Depuis fin janvier, le jeune collectif Infirmiers libéraux en colère multiplie les actions un peu partout dans l’hexagone pour faire entendre le mal-être d’une profession d’ordinaire “silencieuse”. Après avoir lutté “sans armes” durant la crise sanitaire, les infirmières libérales sont aujourd’hui assommées par une hausse des charges galopante combinée à des actes qui, eux, n’ont pas été revalorisés depuis 15 ans. La récente “chasse aux sorcières” opérée par l’Assurance maladie, avec des récupérations d’indus, n’a fait qu’accroître le sentiment de “mépris” qu’elles ressentaient déjà. L’heure est désormais à la révolte.

 

“J’avais choisi le libéral pour être au plus près des patients, et aujourd’hui, ce qui me fait du bien, c’est de ne plus être à leur contact.” Cette triste confession, c’est celle de Virginie, 40 ans, qui a cessé d’être infirmière libérale en septembre dernier. Epuisée, elle a lâché son cabinet de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) et pris un poste d’infirmière de coordination dans un centre hospitalier. Durant les six derniers mois de son exercice libéral, cette maman avait dû arrêter de se payer afin de se constituer une trésorerie. La quadragénaire avait en effet perdu “à peu près 30% de [son] activité” sur la période, entre autres à cause d’une “grande vague de décès” chez ses patients et d’une baisse des prescriptions de soins infirmiers liée à la pénurie de généralistes sur son secteur. Ses charges fixes, elles, continuaient néanmoins d’augmenter : prévoyance, carburant, consommables, logiciel métier… Elle s’est rapidement retrouvée étouffée par les dépenses. “Ce n’est pas normal de passer presque six mois sans se verser de salaire juste parce qu’il faut payer les charges !” Pour son “bien-être personnel“, Virginie a donc décidé de dire stop à la rentrée. “J’étais tellement écœurée que je n’ai pas vendu mon cabinet, je l’ai cédé…”, lâche-t-elle, émue.

Virginie a pourtant essayé de se battre, d’alerter. En janvier 2023, elle a été parmi les premières à rejoindre le collectif Infirmiers libéraux en colère (Ilec), qui venait tout juste de voir le jour. Elle a même endossé le rôle d’administratrice du collectif dans sa région, l’Occitanie. En mai dernier, la soignante a mobilisé ses consœurs et confrères à l’occasion d’une grande manifestation, à l’issue de laquelle elle a été reçue par la CPAM et l’agence régionale de santé. Objectif : alerter les pouvoirs publics sur les problématiques financières de la profession, mais pas seulement. “Je revendiquais surtout l’accès aux soins. Le drame d’aujourd’hui, c’est que les patients en déserts médicaux n’y ont plus accès. Et les infirmières se retrouvent très seules face à des situations parfois complexes, notamment face à des personnes âgées dépendantes…” Mais ses alertes sont restées lettre morte. “Un jour, c’est trop…” Si Virginie a pu sortir la tête de l’eau, c’est parce qu’elle n’était “pas seule”, et que son mari a pu “nourrir le foyer”, assure-t-elle. “Mais il y a des mères isolées qui contractent des emprunts pour payer leurs charges…”

 

 

Aujourd’hui, Virginie se dit “plus sereine”, mais elle n’en oublie pas pour autant ses collègues libérales. Elle continue d’ailleurs à prendre part aux actions menées par le collectif. Car “si la ville ne tient pas, l’hôpital s’écroule”, craint celle qui tractait la semaine dernière aux abords des péages de la périphérie toulousaine. Opérations escargot, tractages dans les gares, sur les routes… Depuis fin janvier, Infirmiers libéraux en colère, qui compte désormais plus de 17 000 membres sur Facebook, a intensifié ses actions un peu partout en France pour faire entendre la voix de la profession, d’ordinaire “silencieuse”. “Quand on a vu le mouvement des agriculteurs en début d’année, on s’est dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire de notre côté. Pourquoi les infirmières libérales, qui sont toujours très discrètes, ne pourraient pas elles aussi se faire entendre ?”, interroge Gaëlle Cannat, 45 ans, coprésidente du collectif, qui souligne néanmoins la difficulté de “réunir”. “Nous avons une obligation de permanence des soins, de continuité des soins.”

