’a en revanche été retrouvé dans les échantillons intracrâniens. Et pratiquement aucun œuf dans le sol qui entourait la tombe. Autant d’éléments qui signent l’existence d’une ascaridiose récurrente chez Richard III. Les œufs mesuraient chez lui jusqu’à 8mm de longueur.

Par ailleurs aucun autre parasite n’a pu être décelé. Ce qui incite les chercheurs à émettre cette hypothèse : à cette époque, les membres de la noblesse ne consommaient que des viandes très cuites, well done. Cette pratique avérée permet de prévenir de nombreuses infections parasitaires. Visiblement pas toutes.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec l’AFP et Slate.fr]