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EGORA – Médecins, infirmières… Près d’un soignant sur deux veut quitter la Nouvelle-Calédonie

Près de 25% des professionnels de santé exerçant dans l’archipel de l’océan Indien présentent par ailleurs des symptômes de stress post-traumatique à la suite des émeutes déclenchées le 13 mai dernier, révèle un sondage, dont les résultats ont été présentés lundi 31 mars.

Louise Claereboudt

Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est “en train de basculer d’une médecine moderne à une médecine du tiers monde”, a alerté Patrice Gauthier, ce lundi 31 mars. Le président de la Fédération des professionnels libéraux de santé (FPLS) a pointé à cette occasion l’émergence de no man’s land médicaux dans l’archipel de l’océan Indien, ce qui crée des inégalités d’accès aux soins à la fois géographiques et sociales. “On va aller vers un système où seuls ceux qui auront les moyens pourront se payer un bon service de santé”, a-t-il mis en garde.

La FPLS ainsi que d’autres syndicats de soignants ont présenté, lors de cette conférence de presse aux allures de réunion de crise, les résultats d’une vaste enquête confiée à l’institut indépendant Quidnovi fin 2024, et à laquelle près de 600 soignants – tous secteurs et toutes spécialités – ont répondu. Objectif : évaluer l’impact des émeutes sur les professionnels de santé. 

Il ressort que près d’un soignant sur deux envisage de quitter l’archipel, dont 12% d’ici à quelques mois.

Lire aussi : Crise en Nouvelle-Calédonie : inquiétude après le départ de dizaines de médecins libéraux

Les résultats du sondage montrent que près de 25% des professionnels de santé présentent des symptômes de stress post-traumatique à la suite de l’insurrection déclenchée le 13 mai 2024. Les émeutes, sur fond de contestation d’une réforme électorale, ont fait 14 morts, détruit une large partie du tissu industriel et causé plus de 2,2 milliards d’euros de dommages dans l’archipel. Plusieurs cabinets médicaux et pharmacies ont également été endommagés durant cette période d’une extrême tension, à l’issue de laquelle des dizaines de départs de professionnels de santé avaient été comptabilisés. Une situation qui pourrait donc encore s’aggraver.

L’insécurité n’est pas le seul motif évoqué pour expliquer ces éventuels départs. Outre des pertes de patientèle, les résultats mettent également en lumière de graves difficultés de recrutement. Près de 40% des praticiens déclarent en effet ne pas parvenir à recruter de personnel qualifié, un chiffre qui dépasse les 60% dans certaines professions. Cette tension affecte également l’hôpital public, où des services et de nombreux lits ont dû fermer faute de personnel.

Problèmes d’assurance

La FPLS dénonce par ailleurs le manque de reconnaissance et de prise en compte selon elle des autorités sanitaires. La fédération, ainsi que les syndicats non membres qui se sont associés à son initiative, ont ainsi rédigé un livre blanc de la santé, qui contient une trentaine de propositions. Sur le plateau de La 1ère Nouvelle-Calédonie, Patrice Gauthier a d’abord appelé à “sécuriser les paiements”, et à “travailler avec les assurances” qui “refusent de réassurer des locaux dans des zones à risques” ce qui “crée des déserts médicaux”.

Les syndicats demandent également à être associés aux décisions à travers une cellule de pilotage sanitaire dotée de réels pouvoirs. Cette cellule aurait vocation à mettre en œuvre les recommandations, dont celles formulées dans les rapports de l’Inspection générale des affaires sociales.

“À ce stade, ce n’est plus une crise, c’est une désintégration”, a insisté Xavier Delagneau, membre du conseil d’administration de la FPLS. Et pour le collectif, il y a urgence, car “aujourd’hui, il y a des morts faute de soins”.

[Avec la 1ère et AFP] 

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