MAIL Les Généralistes CSMF /// Mardi 26 septembre 2017

ExpÉrimenter… Évaluer… GÉnÉraliser

Les premières informations concernant le PLFSS 2018 commencent à filtrer des arcanes de l’Avenue de Ségur : une enveloppe conséquente sera consacrée à des expérimentations innovantes pour répondre aux demandes de soins des français. Les Agences Régionales de Santé et l’Assurance Maladie seront les grands ordonnateurs de cette enveloppe. Ces expérimentations devront bien sûr prendre en compte les 4 priorités de la Stratégie Nationale de Santé annoncées par notre Ministre Agnès BUZYN : la prévention et la promotion de la santé tout au long de la vie ; la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès avec une attention particulière pour les publics précaires et les enfants ; la nécessité d’accroitre la pertinence et la qualité des soins et, enfin, l’innovation.

Les Généralistes CSMF salue cette initiative qui doit permettre aux médecins généralistes libéraux, porteurs de projets innovants dans la prise en charge de la population de leur territoire, de pouvoir les mettre en œuvre avec les autres professionnels de santé et de tester de nouveaux modes de rémunération.

Saluons aussi la méthodologie qui consiste à faire confiance aux professionnels de santé « de terrain » en leur donnant les moyens nécessaires pour mener à bien leurs projets. Ces expérimentations devront être évaluées et, en fonction des résultats, elles pourront être généralisées à l’ensemble du territoire.

Cette méthodologie a été testée avec succès pour permettre aux professionnels des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) de déployer leurs projets de santé territoriaux grâce à l’expérimentation de nouveaux modes de rémunération. L’évaluation ayant été très largement positive, cette expérimentation a été consacrée dans un accord conventionnel (ACI) national signé par des syndicats de professionnels de santé libéraux.

Les médecins généralistes auront besoin d’une aide méthodologique pour répondre à ces appels à projets nationaux car cela ne leur a pas été enseigné au cours de leur cursus universitaire.

Mais nous ne partons pas de rien. De nombreux projets sont déjà en place depuis quelques années. Ainsi, certaines équipes de soins primaires préparent les sorties complexes de l’hôpital, d’autres mettent en place des alternatives à l’hospitalisation dans des délais très rapides avec des coûts cinq fois inférieur à celui d’une hospitalisation.

D’autres, comme le PAERPA, suscitent l’intérêt. Cette expérimentation, qui vise à anticiper la perte d’autonomie chez les personnes de plus de 75 ans afin de faciliter le maintien à domicile, est en fonction de ses modalités de mise en œuvre un échec dans certains territoires et un véritable succès dans d’autres avec par exemple, sur un des départements expérimentaux, plus de 1000 plans personnalisés de santé (PPS) réalisés par le médecin traitant et un autre professionnel de santé libéral et dont le suivi est effectué tous les 3 mois par une infirmière libérale.

L’évaluation de ces expérimentations est donc capitale pour ne pas reproduire des modèles locaux non performants.

Si les médecins généralistes veulent continuer, demain, à assurer les mêmes missions auprès de toute la population, leur démographie médicale leur impose de modifier leurs organisations professionnelles et leurs pratiques. Les expérimentations qui leurs seront proposées devraient leur en donner la possibilité selon les formes les plus variées : MSP, Equipe de Soins Primaires (ESP), Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS), Plateforme Territoriale d’Appui (PTA), pratiques avancées, forfait à la pathologie, …

Reste aux ARS et à l’Assurance Maladie à leur faire confiance tout en sachant que le changement demande du temps.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF

> REAGIR A CET EDITORIAL <
Quelle place pour la ville dans la stratégie nationale de santé d’Agnès Buzyn ?

Les travaux destinés à définir notre politique de santé pour les cinq ans à venir ont été officiellement lancés par Agnès Buzyn. Dans un contexte de concertation et d’écoute avec les professionnels, les élus et les usagers du système de santé, la Ministre veut faire de la prévention, de la lutte contre les inégalités, de la pertinence et la qualité des soins et de l’innovation, les priorités du quinquennat…

En l’absence de facteur de risque cardiovasculaire, les conseils hygiéno-diététiques donnés aux adultes n’ont pas d’impact sur leur mortalité !
Dépistage du cancer de la prostate : PSA, le retour !