Aux quatre coins de France, les cris d’alarme de citoyens faisant face à des difficultés d’accès aux soins se font plus sourds année après année. En ville comme à l’hôpital, le manque de soignants inquiète et fait la Une de la presse locale. Pourtant, note le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) dans son dernier bulletin publié vendredi 28 avril, nous n’avons “paradoxalement” jamais “eu autant de médecins” sur notre sol. Si elle n’a pas encore dévoilé son atlas 2023 de la démographie médicale, l’institution révèle certaines données inédites. Focus en 10 chiffres clés.

 

C’est le nombre de médecins en activité, régulière ou intermittente (remplacements ou contrats salariés courts pour l’essentiel), au 1er janvier 2023. Ce chiffre comprend les praticiens retraités qui poursuivent une activité. Cela représente une hausse de 8,5 % depuis 2010. “Paradoxalement, jamais la France n’a donc eu autant de médecins !”, souligne le vice-président du Cnom, le Dr Jean-Marcel Mourgues, dans le bulletin mars-avril 2023 de l’Ordre, publié vendredi dernier.

L’élu ordinal soulève une ombre au tableau : les seuls médecins poursuivant une activité régulière sont, eux, en très légère baisse depuis 2010 (-1,3 %).

 

 

100 928

Cette féminisation se lit dans les statistiques de l’Ordre depuis plusieurs années. Dans son précédent atlas, le Cnom indiquait qu’au 1er janvier 2022, les femmes représentaient 52,5 % des effectifs de généralistes en activité régulière (contre 50,4 % au 1er janvier 2020 et 39,2 % en 2010). Une proportion bien plus importante lorsque l’on tient compte des médecins les plus jeunes (de moins de 40 ans) : en 2020, elles représentaient alors 65 % des généralistes de cette catégorie. Nous ne connaissons pas encore l’évolution sur l’année 2023.

 

85 %

Parmi les 60 474 médecins généralistes de premiers recours inscrits à l’Ordre au 1er janvier 2023, 85 % exercent en libéral – soit 51 362 MG, 5,5 % sont salariés (3 363) et 9,5 % ont une activité mixte (5 749).

 

48,2 %

Au cours des treize dernières années, l’activité salariée a toutefois détrôné l’activité libérale. Au 1er janvier 2023, l’Ordre a dénombré 48,2 % de médecins salariés, 41,5 % de médecins libéraux exclusifs et 10,2 % de médecins ayant une activité mixte. Des niveaux sensiblement identiques à ceux de 2022 : 41,54 % des médecins en activité régulière exerçaient uniquement en libéral, 10,26 % avaient une activité mixte, et 48,10 % étaient salariés.

 

Il y a 13 ans, l’activité libérale figurait en première position avec 46,5 % des médecins ayant choisi ce mode d’exercice. Venait ensuite le salariat (41,9 %), puis l’activité mixte; avec 11,5 % des médecins ayant opté pour cet exercice.

Le mode d’exercice varie toutefois particulièrement selon la spécialité, précise le Cnom, dans son bulletin paru vendredi. Chez les libéraux en activité régulière, 56,3 % sont généralistes, 43,4 % sont médecins spécialistes chirurgicaux et 27,3 % sont médecins spécialistes médicaux. Chez les salariés, 61,9 % sont médecins spécialistes médicaux, 37,3 % sont des généralistes et 35,3 %, des spécialistes chirurgicaux.

 


Source : bulletin mars-avril 2023 du conseil national de l’Ordre des médecins

 

51,1 ans

En moyenne, les médecins en activité sont âgés de 48,6 ans, relève le Dr Mourgues. En 2013, cette moyenne s’établissait à 51,6 ans. Le praticien de Pujols observe ainsi que “le rajeunissement est à l’œuvre”. La proportion de médecins de moins de 40 ans est ainsi de 29,8 % au 1er janvier 2023, contre 19,1 % en 2020 et 13,8 % en 2010. La proportion de médecins de 60 ans et plus s’élève, elle, à 24 %. En 2020, ils représentaient 47,3 % de l’ensemble des inscrits.

L’âge moyen des généralistes de premier recours baisse également. Au 1er janvier, il atteint 51,1 ans, contre 51,9 ans en 2010.

 

59 %

Près de six médecins sur 10 qui sortent d’une activité régulière sortent pour retraite sans activité médicale ou pour un cumul emploi-retraite.

 

-1146

20 spécialités présentent des “balances négatives”, entre entrants et sortants. La médecine générale fait partie des spécialités les plus touchées par cette balance négative avec -1 146 médecins. La chirurgie générale a, elle, perdu 328 médecins et l’ophtalmologie, 119. Toutes spécialités confondues, la balance des actifs réguliers apparaît négative (-374 médecins) entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2023.

 

+214

A contrario, 33 autres spécialités s’en sortent mieux, et présentent des “balances positives”. Ainsi, en 2022, la gériatrie était excédentaire de 214 médecins, la chirurgie orthopédique et traumatologique de 93 médecins, et la neurologie de 88 médecins.

 

577,3

Visibles dans la presse locale, les inégalités territoriales en matière d’accès aux soins sont a fortiori toujours une réalité en 2023. Les départements présentant les densités médicales les plus faibles en termes de nombre de médecins activité régulière pour 100  000 habitants de 65 ans et plus sont : la Nièvre (577,3 médecins), la Creuse (552,5) et l’Indre (531,4). En 2013, l’Ordre alertait déjà sur la forte baisse des effectifs de médecins dans la Nièvre (-11,8 %) et dans l’Indre (-10,9 %).

 

 

Une image contenant carte Description générée automatiquement
Source : Atlas de la démographie 2013

 

4071,8

À l’inverse, d’autres territoires apparaissent plus dotés. “Les départements les plus densément peuplés présentent les densités les plus fortes”, constate l’Ordre. Ainsi, on retrouve à la première place Paris, avec 4 071,8 médecins pour 100 000 habitants, puis le Rhône (2 434,9) et le Val-de-Marne (2 263,3).

 

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Louise Claereboudt

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