 

“Des infirmières n’arrivent pas à se dégager 800 euros par mois”

Gaëlle Cannat était là aux prémices du collectif, fin décembre 2022. “Des infirmières de Martigues avaient écrit une lettre ouverte afin de la diffuser un peu partout. Elles avaient créé un groupe WhatsApp au sein duquel j’ai été intégrée via ma CPTS. Je leur ai conseillé de faire une pétition. C’est moi qui l’ai mise en ligne. Ça a été un raz de marée”, rapporte l’infirmière, titulaire d’un cabinet à Aix-en-Provence. Dans cette pétition – qui totalise plus de 125 000 signatures, le collectif alerte sur l'”épuisement psychologique et physique” des IDEL*, “applaudies tous les soirs à 20h pendant le confinement” et pourtant “oubliées” du Ségur de la santé. “Il y a une certaine amertume chez les infirmières libérales qui ont, pour beaucoup, sacrifié leur vie privée pour soigner”, constate Gaëlle Cannat. Le collectif porte une dizaine de revendications visant à améliorer les conditions de travail, au premier rang desquelles une revalorisation de la lettre clé (AMI), “qui n’a pas été revalorisée depuis quinze ans”. Il demande qu’elle soit portée à 4 euros, contre 3,15 euros actuellement (depuis 2009). “Et il faut qu’elle soit indexée sur l’inflation”, exige Gaëlle Cannat.

L’inflation a en effet violemment percuté la profession libérale. “Tout a augmenté, sauf ce que l’on touche, dénonce l’infirmière engagée depuis qu’elle est étudiante. Par exemple, le prix de la paire de gants en latex a pris 230% depuis le Covid.” Pour payer ses charges, la coprésidente du collectif indique devoir prendre “3 à 4 patients” en plus chaque jour. Elle estime toutefois être “chanceuse” d’avoir des patients. “Depuis un an, j’entends parler de dizaines de cas de cabinets qui ferment parce qu’ils ne tiennent plus financièrement, surtout dans les déserts médicaux. Moi je n’ai pas vraiment de perte de chiffres d’affaires, mais je dois travailler plus… Et dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes. On prend moins le temps avec le patient, le travail de prévention est moins bon… Je ne suis pas sûre qu’on soigne aussi bien”, regrette-t-elle, “fatiguée”.

“En quinze ans, on a eu une perte de 20 à 25% de pouvoir d’achat”, abonde Ghislaine Sicre, présidente du syndicat Convergence Infirmière, qui a initié en décembre 2022 une grève des soins et assure “soutenir tous les mouvements infirmiers”. “Cela veut dire que les infirmières libérales doivent courir après les soins et faire plus d’heures pour maintenir leur chiffre d’affaires. La période est très compliquée. Pas mal de professionnelles nous appellent pour nous dire que, n’y arrivant plus, elles vont faire des vacations dans des cliniques ou des maisons de retraite pour arriver à joindre les deux bouts, c’est gravissime !” “Il y a des infirmières qui n’arrivent pas à se dégager 800 euros par mois pour vivre”, ajoute Franck Ribière, président de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil), qui soutient le collectif dans son combat.

Outre les charges liées au fonctionnement du cabinet et au matériel, les infirmières ont subi de plein fouet la hausse des prix du carburant. Car “90 à 95% des actes” qu’elles réalisent se font au domicile des patients, souligne John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). Le 16 juin dernier, dans le cadre de négociations “express”, la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) a accordé une hausse de 25 centimes de l’indemnité forfaitaire de déplacement (IFD), qui est passée de 2,50 euros à 2,75 euros le 28 janvier 2024. “Un premier pas” pour le Sniil, qui a signé cet avenant 10, mais pour Gaëlle Cannat du collectif Infirmiers libéraux en colère, ce ne sont que “des miettes”. “On nous a critiqué pour avoir signé, mais c’était 10% d’augmentation ou rien !”, justifie le chef de file du Sniil. Le collectif défend, lui, une IFD à 5 euros et le doublement des tarifs de l’indemnité kilométrique. “Les sages-femmes viennent d’obtenir 10 euros pour leurs déplacements [dans le cadre de la signature de l’avenant 7, NDLR], relève la présidente de Convergence Infirmière, qui a refusé de signer l’accord conventionnel du mois de juin. Le temps d’un médecin ou d’une sage-femme n’a peut-être pas la même valeur que le temps infirmier, mais nos charges sur les déplacements sont les mêmes !”

