En novembre 1828, un fait-divers sanglant fait la Une des journaux dans toute l’Ecosse. Deux immigrés irlandais, William Burke et William Hare, ont tué de sang-froid pas moins de seize personnes en une seule année. Leur mobile : l’argent et la science. A cette époque où l’anatomie est en plein essor, les chercheurs sont sans cesse à la recherche de corps à autopsier. L’un d’eux, l’éminent professeur Knox, est même prêt à dépenser beaucoup d’argent pour un cadavre. Pour peu qu’il soit encore frais.

 

Au début du 19eme siècle, les Universités d’Europe sont remplies d’étudiants pressés de connaître tous les rouages du corps humain. L’anatomie, une discipline issue de la biologie, connaît des progrès fulgurants. Dans les amphithéâtres, les étudiants en médecine ou en sciences observent les autopsies réalisées par d’éminents spécialistes. Seulement, les anatomistes sont confrontés à un problème de taille : le manque de cadavre à étudier. Car, à cette époque encore fortement marquée par la tradition judéo-chrétienne, la dissection de cadavres est formellement interdite. Au Royaume-Uni, seuls les corps des condamnés à mort peuvent être autopsiés. Mais cela ne fait que 3 ou 4 par an.

 

Les prix des corps ne cessent d’augmenter

Beaucoup de petits (ou grands) truands comprennent alors qu’il y a un marché à prendre. Les voleurs de cadavres se multiplient. Ils pillent les cimetières, rôdent dans les couloirs des hôpitaux et vendent, à prix d’or, leurs butins aux écoles d’anatomies. Mais les cimetières et les hôpitaux deviennent de plus en plus surveillés. Et les prix des corps ne cessent d’augmenter.

Il n’en fallait pas plus pour donner des idées macabres à William Burke et William Hare. Ces deux amis ont quitté leur vie précaire en Irlande, pour s’installer à Edimbourg. Burke est cordonnier, Hare, vend du poisson à West Port. Sa femme, Margareth, tient une pension de famille dans la capitale écossaise. C’est là que les deux amis se sont rencontrés et ils aiment toujours s’y retrouver.

Un soir de 1927, un des locataires s’effondre d’une attaque cardiaque. Les deux hommes se demandent que faire du corps, puis se décident à le proposer, discrètement, à un énigmatique médecin, le professeur Knox, un très grand anatomiste de l’université d’Edimbourg. Une vente qui se révèlera bien lucrative.

 

8 à 10 livres pour un corps sans séquelles

Dès lors les deux hommes se transforment en de véritables meurtriers. Leur mode opératoire est simple. Ils repèrent une victime, un étranger, un homme seul ou une prostituée, l’entrainent à la pension de famille, la fait boire et l’étouffent par compression de la poitrine. En criminologie, on appelle cela le “burking”, il s’agit de tuer sa victime par asphyxie, sans étranglement, ni effusion de sang ; un corps sans séquelle se vend plus cher. Le cadavre encore frais est ensuite transporté à travers les souterrains de la ville, puis vendu au professeur Knox, pour 8 à 10 livres. Au total, les deux compères auraient ainsi tué seize personnes en moins d’une année.

Cette macabre entreprise prend fin en novembre 1928, avec Melle Doherty, elle aussi locataire de la maison d’hôtes de Margareth. Des voisins s’aperçoivent de sa mystérieuse disparition. Ils décident de fouiller le lieu, et arrivent jusqu’à la chambre que loue William Burke. C’est là qu’ils découvrent le corps sans vie de la jeune femme.

Un peu plus d’un mois plus tard s’ouvre le procès de ces “resurrectionists”. Mais seuls Burke et sa maîtresse sont jugés pour meurtre avec préméditation. Hare, qui a témoigné contre son complice n’a été poursuivi que pour complicité de meurtres. Lui et sa femme reçoivent une immunité judiciaire et quittent la ville, probablement pour Londres.

 

Le corps de Burke offert à la science

Le Dr Knox non plus ne sera pas jugé. Mais sa réputation, elle, a été mise à mal. William Burke est donc le seul condamné dans l’affaire. Il est pendu en place publique d’Edimbourg le 28 janvier 1829. Et, naturellement, son corps fut offert à la science puis disséqué devant une centaine d’étudiants. Son squelette est toujours visible au musée du Collège de la médecine à Edimbourg.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

[D’après des articles d’Ecarlate Histoire, du blog Les énigmes de l’Histoire et de crimelibrary.com]