LE JOUR D’APRÈS…

Dans quelques années, des études montreront que la crise sanitaire que nous traversons depuis 6 mois aura été un élément majeur dans les évolutions des organisations des médecins généralistes.

Dans le cadre d’une pandémie sans précédent pour eux, ils ont, en se coordonnant avec les autres professionnels de santé de leur territoire, modifié ces organisations professionnelles avec une approche populationnelle et non plus de patientèle.

Ils ont mis en place une régulation médicale 24h/24 par le 116 117 quand c’était possible pour éviter 3/4h d’attente pour les urgences vitales du 15, créé de centres Covid, pris en charge tous les patients qu’ils aient ou pas un médecin traitant, réalisé des tests virologiques, assuré le suivi des patients, rempli Contact Covid, …

Les patients se déplaçant peu dans les cabinets médicaux, les médecins libéraux se sont appropriés d’une façon spectaculaire et inattendue la téléconsultation permettant de conserver un lien avec leurs patients pour répondre à leurs demandes de soins, y compris par un simple appel téléphonique.

Le rôle du médecin traitant pour renseigner Contact Covid et la création d’une consultation complexe de sortie de confinement ont confirmé la place du médecin traitant comme chef d’orchestre du parcours de santé des français.

Cette volonté de tout mettre en œuvre pour affronter cette situation a parfois été freinée par certaines ARS qui ont refusé de rémunérer les médecins engagés, en ville comme dans les cliniques. Par contre, la CNAM a été d’une réactivité étonnante en levant les freins à la mise en place de ces nouvelles organisations par des mesures dérogatoires sur la téléconsultation, les visites en EHPAD, …

Bien sûr, tout n’a pas été parfait et il a manqué des éléments au puzzle qui s’est mis en place comme l’absence d’utilisation de la téléexpertise pour favoriser la coordination indispensable entre les médecins généralistes et les autres médecins spécialistes, ou l’absence de volet médical de synthèse dans le DMP qui aurait grandement amélioré le lien ville hôpital. La CNAM est responsable de ces lacunes en refusant de prendre en compte la charge de travail des médecins générée par ces deux activités.

De cette expérience doivent être tirés des enseignements qui exigent de les placer au cœur des négociations pour un avenant conventionnel négocié dès la fin de l’été afin de nous permettre de construire l’avenir.

Les médecins qui décideront de s’engager dans la prise en charge des soins non programmés doivent bénéficier d’actes majorés et d’une astreinte. La visite à domicile est aujourd’hui devenue une visite de maintien à domicile. Elle doit être revalorisée de façon importante. Il en est de même pour toutes les consultations complexes que nous réalisons quotidiennement. Les mesures dérogatoires de la téléconsultation doivent être en partie conservées, y compris l’appel téléphonique bien utile dans les zones blanches, chez les personnes âgées ou vivant dans la précarité.

Je terminerai par saluer l’engagement des médecins retraités qui sont montés au front, parfois au prix de leur vie. Face à la grave crise démographique que subit la médecine générale, la mesure la plus efficace immédiatement pour faciliter l’accès aux soins est de rendre plus attractif le cumul emploi-retraite. Un médecin qui retarde son départ en retraite est un médecin qui est encore dans son cabinet le lendemain matin.

Les leçons à tirer de cette crise sanitaire sont nombreuses et tout particulièrement dans le domaine de la santé. Plus rien ne sera et ne devra être comme avant.

Les médecins généralistes ont montré ce qu’ils pouvaient faire, maintenant il faut leur en donner les moyens.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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