 

“Chasse aux sorcières”

Dans ce contexte de tensions et de réduction drastique du pouvoir d’achat des infirmières libérales, les procédures de récupération d’indus menées par les CPAM ont été vécues comme une énième forme de “mépris” de la part des pouvoirs publics, juge Ghislaine Sicre, qui parle de “chasse aux sorcières”. “Quasiment chaque IDEL de ce pays a reçu des indus !”, indique Lilette, 57 ans, infirmière libérale à Nice, pour qui ce “harcèlement” ajoute “à notre détresse”. “Si un médecin prescrit un soin à 7h, il faut la mention ‘exécution de nuit impérative’ mais très peu de médecins sont au courant… on passe notre temps à faire refaire des ordonnances pour ne pas avoir d’indus. On devient parano.” “Il y a une pression qui se crée sur la profession, qui est complètement désorientée”, ajoute John Pinte. “On dépend systématiquement d’une prescription médicale. Si elle est mal rédigée, c’est l’infirmière qui est pénalisée…” Ces indus sont notifiés “sans discernement”, estime également Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), qui demande l’arrêt “du harcèlement” qui “insécurise l’exercice”. “On est des cibles privilégiées, poursuit-il, parce qu’on intervient au long cours chez les patients avec des passages quotidiens voire pluriquotidiens. C’est plus facile d’aller chercher des indus dans une profession comme la nôtre que chez des médecins qui interviennent en ‘one-shot’ sur une consultation.”

 

 

Franck Ribière dénonce pour sa part une hyper-judiciarisation. “Les procédures de récupération d’indus ont toujours existé mais elles se sont amplifiées” avec des sommes réclamées “parfois exorbitantes”, indique le président de l’Onsil. “Quand vous demandez jusqu’à 200 000 euros à une infirmière, vous la tuez ! Il vaut mieux être dealer de drogue qu’infirmière”, s’insurge-t-il. Le syndicaliste se demande si ces pressions exercées sur la profession “ne sont pas voulues”. “On crée la peur permanente de l’erreur. L’Etat étouffe les infirmières, leur met des contraintes sur le dos et les accuse de fraudeuses”, regrette Franck Ribière. “Cette stratégie de l’étouffement est peut-être intentionnelle pour éliminer un exercice libéral qui coûte trop cher à l’Etat.”

Ghislaine Sicre – qui demande une “réforme des procédures de contrôle avec l’introduction d’un droit à l’erreur” – incrimine la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP), “extrêmement complexe et illisible”. “Elle est à plus de 100 actes ! Des actes peuvent se cumuler, d’autres non… Les infirmières ont très peur de coter. Elles ne savent pas ce qu’elles peuvent faire. Il y a des avis des CPAM ou d’organismes de formation qui divergent.” La présidente de Convergence Infirmière observe également que les “ordonnances des médecins ne sont souvent pas libellées” conformément à la NGAP. Le collectif Infirmiers libéraux en colère réclame une révision de la NGAP, “a minima tous les 5 ans”, “avec des définitions claires ne laissant pas la place à l’interprétation”.

 

“Je ne me vois pas faire mon métier à 67 ans”

Ce “cocktail explosif”, pour reprendre les termes de Daniel Guillerm (FNI), a plongé la profession dans un malaise profond. Une enquête menée en décembre 2022 par Convergence infirmière et à laquelle plus de 6 000 IDEL ont répondu, révèle que 56% des infirmières libérales envisagent de changer de métier d’ici 5 ans. “Cela prouve le dégoût et l’écœurement de la profession”, regrette Ghislaine Sicre. Le syndicat – tout comme le collectif Infirmiers libéraux en colère – réclame ainsi une reconnaissance de la pénibilité du métier, et que les IDEL puissent obtenir une retraite à taux plein dès 62 ans, avec un départ anticipé possible à 60 ans. “On démarre tôt le matin, on finit tard le soir, on porte des charges lourdes… Je ne me vois pas faire mon métier à 67 ans”, confie Gaëlle Cannat, coprésidente. “La retraite à 67 ans… je serai juste morte avant car notre espérance de vie est inférieure à la moyenne”, confie Lilette. “Beaucoup d’infirmières consomment des médicaments, ont des douleurs, des troubles musculosquelettiques”, indique Ghislaine Sicre.

 

Blouse de Lilette, infirmière libérale de 57 ans. 

 

“Demander la retraite à 62 ans dans le contexte actuel est complètement incohérent, pense John Pinte. En revanche, il faut se battre sur le champ de la pénibilité, ce qui permettrait de gagner du temps sur la retraite.” Le président du Sniil se montre par ailleurs sceptique quant aux résultats de l’enquête de Convergence Infirmière : “Si vous demandez à d’autres professionnels s’ils se verraient quitter leur métier dans cinq ans, je pense que beaucoup diront oui. De là à passer à l’acte… Je n’en suis pas sûr.” Pour lui, ces chiffres ne représentent pas forcément la réalité du terrain. “C’est peut-être ceux qui sont les plus en colère qui ont répondu.” “Pour l’instant, il n’y a pas eu un fort engouement vers le départ. Après, ce qu’il en sera dans cinq ans, je n’en sais rien…”, ajoute-t-il.

 

Désunion syndicale

Si le Sniil comprend “la colère” des infirmières libérales, il n’appelle pas, pour l’heure, à rejoindre le mouvement initié par le collectif Infirmiers libéraux en colère. Car “si certaines revendications sont légitimes, comme la revalorisation de l’AMI, d’autres sont un peu hors sol”, estime John Pinte. “Dans les derniers avenants, on a revalorisé pas mal d’actes, donc quand les infirmières disent qu’elles n’ont pas été revalorisées depuis 2009, je ne peux pas le défendre […]. On a maintenu notre chiffre d’affaires moyen. Mais on voit que les bénéfices ont baissé. C’est ça la réalité de l’inflation, il faut rapidement la compenser.” Le syndicaliste se montre quelque peu agacé par les “scenarii catastrophe” véhiculés. Et déplore que les discussions soient essentiellement “tournées sur le pouvoir d’achat” au détriment des “nouvelles compétences” infirmières. “Si on reste comme ça, que va devenir le métier dans 10 ans ?”

La FNI n’a pas non plus appelé ses adhérentes à la mobilisation. “Je ne considère pas que les revendications portées par le collectif sont illégitimes mais la forme me pose problème”, explique Daniel Guillerm. “On ne peut pas s’affranchir du contexte économique dans lequel on est. Il faut trouver une voie de passage pour satisfaire ces demandes. On pourrait faire de l’affichage, mais ce n’est pas la voie qu’on a choisie”. Le Sniil, la FNI et Convergence Infirmière ont été reçus par le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, cette semaine. Les trois syndicats représentatifs ont demandé l’ouverture de nouvelles négociations conventionnelles pour satisfaire les demandes de leur base. “Il faut qu’on puisse entendre le malaise infirmier, recréer un pacte de confiance avec les infirmières libérales, défend Ghislaine Sicre. Il faut un geste du Gouvernement avec l’ouverture de négos et des actes derrière… On ne se paie pas avec des mots et des effets d’annonce.”

Le collectif Infirmiers libéraux en colère regrette pour sa part de ne pas avoir pu s’exprimer devant le locataire de l’avenue de Ségur. “On attend notre tour, mais je ne suis pas sûre que recevoir les syndicats va apaiser la profession”, estime Gaëlle Cannat, rappelant le faible nombre d’infirmières syndiquées. La coprésidente du collectif, qui se veut “apolitique” et “asyndical”, déplore une forme de “mépris” des syndicats représentatifs. “Nous les infirmières, on a du mal à faire corps”, regrette-t-elle. “On a l’impression de lancer l’alerte et de faire ouvrir les portes du ministère aux syndicats et puis rien… Nous ne sommes pas là pour prendre leur place, mais on est complémentaires”, poursuit Gaëlle Cannat. L’Onsil, qui n’est pas représentatif, déplore également cette désunion. “Nous sommes le seul syndicat à revendiquer une intersyndicale car pour nous, ce n’est pas une option mais la solution. On se bat pour les mêmes choses ! Cela ne sert à rien de se disperser pour produire les mêmes demandes…”, regrette Franck Ribière. Le syndicat n’a pas été reçu non plus au ministère de la Santé.

Pour Franck Ribière, “la parole appartient aujourd’hui à Infirmiers libéraux en colère”. “Pour une fois que la base s’exprime, on ne veut pas éteindre cette flamme.” “Les collectifs s’affranchissent du cadre réglementaire d’ouverture des négociations. Il faut une lettre de cadrage du ministre de la Santé qui doit avoir l’aval de Bercy. Ce n’est pas aussi simple que de réclamer sur un péage d’autoroute”, juge Daniel Guillerm, qui a “le sentiment d’avoir été entendu” par Frédéric Valletoux.

De son côté, le collectif n’entend pas relâcher la pression. Il prévoit de nouvelles actions ce samedi 24 février, notamment des tractages, dans plusieurs grandes villes, puis le 9 mars. “On vise les samedis des vacances pour plus de visibilité”, explique Gaëlle Cannat. Seul un rendez-vous avec le ministre pourrait faire interrompre la mobilisation, poursuit-elle. “Après à voir si cela aboutit à quelque chose.” Le 19 mars, Convergence Infirmière prévoit également une grande mobilisation nationale à laquelle se joindra le collectif, “puis tous les 15 jours jusqu’aux Jeux olympiques. On rentre vraiment dans le dur”, prévient Ghislaine Sicre, qui salue le collectif qui a su “mobiliser la profession”. Le Sniil et la FNI ne se prononcent pas encore.

 

* Infirmière diplômée d’Etat libérale.

 

“On vit les négociations médecins avec beaucoup d’angoisse”

Depuis le 15 novembre dernier, la Caisse nationale de l’Assurance maladie a rouvert les négociations avec les six syndicats de médecins libéraux. En février 2023, les représentants de la profession avaient refusé de signer le projet de convention de la Cnam le jugeant méprisant au regard de “l’engagement territorial” qui conditionnait l’accès à des revalorisations supérieures. Après plusieurs mois de règlement arbitral, les partenaires conventionnels ont ainsi repris le dialogue avec une volonté d’apaisement. Mais les nouvelles propositions tarifaires de la Cnam, exposées le 8 février, ne satisfont toujours pas les médecins libéraux. La Cnam s’est dit prête à financer une hausse du G à 30 euros mais sans donner de calendrier “de montée en charge”, et en contrepartie d’engagements collectifs. Asphyxiées, les infirmières libérales scrutent ces échanges avec attention. “On vit cela avec beaucoup d’angoisse, confesse Gaëlle Cannat, coprésidente du collectif Infirmiers libéraux en colère. On se demande si en contrepartie de revalorisations, on ne va pas leur demander de faire moins d’ordonnances infirmières”, explique la soignante, qui souligne l’importance du binôme médecin-infirmière.

Du côté des syndicats, le sentiment d’être les “laissés pour compte” est présent. De son côté, Daniel Guillerm, président de la FNI, a l’impression que “la tartine tombe toujours du bon côté pour les mêmes acteurs”. “Ce qui m’a mis très en colère, c’est le fait que Thomas Fatôme [DG de la Cnam, NDLR] justifie le passage de la consultation à 30 euros sur l’inflation. Cette inflation touche tous les professionnels de santé, pas que les médecins !” La Cnam “a une vision très médico-centrée, elle ne veut pas froisser les médecins au détriment des autres” professions, regrette John Pinte, président du Sniil. “On passe souvent en dernier…”, s’accorde Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière depuis 2014.

 

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Louise Claereboudt

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