Avec les Jeux Olympiques, les grecs ont inventé la compétition sportive… et dès le VIe siècle avant Jésus-Christ, les athlètes ont tenté de trouver des méthodes artificielles qui leur permettraient d’améliorer leurs performances. A cette époque où la chimie relevait du miracle, c’est vers les produits naturels que se tournaient les sportifs. Avec plus ou moins de succès.

 

“Là, se juge la vitesse des jambes et la hardiesse endurante de la force. Puis le vainqueur, toute sa vie, savoure le miel de la félicité.” Ces mots sont ceux du poète grec Pindare, prononcés au début des toutes premières Olympiades. Nous sommes au VIe siècles avant Jésus-Christ. L’âge d’or du sport où le meilleur gagne ? Pas si sûr.

Pour les cités grecques rivales les Jeux olympiques étaient surtout l’occasion de démontrer leur supériorité. Elles n’hésitaient pas à honorer somptueusement leurs champions, dont l’ambition, contrairement à la légende, n’était pas la seule victoire. Dès l’origine, encouragés par l’espoir d’une promotion sociale, de gains fabuleux, les concurrents n’hésitaient pas à tricher pour obtenir la victoire, allant selon Plutarque, comme le roi sportif Mithridate, jusqu’à empoisonner un rival qui avait eu l’impudence de le battre dans une compétition.

 

Du lait maternel comme “carburant”

Avec les Jeux Olympiques, et leurs fameuses et convoitées couronnes de lauriers, les Grecs ont donc inventé la triche dans le sport. Et ainsi, le dopage. Avant de recourir à une quelconque substance, on s’en remettait naturellement aux Dieux : sacrifices, prières, grigris ou potions magiques. Mais le “carburant” préféré des athlètes de l’époque était… le lait maternel. Nombreux étaient les sportifs qui, dans leur staff, comptaient de jeunes mères dont ils pouvaient avaler le lait avant chaque épreuve, sûrs que cela augmentait leurs performances. Une idée pas si saugrenue, le lait maternel étant truffé de substances anabolisantes.

Et à chaque discipline son produit dopant. Les sauteurs ne se nourrissaient que de viande de chèvre. Les lutteurs profitaient des bienfaits de la viande grasse de porc, espérant ainsi profiter de la légendaire résistance de l’animal. Et pour la puissance, c’est bien-sûr le taureau qui été plébiscité, notamment ses testicules. Enfin, le vin et l’hydromel complétaient le cocktail du parfait sportif grec.

Au Ier siècle avant J-C., Pline Le Jeune (ou selon les auteurs Pline l’Ancien) indique que les coureurs de fond de la Grèce Antique utilisaient des décoctions de Prele (Equisetum) pour se contracter la rate et prévenir les abandons lors des courses de longue durée.

Et comme aujourd’hui, les tricheurs sont punis. Le contrôle anti-dopage de l’époque consiste à renifler l’haleine du sportif. Les fautifs sont punis d’une amende à laquelle s’ajoute une vie de honte publique.

Dans l’antiquité, les Grecs étaient loin d’être les seuls à chercher le moyen de doper leurs performances. Chaque civilisation avait ses plantes et ses animaux censés accroître forces physiques et sexuelles. Pour les Romains, c’était la feuille de sauge, réputée pour ses propriétés toniques. Pour les indigènes d’Amérique du sud, les feuilles de coca, et le kola en Afrique. Les Chinois, eux, s’en remettent au ginseng.

 

L’alcool, substance préférée des sportifs

A partir du 19eme siècle, thé, chocolat et caféine, mais surtout l’alcool, sont les substances préférées des sportifs. Sur son blog, l’historien Jean-Christophe Plot rapporte l’affaire du marathonien Thomas Hicks. En course lors des JO de 1904, il se sent d’un coup faiblard. C’est alors que son entraineur lui fait avaler une rasade d’alcool, avant de lui injecter une dose de strychnine ! Et rebelote 5 kilomètres plus loin.

Quatre ans plus tard, l’Italien Dorando Pietri reprend la même recette et vire en tête à son entrée dans le stade. Chargé comme une mule à l’atropine, épuisé, il commence par… se tromper de sens, avant s’effondrer à quelques mètres de l’arrivée. Il sera disqualifié : pas pour s’être dopé, mais pour avoir été porté jusqu’à la ligne d’arrivée par des officiels, dont un certain Arthur Conan Doyle… Quant à la célèbre tenniswoman Suzanne Lenglen, la fiole de cognac qu’elle ingurgite devant toute l’assistance n’est certainement pas étrangère à sa victoire à Wimbledon.

C’est pendant la Seconde Guerre mondiale que sont apparues les premières amphétamines. Puis les substances qui font aujourd’hui le dopage moderne n’ont cessé de se multiplier. En juin 1950, Herzog et Lachenal gravissent le sommet de l’Annapurna, bourrés d’amphétamines. 15 ans plus tard, Herzog est nommé ministre des Sports et fait voter l’une des toutes premières loi antidopage du monde.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aline Brillu

 

D’après :
– Jean-Christophe Plot.
Plus haut, plus loin, plus fort et n’importe comment : le dopage, une vieille histoire :
http://blog.francetvinfo.fr/deja-vu/2013/07/03/plus-haut-plus-loin-plus-fort-et-nimporte-comment-le-dopage-une-vieille-histoire.html  ;
– Dr Patrick Bacquaert.
Le Dopage et son Histoire. Irbms : http://www.irbms.com/histoire-dopage  ;
– Jean-Luc Veuthey.
Dopage : la traque aux molécules dopantes. Futura-sciences :
http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/dossiers/d/medecine-dopage-traque-molecules-dopantes-1558/page/2/