Trahison…
Le gouvernement a donc décidé de repousser au 1er janvier 2026 les revalorisations des médecins libéraux qui devaient s’appliquer au 1er juillet 2025. Si les médecins traitants ne sont concernés que pour un acte, d’autres spécialités médicales sont particulièrement touchées : pédiatres, psychiatres, neurologues, dermatologues, gynécologues, endocrinologues ou encore gériatres. Il s’agit là des spécialités médicales qui, pour la plupart d’entre elles, avec la médecine générale, ont les revenus les plus bas et pour lesquelles les partenaires conventionnels avaient décidé, il y a un an, de prioriser les revalorisations issues de la nouvelle convention médicale.
Deux autres professions, les pharmaciens et les kinésithérapeutes, sont aussi très impactées financièrement par les mesures prises.
Ces décisions font suite à l’annonce par le « comité d’alerte sur l’évolution des dépenses maladie » qui a estimé que les dépenses de santé risquaient d’être en 2025 largement supérieures à ce qui avait été programmé dans le dernier budget. Les raisons ? Des dépenses hospitalières qui flambent, une hausse rapide du coût des arrêts de travail et le fait que les mesures prévues pour contenir les dépenses de médicaments n’ont pas été prises.
Lorsque l’on sait que ce sont les arrêts de longue durée qui sont responsables de l’augmentation du coût des arrêts de travail et que ceux-ci sont principalement dus aux conditions de travail (souffrance au travail, troubles musculosquelettiques) et à des délais de rendez-vous de plus en plus longs pour obtenir des examens complémentaires et des avis spécialisés, en quoi les médecins libéraux sont-ils responsables de ce dérapage ?
Ils ne le sont pas mais le gouvernement a décidé de les taxer. Il y a donc 1,7 Mds d’euros d’économies à réaliser en 2025 et 3,9 Mds d’euros en 2026 ce qui laisse présager un report au 1er janvier 2027 des revalorisations prévues en 2026 qui concernent tout particulièrement la médecine générale.
Pourquoi ces « coups de rabot budgétaire » sont-ils vécus comme une trahison par la CSMF ?
Une convention médicale est toujours le fruit d’une longue et difficile négociation qui, lorsqu’elle aboutit, oblige les parties signataires à respecter leurs engagements. Celle signée il y a un an a fait suite à l’échec de la négociation précédente en 2023 qui nous aurait plongé, en cas de nouvel échec, dans le règlement arbitral jusqu’en 2027 avec pour les médecins généralistes une consultation de base à 26,50 € au moins jusqu’en 2027.
De toute évidence, le gouvernement et la Caisse nationale d’assurance maladie ont décidé de s’affranchir de leurs engagements en ne respectant pas les revalorisations prévues dans la convention de 2024. Ont-ils voulu donner raison à ceux qui prônaient une non-signature de cette convention et appelaient à se déconventionner ?
Face à un État qui ne peut pas respecter son contrat du fait d’une situation budgétaire catastrophique, la seule voie qui puisse permettre une juste rémunération des médecins libéraux de secteur 1 est celle d’un espace de liberté solvabilisé qui ne pénalisera pas la population.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes-CSMF
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