MÉDECIN TRAITANT : LIBÉRAL OU SALARIÉ ?
Avec les difficultés d’accès aux soins liées à une démographie médicale déficitaire, la France a vu fleurir ces dernières années de plus en plus de centres de santé (+ 65 % entre 2016 et 2022) où plus de 6 000 médecins sont salariés. Alors que le nombre de médecins traitants libéraux diminue en France, celui des médecins traitants salariés augmente.
Pour expliquer cette attractivité, plusieurs explications étaient avancées : temps de travail moindre, pas d’objectif de productivité, pas de gardes et une rémunération attractive liée à la raréfaction des médecins traitants.
Si nous savions que les deux tiers de ces centres sont déficitaires, ce qui amène certains d’entre eux à fermer leur porte, aucune publication n’avait jusqu’ici comparé ces deux modes d’exercice.
Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) publié il y a deux semaines est donc le bienvenu, car il démontre ce que nous pressentions : la productivité des médecins des centres de santé est moindre que celles des médecins libéraux, entraînant un déficit d’exploitation qui se majore et que les collectivités locales ont de plus en plus de difficultés à combler.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 36 % d’actes en moins et 57 % de patientèle en moins pour un médecin traitant salarié par rapport à un libéral ! Cette différence de productivité ne peut que contribuer à dégrader les conditions d’accès à un médecin traitant.
Un tel déséquilibre est de nature à rendre l’exercice salarié plus attrayant puisque mieux rémunéré à charge de travail égale.
Face à un tel bilan lourd de conséquences pour l’accès aux soins des Français, il est très surprenant de voir le groupe transpartisan proposer d’augmenter encore les aides financières aux centres de santé dans le cadre de la proposition de loi (PPL) Garot, les rendant ainsi encore moins efficients, tout en voulant dégrader encore plus les conditions d’exercice des médecins généralistes libéraux en leur supprimant la liberté d’installation et en les obligeant à participer aux gardes.
Les Généralistes-CSMF appellent au contraire Mme Catherine Vautrin et M. Yannick Neuder à créer un choc d’attractivité pour la médecine générale libérale, celle des médecins qui se battent au quotidien pour répondre au mieux aux besoins de santé de la population.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes-CSMF
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