Les chiffres du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) le disent : un peu plus de médecins, un peu plus de femmes, un peu plus de salarié-e-s.
Les derniers événements nous l’ont encore montré : Être une femme médecin en 2024 est très difficile, relève de la gageure, relève de l’exploit. 55 heures par semaine : la majorité des femmes travaillent et travaillent plus que ce que les clichés veulent bien leur faire faire…
Les hommes aussi
Mais si être une femme, c’est vouloir du temps : du temps pour bien faire son travail, du temps pour prendre soin de soi, du temps pour faire autre chose que bosser, loisirs famille, trouver du sens, n’est-ce vraiment l’apanage que des femmes médecins ? Ce n’est pas ce que me disent mes confrères hommes médecins !
Y a-t-il plus de violences envers les femmes médecins ? Plus de plaintes ? Est-ce qu’une femme est moins considérée qu’un homme ?
Le manque de moyens
Cette question mériterait une vraie étude sociologique, mais déjà le ressenti qu’on en a est que, globalement (mais particulièrement la violence), vient du manque de moyens : quand on ne peut rien faire d’autre qu’attendre, que négocier, que dire non, pas tout de suite : on génère de la frustration !
Manque de moyens humains, manque de moyens techniques : tous les jours, nous prenons des risques !
Quand le risque est mesuré, calculé par nos propres paramètres maitrisés de décisions médicales, on le prend car c’est notre job, mais quand il dépend de l’absence de moyens, c’est terrible… !
Exemple de la région Bretagne : 6000 euros
C’est la somme que nous pinaille l’ARS Bretagne pour financer notre agent de sécurité de la Maison médicale de garde présent tout le temps que nous y sommes, c’est-à-dire les heures sup’… Et pour avoir un ECG ? il faut écrire un protocole….
Alors faire des économies, c’est bien, rationnaliser les coûts, c’est bien aussi, mais se souvenir de ce qu’avait dit, en ouverture des Universités de la CSMF, Mme Agnès Buzyn alors ministre de la Santé, c’est mieux : il faut savoir parfois investir, c’est-à-dire dépenser de l’argent, au bon endroit et à bon escient, pour obtenir des soins de qualité qui au final nous ferons à tous gagner de l’argent.
Le choix du libéral générera des économies
Je suis syndiquée, membre du Conseil d’administration de mon Association Départementale pour l’Organisation de la Permanence des soins (ADOPS), secrétaire générale de l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Bretagne et récemment élue conseillère ordinale de CDOM 22.
C’est au nom de toutes ces casquettes que je demande à l’Etat, à l’ARS, de tenir ses engagements là où elle les a pris pour la médecine libérale, qu’elle soit en cabinet ou en établissement : financer des agents de sécurité dans toutes les maisons médicales de garde sans rechigner, gage de sécurité pour nos confrères qui y exercent le devoir déontologique de permanence des soins ;
Financer des imageries et des moyens techniques dans tous les déserts médicaux et pas que des médico-bus ! Les moyens appellent les effecteurs de soins : Pourquoi croyez-vous que les jeunes s’installent en ville ?
Parce que des critères purement chiffrés de démographie et de besoins en santé, commandent l’attribution de moyens ! Et personne ne veut s’installer où il va falloir dire non, pas maintenant, où il faudra passer des heures au téléphone pour obtenir des rendez-vous pour ses patients !
Les moyens, c’est ce qui est gage d’assurer notre obligation déontologique de mettre tout le soin au diagnostic ! Article 33 (article R.4127-33 du code de la santé publique).
Financer des postes d’interne en spécialité en cabinet de ville, hors établissements… pour apprendre aussi ce qu’est le plaisir de travailler en libéral !
Car c’est la médecine libérale qui sait le mieux trouver la juste rentabilité et donc dépenser le juste coût en termes de santé publique !
Dr Nadia SIMON, Vice-présidente Les Généralistes-CSMF, déléguée à l’exercice coordonné
|