Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a demandé vendredi 15 décembre aux trois grandes familles de complémentaires santé (mutuelles, assureurs, institution de prévoyance) de limiter les hausses de cotisations pour 2024.

 

“Les Français ne doivent pas être la variable d’ajustement” des complémentaires santé, a-t-on indiqué au cabinet d’Aurélien Rousseau, après des échanges “francs et nourris” entre le ministre et les trois fédérations de complémentaire santé, la Mutualité Française (fédérant les sociétés à statut mutualiste), France Assureurs (sociétés d’assurance) et du CTIP (institutions paritaires)

Le ministère de la Santé peut “s’expliquer” des hausses “de 5 à 7 %”, mais pas plus, a indiqué la même source. “C’est aux complémentaires de santé en tant qu’acteurs économiques d’être capables de limiter” les hausses, “il y a des leviers disponibles”, a-t-on ajouté. Les complémentaires santé, qui remboursent les soins avec l’Assurance maladie, veulent procéder à des hausses de tarifs substantielles pour l’année 2024. Ces hausses sont généralement estimées par les experts à entre 8 et 12 %.

La Mutualité française, qui fédère les complémentaires santé de statut mutualiste, publiera une première indication des hausses la semaine prochaine. Vendredi dernier, Florence Lustman, la présidente de France Assureurs, a estimé que des hausses étaient nécessaires pour préserver les équilibres économiques des complémentaires, dans un contexte de hausse inexorable des dépenses de santé.

 

 

En 2021, les complémentaires “arrivaient tout juste à l’équilibre technique”, d’après les propres chiffres de la Drees (la direction statistique des ministères sociaux), a-t-elle indiqué à l’AFP après la réunion avec Aurélien Rousseau.

“Depuis, les prestations ont augmenté plus vite que les cotisations”, a-t-elle ajouté, évoquant une “augmentation du risque” des Français dans le domaine de la santé. “Les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse nationale, et cela s’accélère”, a confirmé Eric Chenut, le président de la Mutualité française. Donc “il faut leur consacrer davantage de ressources”, a-t-il dit.

L’État, l’Assurance maladie et les complémentaires “ont une responsabilité commune” et doivent travailler ensemble pour investir notamment dans la prévention, a-t-il dit. De son côté, l’État vise en particulier les dépenses de fonctionnement des complémentaires santé, qu’il trouve trop élevées. “Il y a un manque de proactivité ou une incapacité de certains acteurs à réguler les frais de gestion qui nous interroge”, a-t-on indiqué dans l’entourage du ministre.

Selon la Drees, les complémentaires santé conservent environ 20 % de l’argent qu’elles collectent pour assurer leur fonctionnement. Cette part est stable depuis 2015.

 

[Avec AFP]

 

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Marion Jort

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