Le Conseil Général de la Sarthe, précurseur en matière de lutte contre la désertification médicale a lancé en 2007, des contrats d’engagement destinés à attirer les jeunes médecins généralistes. Une formule qui porte ses fruits puisque 41 généralistes ou futurs MG se sont déjà engagés à venir s’installer pendant cinq ans, dans une zone déficitaire du département. En contrepartie, ils ont touché 25 200 euros.
 

 

“Une centaine de médecins sarthois devraient prendre leur retraite dans les cinq ans. Sachant qu’aujourd’hui, un médecin nouvelle-génération n’est pas suffisant pour remplacer un praticien ancienne-génération, on estime qu’il va nous manquer 180 généralistes. Les jeunes ne veulent plus travailler 70 à 80 heures par semaine comme leurs aînés. Ils ne veulent pas faire plus de 42 heures et souhaitent sept semaines de congés par an” constate Jean-Pierre Vogel, maire de Bonnétable et vice-président du conseil général de la Sarthe.

 

“On a dû prendre notre bâton de VRP”

Avec un budget destiné aux problématiques médicales d’environ un million d’euros, le conseil général a décidé d’attirer les futurs MG en leur offrant une enveloppe de 25 200 euros. “On a dû prendre notre bâton de VRP et parler de notre contrat lors des salons, des congrès et dans les universités” a expliqué Jean-Pierre Vogel. C’est justement à l’Université d’Angers que Cécile Tasse, interne en 8ème année de médecine générale a entendu parler de ce contrat d’engagement.

“Les représentants du conseil général étaient présent lors des choix de stage, c’est là que j’ai découvert cette option. Sachant que je ne veux pas exercer en ville mais à la campagne et que je projette d’habiter dans la Sarthe, ce contrat m’a intéressé” confie la jeune femme avant d’ajouter, “étant originaire d’une zone sous-dotée, il me tient à cœur de m’installer dans un département en manque de médecins”.

Cécile Tasse est donc la signataire du 40ème contrat d’engagement avec le département. En pratique, elle touchera la somme de 25 200 euros, divisée par le nombre de mois d’études qui lui reste, soit environ 1000 euros par mois. En contrepartie, elle s’engage à s’installer cinq ans minimum dans une zone sous-dotée du département de son choix.

“Au départ, je craignais de m’installer seule, mais j’aurais finalement la possibilité d’exercer en maison pluridisciplinaire” se rassure l’étudiante que l’engagement n’effraie “pas plus que ça”. “Au final, je m’engage sur 7 ans puisqu’il me reste deux ans d’étude. Autour de moi cette obligation fait peur” note-t-elle.

Le Dr Emilie Grimetz n’a pas eu peur de s’engager non plus. Installée depuis février dans la Maison de santé de la Flèche, la jeune généraliste est ravie et ne regrette rien. “Lorsque l’on prend la décision de s’installer, c’est pour plus de cinq ans” estime celle qui souhaitait de toutes façons s’installer dans la campagne sarthoise, bien qu’originaire de Picardie. Elle se réjouit de côtoyer divers professionnels de santé, du gynécologue à l’ophtalmo en passant par la sage-femme et l’infirmière avec qui elle peut dialoguer.

 

Dispositif étendu aux dentistes et aux kinés

Tout aussi enchantée, le Dr Bureau-Roussel est installée depuis un mois et demi. “J’ai signé le contrat au début de l’internat. Je touchais 700 euros par mois jusqu’à la fin de mes études. Ça aide à bien vivre” confie la généraliste mariée à un agriculteur du département.”Je savais que j’allais m’installer ici. Lorsque l’on se marie, c’est en général pour plus de cinq ans” s’amuse la jeune femme. En cas de rupture du contrat, les généralistes s’engagent à rembourser la totalité des 25 200 euros. Cela a déjà été le cas deux fois. “Une praticienne est partie pour suivre son conjoint muté ailleurs et une autre a décidé de s’installer au Mans. Elle est donc restée dans la Sarthe mais pas dans une zone sous-dotée” indique le conseiller général.

Devant le succès rencontré par ces contrats, le Conseil général a décidé de les étendre aux dentistes et aux kinésithérapeutes. Les premiers toucheront également 25 200 euros pour un engagement de cinq ans, quant aux seconds, ils obtiendront 10 000 euros pour une promesse de trois ans. 37 dentistes et un kiné ont déjà signés.

 

“Aller chercher les futurs médecins au berceau”

Le département ne s’arrête pas là dans son opération séduction des professionnels de santé. Il innove en instaurant une bourse pour les premières années de médecine. “Notre idée a été d’aller chercher les futurs médecins au berceau, c’est-à-dire au lycée explique Jean-Pierre Vogel. Nous offrons donc une bourse de 6 000 euros (renouvelable une fois) aux premières années sous conditions de ressources et sur dossier. Cela permet de faire marcher l’ascenseur social”.

Sélectionnés par un jury, les étudiants parrainés seront épaulés par un deuxième année et par un professionnel de santé. Sur une vingtaine de dossiers déposés, huit étudiants ont déjà été sélectionnés. “Il n’y a aucune contrepartie de leur part. On leur demande juste de faire leur maximum pour passer en deuxième année. Ensuite, on mise sur le fait qu’ils s’installeront dans la Sarthe” espère Jean-Pierre Vogel.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin