Le Roi-Soleil et son épouse étaient très étroitement apparentés, ce qui expliquerait la mort en bas âge de cinq de leurs six enfants, selon les auteurs d’une étude réalisée par Hervé Delacour, de l’Hôpital d’instruction des Armées Bégin (Saint-Mandé), publiée dans la revue Immuno-analyse & Biologie spécialisée.

 

Durant l’Ancien Régime, les mariages royaux obéissaient toujours à des considérations politiques et les familles régnantes se sont assez vite retrouvées plus ou moins toutes apparentées. Le mariage de Louis XIV et de l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche scella avant tout le rapprochement de la dynastie des Bourbons avec celle des Habsbourg. Arrangée par le cardinal Mazarin, leur union, qui fut célébrée le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz, apporta la paix avec l’Espagne.

Pour des biologistes, cette stratégie présentait des risques évidents pour la santé des descendants. Louis XIV et Marie-Thérèse étaient doubles cousins germains. Le père de Louis était le frère de la mère de Marie-Thérèse et sa mère était la sœur du père de sa jeune épouse. Vingt et un de leurs ascendants possédaient de plus un coefficient de consanguinité élevé, “traduisant une union entre petits cousins ou apparentés plus proches”, selon l’étude.

Des six enfants qui naquirent de l’union des deux époux, trois périrent dans leur première année. “Impossible à établir avec certitude, la consanguinité de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche a pu jouer un rôle non négligeable dans cette mortalité infantile”, soulignent les auteurs. Car si les causes de la mort de leurs progénitures restent inconnues, le taux de mortalité des enfants issus du lit conjugal est supérieur à celui des onze enfants que Louis eut avec ses deux maîtresses, la duchesse de La Vallière et la marquise de Montespan.

Un seul des enfants du couple royal atteignit l’âge adulte : Louis de France, surnommé « le Grand Dauphin », mort à 49 ans et grand-père de Louis XV. À partir des données généalogiques de plus de 280 de ses ascendants, les biologistes ont calculé que son coefficient de consanguinité était de 0,173. Un chiffre très élevé, qui le place juste derrière Philippe III d’Espagne (0,212).

Dans des temps encore plus reculés, la mort du jeune pharaon égyptien Toutankhamon, à seulement 19 ans, il y a plus de 3000 ans, a elle aussi été attribuée en partie à son taux de consanguinité élevé, sa mère n’étant autre que la sœur de son père Akhenaton.

Les personnes ayant un coefficient supérieur ou égal à 0,0625 (enfants issus d’un mariage entre cousins germains ou apparentés plus proches) présentent “un risque accru de mortalité infantile de 3,5 % par rapport à celles issues d’une union entre non apparentés”, indiquent les auteurs. Ce coefficient peut désormais être calculé en ligne pour n’importe quelle famille grâce à un logiciel baptisé “FSpeed”.

Source :
www.egora.fr
Auteur : M. D.

[Avec LeFigaro.fr]