Depuis le mois de décembre, le très médiatique Dr Gérald Kierzek a décidé de revoir son alimentation et de supprimer la plupart des aliments contenant du gluten. L’urgentiste et chroniqueur sur Europe 1 et sur D8 ressort ravi de cette expérience. Il nous explique pourquoi.

 

Egora.fr : Pourquoi, alors que vous n’êtes pas atteint d’une maladie cœliaque, avez-vous décidé de vous mettre au régime sans gluten ?

Gérald Kierzek : Tout est parti d’un pari. Je n’ai pas du tout fait ce régime pour des raisons médicales. Je ne voulais pas perdre de poids et je n’ai pas de problème particulier. Tout a commencé lorsque j’ai lu le bouquin de Novak Djokovic en décembre dernier. Sa partie biographique ne m’a pas trop intéressé mais en revanche j’ai été interpelé par la partie dans laquelle il explique avoir rééquilibré son alimentation en faisant un régime sans gluten pour mettre fin à une sensation de lourdeur et de manque d’énergie. Il explique bien dans son livre qu’il ne s’agit pas d’un régime draconien mais d’une prise de conscience de ce qu’il ingurgitait. Il a donc arrêté les pizzas, les pâtes, le pain et a fait une sorte de rééducation alimentaire. J’ai trouvé cette démarche intéressante, notamment pour son aspect non intégriste ni restrictif. Il parlait d’énergie et non de perte de poids. Du coup j’ai fait de ce livre une chronique avec Thomas Sotto sur Europe 1 et ce dernier m’a mis au défi de me mettre au sans gluten !

J’ai donc démarré en décembre le sans gluten mais de manière light en arrêtant simplement les pâtes et le pain. Je ne m’embête pas à arpenter les supermarchés à la recherche des produits sans gluten, ni à vérifier qu’il n’y a absolument aucune trace de gluten sur les étiquettes. J’ai juste changé mes réflexes alimentaires. J’ai donc pris conscience de ce que je mange en privilégiant les choses saines. J’ai pris l’habitude toute bête de boire un verre d’eau tiède au coucher et au lever. C’est un conseil du livre mais qui est rationnel. Beaucoup de mes copains chirurgiens le font et cela permet un nettoyage du colon. J’essaye de prendre ce genre de petit réflexe en ne m’imposant pas un régime restrictif et en rééquilibrant mes apports. Et la cerise sur le gâteau a été la perte de 7 kilos en 4 mois.

 

Concrètement que vous interdisez-vous ?

J’ai arrêté tout ce qui est lié au pain, aux pâtes… Quand je suis au restaurant je ne me jette plus sur la corbeille de pain. Je ne passe plus quotidiennement à la boulangerie. En revanche, je me fais plaisir avec du bon pain une fois par semaine. Ma consommation de pain est donc passée du reflexe sous cortical au plaisir. Je me mange pas de gâteau ni de viennoiserie. De temps en temps je vais dans une boulangerie sans gluten, mais où les prix sont scandaleusement chers. Je mange des féculents, des pommes de terre. Si je dois aller au Mac Do, j’opte pour ce qui est allégé en gluten.

Ce qui est intéressant dans ce régime, est qu’il est tout à fait compatible avec une vie quotidienne sans pour autant devenir un intégriste du régime alimentaire, ni être obligé de tout modifier. C’est juste une histoire de prise de conscience. Lorsque je mange, je prends le temps de le faire. Le sandwich à midi c’est fini. J’ai découvert les salades au quinoa, les lentilles, c’est mieux que de se gaver de pain avec du beurre. Car le problème du pain, c’est aussi ce qu’on met dessus. En arrêtant le pain, on arrête les sucres rapides et les graisses.

 

Etiez-vous gourmand avant ce régime ?

Je suis toujours hyper gourmand. J’étais à Naples, la semaine dernière et j’ai mangé du gluten. Il ne s’agit pas d’intégrisme. Je n’ai pas d’intolérance cœliaque. Certaines personnes ont l’impression de mettre tous leurs symptômes sur le dos du gluten dès qu’ils en remangent un peu alors que c’est faux. Là est la difficulté du gluten et c’est pour cela que certains nutritionnistes ont tiré la sonnette d’alarme.

En parallèle, j’ai diminué le lactose. Je m’oriente plutôt vers le soja.

 

Qu’est-ce que tout cela vous a apporté ?

