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EDITO Les Généralistes CSMF /// Mardi 5 novembre 2024

FINANCIARISATION : JUSQU’OÙ ?

L’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) correspond aux dépenses qui relèvent des branches maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, et de la branche autonomie. Il s’inscrit au sein du pilotage global de l’Assurance maladie. L’Ondam 2025 devrait atteindre 263,9 milliards d’euros.

Une telle somme, 264 milliards d’euros, ne peut qu’attiser les convoitises, puisque son financement est garanti par l’État français.

Ainsi, depuis de nombreuses années, de grands groupes financiers mondiaux investissent dans le système de santé français (cliniques, laboratoires de biologie et d’anatomopathologie, cabinets de radiologie et plus récemment tout ce qui relève des soins primaires, avec les plateformes de téléconsultation, les centres de soins non programmés et les maisons de santé pluriprofessionnelles). Il est difficile d’y résister, puisque les prix d’achat proposés sont de 3 à 4 fois supérieurs aux tarifs en cours. Cela veut donc dire que ces grands groupes financiers aux mains de fonds de pension étrangers espèrent, malgré ces prix extravagants, dégager des bénéfices pour leurs actionnaires, bénéfices payés de fait grâce à l’Ondam.

Ces bénéfices ne peuvent se faire qu’au travers de restructurations drastiques où, après avoir rapidement supprimé les activités déficitaires, sont aussi supprimées les activités qui ne rapportent pas suffisamment de profits. Ainsi, on ferme des maternités et des services de médecine dans les cliniques, on transforme des laboratoires de biologie en centres de prélèvement aux horaires d’ouverture réduits… De même, des plateformes de téléconsultation et des centres de soins non programmés détournent les médecins de famille de leur activité de médecin traitant en privilégiant les actes courts et nombreux aux actes plus longs nécessités par les patients atteints de pathologies chroniques.

À l’heure où la situation économique de notre pays amène le gouvernement à raboter tous les budgets, y compris ceux consacrés à la santé, à faire financer une partie des revalorisations des professionnels de santé par les complémentaires de santé en augmentant le ticket modérateur, chacun est en droit de se demander où nous amène une telle financiarisation.

Une chose est certaine, l’accès aux soins en est la première victime, d’autant plus qu’un des piliers de notre système de santé, l’hôpital public, est gravement malade et que l’État se refuse à le réformer pour le rendre plus performant.

Au-delà de l’accès aux soins, c’est l’accès à des soins de qualité qui est en souffrance, car l’État préfère multiplier les formes d’accès aux soins sans se soucier de la qualité de la réponse aux demandes de soins des Français.

Même si le temps politique que nous traversons n’est pas favorable à une grande réforme de notre système de santé qui se désagrège, seul un plan pluriannuel de cinq ans permettra à chacun de ses acteurs de se projeter vers une organisation plus performante que ne permet pas sa financiarisation actuelle. Ainsi la prévention, totalement absente du PLFSS 2025, pourra trouver toute la place qui doit lui revenir car, dans la santé, il n’y a pas que le soin et la prévention est indispensable pour éviter la dégradation de la qualité de vie des Français.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes-CSMF

 

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Présenté le 10 octobre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Le début d’un parcours parlementaire qui s’annonce périlleux au regard du contexte budgétaire et politique. Pour le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, ce texte est déceptif en ce qu’il ne prévoit pas une réforme en profondeur du système de santé…

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