UNE STRATÉGIE BLING-BLING

Ça y est, la France va enfin avoir ses vaccinodromes !

Les Français et les médecins demandent des vaccins.

Le président de la République et les maires leur donnent, faute de vaccins, des lieux grandioses de vaccination où TF1, BFM…, la presse locale pourront faire de beaux reportages et de belles photos. Cela s’appelle transformer la stratégie vaccinale en stratégie de communication.

Les préfets et les ARS, petit doigt sur la couture du pantalon, œuvrent dans la précipitation à la mise en place de ces vaccinodromes. Certains d’entre eux, trop rares malheureusement, se sont rapprochés des professionnels de santé pour savoir si cela correspondait à des besoins. Et très souvent ces professionnels de santé ont affirmé être en capacité de multiplier par 2, 3, 4 ou 5 leur capacité à vacciner et qu’il ne leur manquait que les vaccins et une lisibilité sur les dotations à venir. Les médecins généralistes, à eux seuls, sont déjà en mesure d’injecter 500 000 vaccins par jour dans leurs cabinets. Bien sûr, en cas d’incapacité à garantir l’utilisation des vaccins livrés, de nouvelles organisations complémentaires doivent être mises en place.

D’autres représentants de l’État, devenus des « Mr. Bricolage », n’ont pas eu cette attention pour les organisations mises en place depuis le mois de janvier et, tels de grands bâtisseurs du futile, transforment à grands frais des stades et des palais des sports afin de pouvoir vacciner plus de 10 000 personnes par jour alors que la pénurie de vaccins sera toujours présente et qu’ils ne semblent pas avoir signé de contrats pour obtenir des vaccins russes ou chinois. Ils ont au moins l’assurance d’être prioritaires pour être les destinataires de tous les vaccins de leur département, et ceci au détriment des organisations ambulatoires existantes.

Quand on interroge ces représentants de l’État sur les coûts d’installation et de fonctionnement de telles structures, ils détournent le regard. Le maire d’une des plus grandes villes de France n’a-t-il pas annoncé que le coût de fonctionnement de son méga-giga-vaccinodrome serait de 1 million d’euros par mois ! Eh oui, le « Quoiqu’il en coûte » a bien été entendu par certains élus. Et pendant ce temps, des centaines de centres de vaccination ambulatoire de proximité n’ont toujours obtenu aucun financement. Pour eux, ce doit être le « Quoiqu’il vous en coûte » !

Quel crédit apporté à la parole de notre ministre de la Santé qui nous avait garanti, au mois de décembre, la main sur le cœur, qu’il n’y aurait pas de vaccinodromes en France ?

Il est vrai qu’il s’agit du même ministre qui nous avait dit, il y a un an, que les masques ne servaient à rien, que nous étions les champions du monde des tests RT-PCR alors que l’on en manquait et qui a mis en place les tests antigéniques sans jamais informer les médecins traitants des résultats de ces tests, ce qui a permis à beaucoup de personnes positives d’éviter de s’isoler.

La confiance n’existe plus entre notre ministre de la Santé et les médecins libéraux. Ceux-ci, après avoir été accusés de stocker des vaccins dans leurs frigos et s’être vu interdire d’en commander au profit des pharmaciens, ne peuvent plus se contenter d’une politique de santé qui se résume souvent à une communication grand spectacle, une stratégie bling-bling en quelque sorte.

Ce qu’attendaient les médecins, c’étaient des félicitations pour leur engagement à vacciner en semaine et les week-ends les patients les plus fragiles. Ils font un travail fabuleux, extraordinaire, et c’est un effort sans précédent qu’aucune autre génération n’a fait précédemment alors que nous sommes de moins en moins nombreux.

La CSMF est fière de ces médecins.

Ras-le-bol du généraliste-bashing !

Dans un tel climat, la défense et donc la représentation de la profession médicale libérale sont un enjeu majeur tant au niveau des régions qu’au niveau national. Les élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS) vont définir cette représentation pour les cinq années à venir.

Le prochain sujet brûlant pour tous les médecins libéraux sera dès le mois prochain la mise en place des services d’accès aux soins, les fameux SAS, où nous serons censés assurer la prise en charge de tous les soins non programmés en ville après appel au centre 15. Là aussi, pressées par le président de la République et le ministre de la Santé qui veulent afficher 22 SAS opérationnels au 1er juillet 2021 (les autres départements suivront), les ARS sont en train de confier à l’hôpital ces organisations qui concernent pourtant la prise en charge par les médecins libéraux de patients en ambulatoire.

La CSMF, dès les élections passées, appellera à une unité syndicale en lien avec les URPS Médecins pour combattre tous les projets de SAS qui ne respectent pas les médecins libéraux.

Donc VOTEZ aux élections aux URPS.

VOTEZ pour la CSMF, un syndicat polycatégoriel qui sait agir, réagir, innover, construire et défendre. Et cela pour tous les médecins libéraux, quelle que soit leur spécialité médicale.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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Vaccinodromes : “C’est de la vaccination grand spectacle”

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