MAIL Les Généralistes CSMF /// Mercredi 25 novembre 2020

LE FOSSOYEUR DE LA MÉDECINE GÉNÉRALE LIBÉRALE…

L’actualité médicale vient, à quatre reprises, de démontrer la volonté du gouvernement de s’attaquer à la médecine générale libérale.

La première est une proposition parlementaire qui propose la création d’une « profession médicale intermédiaire » afin d’améliorer l’accès aux soins grâce à une nouvelle profession qui se situerait entre les trois années de formation d’une infirmière et les dix années de formation du médecin. Cela rappelle le XIXème siècle qui avait vu naître le corps des officiers de santé qui permettait d’exercer la médecine sans en avoir le titre. Ainsi, les patients défavorisés et les ruraux auront des officiers de santé, les autres de vrais docteurs en médecine.

Les Généralistes-CSMF s’oppose à une politique gouvernementale qui reviendrait à mettre en place une médecine à deux vitesses et une intolérable inégalité géographique et sociale devant la maladie.

La seconde est un amendement porté par le groupe parlementaire LREM qui veut créer un statut de sage-femme référente sur le modèle du statut du médecin traitant faisant ainsi passer le statut de sage-femme libérale de spécialiste de la grossesse et de la périnatalité à celui de médecin traitant de la femme.

Les Généralistes-CSMF est en totale opposition à cette évolution car le rôle du médecin traitant est justement de s’affranchir des notions de distinctions de l’âge, du genre ou des circonstances de recours aux soins et d’être responsable du suivi au long cours et d’assurer la synthèse du parcours de soins. Ce dernier est un concept indivisible quelle que soit la situation de la personne.

La troisième actualité est celle liée aux tests antigéniques.

La crise sanitaire actuelle a permis de voir le rôle majeur joué au printemps par les médecins libéraux et les autres professionnels de santé de l’ambulatoire dans la prise en charge des patients atteints par la COVID-19. Dans le cadre d’organisations territoriales, que ces patients aient un médecin traitant ou pas, ils les ont pris en charge, assuré leurs suivis y compris à domicile, réalisés des tests, …

La deuxième vague voit la stratégie de dépistage évoluer avec le déploiement des tests antigéniques. La grande nouveauté de cette stratégie est l’exclusion des médecins traitants de la prise en charge des patients pour lesquels un test antigénique est réalisé. En effet, le médecin traitant n’est plus informé des résultats de ces tests ! La volonté d’afficher toutes les semaines que la France est la championne du monde du nombre de tests de dépistage réalisés justifie-t-elle une telle ineptie en termes de prise en charge qui nous fait abandonner le « Tracer – Isoler » dans la trilogie « Tester – Tracer – Isoler » ?

Enfin, pour terminer cette actualité, le Ministre de la Santé vient de lancer l’expérimentation du Service d’Accès aux Soins, le SAS.

De quoi s’agit-il ? De demander aux médecins généralistes de prendre en charge les demandes de soins non programmés de leur territoire par la mise en place d’une régulation médicale libérale aux heures ouvrées des cabinets médicaux et de médecins généralistes s’engageant à prendre en charge ces patients.

La plupart des 22 projets retenus par le Ministre sont des projets portés par les SAMU où les médecins généralistes ont été peu ou pas du tout concertés dans leur élaboration alors qu’ils en seront les principaux acteurs !

Les Généralistes-CSMF s’oppose à une mise de la médecine générale sous la tutelle des SAMU.

Les Généralistes-CSMF appelle les médecins généralistes à ne s’engager dans l’organisation des SAS que lorsque les conditions suivantes sont réunies : l’organisation de la permanence des soins doit être exclue de celle du SAS afin que les médecins généralistes en conservent la totale gouvernance, la mise en place d’un numéro dédié aux appels relevant de la médecine générale (le 116 117 par exemple), la possibilité pour les médecins régulateurs qui le souhaitent de réguler en délocalisé, la rémunération des régulateurs ne doit pas inférieure à 100€/H, chaque acte de soin non programmé doit être majoré d’au moins 15€.

Ces 4 exemples, pris séparément, pourraient être chacun assimilés à une erreur de casting. Pris ensemble, ils deviennent les actes d’une stratégie politique : celle de la destruction du rôle du médecin traitant dans le parcours de santé des français.

Notre Ministre de la Santé a-t-il décidé d’être le fossoyeur de la médecine générale libérale ?

Les Généralistes-CSMF, défenseur du rôle du médecin traitant comme chef d’orchestre de ce parcours, appelle l’ensemble des médecins généralistes libéraux à s’opposer à cette politique néfaste pour la santé des français.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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