Marie-Ange Perulli, ancienne directrice de la délégation départementale de l’ARS en Dordogne, est intervenue mercredi 8 mai lors d’une réunion du Comité scientifique indépendant, une organisation covido-sceptique. Libérée de son devoir de réserve, l’ex-fonctionnaire s’est montrée très critique envers la gestion de la crise sanitaire, allant jusqu’à avouer qu’elle avait cherché à freiner la vaccination dans son département. “Beaucoup de médecins étaient pris dans cette doxa”, a-t-elle déploré.

 

“Scandale d’Etat”. Diffusée ce week-end, la vidéo de l’intervention de Marie-Ange Perulli, ancienne directrice départementale d’ARS, créé la polémique sur le réseau social X. L’ex-fonctionnaire hospitalière, aujourd’hui à la retraite, était invitée à partager son expérience de la gestion de la crise sanitaire en Dordogne lors du 150e Comité scientifique indépendant, un organisme covido-sceptique, qui se tenait à Saintes (Charente-maritime) mercredi 8 mai.

“Comme je ne savais rien sur ce nouveau virus, je me suis dit ‘oh bah chouette, je vais pouvoir gérer une crise et servir l’intérêt général et le public’, je me sentais à ce moment-là à ma place”, a-t-elle débuté, avant de relater les premiers mois de la crise sanitaire : sans équipement de protection, sans “directive ni du siège de l’ARS, ni du Gouvernement”“il a fallu qu’on se débrouille tout seuls”. “Il y avait une vraie solidarité des acteurs sur le terrain”, a-t-elle loué.

Mais à l’été 2020, alors que “les consignes ont commencé à tomber” – “il y avait 2-3 instructions par jour, souvent contradictoires” – Marie-Ange Perulli confie avoir “commencé à [se] poser des questions”“Les urgences n’étaient pas engorgées, on n’avait pas plus de morts que ça dans les Ehpad […]. Quand je répondais que tout était normal, on essayait d’aller chercher la petite bête”, a-t-elle rapporté. “On nous demandait de fermer des services, il n’y avait plus de dépistage des cancers, plus de prise en charge des patients, on nous demandait de fermer des lits, on avait des services vides où des médecins tournaient en rond et qui ne se posaient pas de question”, déplore-t-elle.

 

 

La directrice de la délégation départementale de l’ARS commence alors à prêter l’oreille aux voix dissonantes : d’abord le Pr Didier Raoult, puis Louis Fouché, Christian Peronne et Martine Wonner, énumère-t-elle. “Là je me suis dit, il y a vraiment quelque chose qui cloche.” “J’ai commencé à analyser ce qu’on me demandait de faire, et ce que je pouvais ne pas faire et comment réagir à ces injonctions”, confesse-t-elle.

Marie-Ange Perulli révèle qu’alors que “beaucoup de médecins du département étaient pris dans cette doxa” et étaient “prêts à venir vacciner”, elle a “cherché le moyen de pas ouvrir les centres de vaccination”“J’étais prise entre la pression du Gouvernement, la pression des médecins qui voulaient aller vacciner, la pression des élus qui voulaient leur vaccinodrome… J’ai essayé de limiter les ouvertures de vaccination, mais moins j’en ouvrais plus la population aussi demandait à être vaccinée.” Alors que “les journalistes venaient [lui] demander des comptes”, la directrice de l’ARS s’efforce de ne pas communiquer, “ou très peu” – “ce que l’on m’a reprochée”.

Aujourd’hui libérée de son devoir de réserve, l’ancienne représentante du ministère de la Santé en Dordogne critique pêle-mêle la “gestion de la crise par la peur”, l’inutilité des ARS qui auraient dû “organiser la continuité des soins”, les journalistes qui “racontaient n’importe quoi confondant le nombre de cas et le nombre de malades, et sur les décès en Ehpad”, ou encore les médecins “qui se sont trouvés dans une obéissance aux recommandations nationales sans plus de libre arbitre”.

Des médecins avec qui l’ancienne directrice départementale de l’ARS a eu des rapports compliqués durant la crise. Alors que les libéraux lui reprochaient de ne pas avoir convié les représentants de la CPTS du bergeracois lors d’une réunion dédiée à la situation des urgences, en novembre 2020, Marie-Ange Perulli avait répondu qu’elle n’était pas là pour “faire de la calinothérapie à des personnes vexées”. Pour avoir critiqué son manque d’action et de présence (“l’ARS est comme le virus, invisible et insaisissable, et mobilisée peut-être, mais dans ses bureaux”), le chirurgien syndicaliste Xavier Gouyou-Beauchamps, qui exerce à Bergerac, avait été poursuivi en diffamation par l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Un procès qu’il a gagné.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aveline Marques

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