LA CAROTTE OU LE BÂTON ?
Exit la PPL GAROT, voici la PPL MOUILLER votée au Sénat dans le cadre d’une procédure accélérée, et qui pourrait être adoptée définitivement à l’Assemblée nationale en juillet ou en septembre.
La PPL MOUILLER a rejeté la remise en cause de la liberté d’installation, mais impose aux médecins généralistes la responsabilité collective d’organiser des consultations avancées dans 100 à 150 zones rouges, celles où la démographie médicale est la plus faible en France. Les médecins y participant percevront une indemnisation, mais, en cas de carence, ceux qui refuseraient d’y participer se verraient imposer une pénalité financière.
Sans attendre ce vote et sans concertation avec les médecins généralistes concernés, les ARS définissent déjà ces zones rouges.
Est-ce insurmontable pour ces médecins ?
Depuis des dizaines d’années, les médecins généralistes se sont organisés collectivement pour mettre en place la permanence des soins ambulatoires (PDSA) et plus récemment les services d’accès aux soins (SAS). En 2020, avec les autres professionnels de santé, ils ont créé les centres Covid et, en 2021, les centres de vaccination. Les médecins généralistes libéraux ont donc démontré leur capacité à s’organiser collectivement pour répondre aux enjeux de santé publique que sont l’accès aux soins et les crises sanitaires.
Il peut en être de même pour organiser collectivement des consultations délocalisées sous réserve que certaines conditions soient remplies :
– être associés à la définition des zones rouges ;
– une mise à disposition gratuite dans ces zones de cabinets de consultations équipés par les collectivités locales ;
– permettre aux médecins d’y travailler avec des assistants médicaux salariés des collectivités locales pour diminuer les tâches administratives et améliorer la prise en charge des patients ;
– l’assurance d’avoir un remplaçant lorsque l’on quitte son cabinet un à deux jours par mois pour ne pas aggraver l’accès aux soins puisque la plupart des médecins concernés exercent déjà en zone sous-dotée ;
– une indemnisation incitative pour ces médecins ;
– la suppression des pénalités financières éventuelles en cas de carence.
Ce n’est jamais la peur du bâton ou celle du gendarme qui ont amené les médecins généralistes à s’organiser collectivement pour répondre aux demandes de soins de la population. Au contraire, les mesures coercitives et l’absence de reconnaissance de leurs efforts ont amené 60 % d’entre eux à ne pas être médecin traitant.
En revanche, si lors du vote à l’Assemblée nationale le gouvernement décidait de transformer la PPL MOUILLER en PPL MOUILLER-GAROT avec l’obligation de PDSA et la remise en cause de la liberté d’installation, Les Généralistes-CSMF appelleraient au boycott des consultations avancées voulues par le gouvernement.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes-CSMF
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