Je constate une perte de poids. Je me sens moins fatigué malgré mon rythme soutenu qui cumule garde de nuit, sport et chronique matinale sur Europe 1. J’avais des troubles fonctionnels intestinaux, je n’en ai plus. J’avais aussi des douleurs articulaires qui ont disparu. Est-ce que tout cela est lié au sans gluten, je ne sais pas. Je ne mets pas de causalité mais je constate une diminution de troubles. Certains articles commencent à sortir et constatent une corrélation entre le sans gluten et la disparition de troubles articulaires. Il s’agit de déclaratif de patients et d’études avec une méthodologie pas toujours rigoureuse mais les choses évoluent, y compris du côté des nutritionnistes. Ils sont en train de changer de discours. J’en discutais avec Jean-Michel Cohen, dont le discours a également changé. Avant il disait que le sans gluten était une bêtise, aujourd’hui il dit pourquoi pas, cela ne peut pas faire de mal.

 

Peut-il y avoir des effets secondaires avec le sans gluten ?

Des effets secondaires positifs, il y en a même à très court terme. Lorsque l’on regarde de vieilles méthodes, comme la méthode Seignalet, on n’est pas loin du sans gluten. A long termes, les effets sont également bénéfiques. Quant aux effets secondaires négatifs, si l’on n’est pas dans le restrictif, il n’y a aucun problème. On peut très bien vivre sans lait et sans pain, cela ne pose pas de problème ni de carence.

 

Combien de temps après le début de ce régime avez-vous constaté les premiers effets ?

Dès les 15 premiers jours. C’est très rapide, car c’est aussi une histoire de poids sur l’estomac. Dans gluten, il y a glu, et ce n’est pas pour rien ! Le gluten est un additif alimentaire qui vient alourdir. Le fait de ne plus en manger fait que l’on se sent mieux dès les premiers repas. J’ai également eu des effets très rapides sur la balance alors que ce n’était pas ce que je recherchais particulièrement.

 

Cette amélioration du confort intestinal et cette perte de poids ne sont-ils pas simplement dus à l’arrêt des sucres lents présents dans le pain et les pâtes ?

Je continue à manger des sucres. Je mange aussi des sucres lents dans les pommes de terre par exemple. Je n’ai pas arrêté les sucres lents.

 

Votre expérience démontre donc que le pain ou les pâtes, qui sont les plus gros pourvoyeurs de gluten, sont des irritatifs intestinaux…

Je ne veux rien prouver mais je le constate. Tous mes patients qui ont des troubles fonctionnels intestinaux et un inconfort gastrique et dont on ne trouve rien d’organique disent que ce régime leur a changé la vie. Est-ce le fait d’arrêter le gluten, de prendre conscience de ce que l’on mange ou de prendre du temps… C’est probablement une combinaison de tout cela. Mais ce bon sens-là, après des régimes hyper restrictifs comme Dukan ou autres, permets simplement d’assainir son mode de vie. De là à dire qu’il y a une causalité, je n’en sais rien mais j’ai la certitude qu’il y a une corrélation et que ça ne peut pas faire de mal. Si le régime n’est pas fait de manière restrictive, il n’y aura aucune carence. D’ailleurs il y a un autre effet qui est très simple, c’est l’amélioration du transit et des selles.

Lorsque l’on dit que l’intestin est le deuxième cerveau, cela semble assez cohérent. Il y a plein de choses que l’on n’est pas capable de monitorer en médecine parce que l’on n’a pas les outils ni les études pour. Ce n’est pas une raison pour rejeter le sans gluten en disant que c’est dans la tête.

 

Y a-t-il tout de même quelques études médicales sur le sujet ?

Oui, des revues de littérature commencent à sortir pour dire que le sans gluten ne se résume pas seulement à l’intolérance au gluten. Le discours qui revient sans cesse pour dire que le sans gluten est une mode de bobos est en train de disparaître.

 

Justement, que répondez-vous aux médecins qui pensent que le régime sans gluten est un régime de bobos promu par des célébrités ?

Je leur dis qu’il ne faut pas être dogmatique mais plus ouvert. On n’a pas la réponse à tout avec de l’allopathie. Lorsque l’on a fait un bilan organique qui est négatif mais de que des troubles fonctionnels intestinaux persistent, je pense que c’est une réponse intéressante pour les patients. Notre déontologie et notre devoir de médecin est de s’assurer qu’il n’y ait pas de carence, il faut donc expliquer aux gens qu’il ne faut pas tout supprimer. Je trouve méprisant de dire que c’est une mode de bobos qui ne sert à rien alors que plein de gens estiment que ça leur a fait du bien. Notre but est d’améliorer l’état des gens. On se gave de produits transformés et industriels, revenons à des choses basiques.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin