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EGORA – Buzyn, Véran, Philippe… un rapport confidentiel accable le Gouvernement sur la gestion du Covid

Un rapport non publié de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) portant sur la période juillet-octobre 2020, révélé par Le Parisien, conclut que la gestion de la crise Covid par le Gouvernement a été vivement critiquable. “Impréparation”, “désorganisation” et “circuit de décision ‘peu lisible’”… aucun acteur n’est épargné.

 

Il fait 205 pages et est estampillé “confidentiel”. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), portant sur la période de mi-juillet à novembre 2020, vient d’être révélé par nos confrères du Parisien. Ce long document, commandé par Olivier Véran lorsqu’il était ministre de la Santé, avait pour objectif d’être “préparatoire à une décision administrative” et d’identifier “les réussites, les difficultés et les lacunes” révélées par le Covid. Il doit également servir à “tirer les leçons de manière constructive, collective et transparente” en cas de rebond épidémique.

“Leur constat, quasi-clinique, est accablant : impréparation, désorganisation et circuit de décision ‘peu lisible’… On comprend pourquoi l’avenue de Ségur espérait bien ne jamais rendre public cet audit !”, raillent nos confrères. En effet, l’Igas balaie tous les acteurs, sans ménagement.

Elle pointe d’abord du doigt le centre de crise. Mi-février 2020, au début de l’épidémie sur notre sol, le centre de crise travaillait grâce au renfort de volontaires. Des agents “sans aucune précision de compétences nécessaires”, précise le Parisien, seront appelés depuis d’autres administrations et nommés à partir du 10 mars, soit 24h avant que l’OMS qualifie le Covid de “pandémie mondiale”. Quant au Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales (Corruss), il a bien été activé fin janvier, mais n’était composé que de 11 agents.

L’Igas relève par ailleurs que le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, assumait à cette époque trois fonctions : la direction stratégique, la direction scientifique et la direction des opérations de la crise. Pour les inspecteurs, il résulte de cela une surcharge de la DGS. Il est “indispensable”, selon eux, de mettre en place un centre de crise “véritablement ministériel” avec des renforts “préalablement désignés et formés à la gestion de crise”, dévoile le journal. D’autant que la cellule interministérielle, qui peut être activée au début des crises, ne l’a été que le 17 mars, soit au moment du premier confinement.

Dans son article, le Parisien note aussi un “bazar son nom” à propos du fonctionnement du centre de crise sanitaire. “L’organisation de la gestion de crise a connu un éclatement tel qu’au cours de la mission, aucun acteur rencontré n’a semblé en avoir une vision claire et exhaustive, quel que soit son niveau hiérarchique. Ce manque de vision d’ensemble a conduit à des activités conduites en doublon, mais aussi à l’absence de prise en charge de certains sujets, en particulier par anticipation”, écrit l’Igas.

 

 

Plus problématique, le rôle de la direction des opérations n’a pas été affiché dans l’organigramme des services gouvernementaux. Il y a donc eu prolifération de cellules “dédiées”, comme pour la communication, les publics précaires, la logistique, les masques… entre début mars et début juin, plus de 25 organigrammes ont été comptabilisés au total.

Quant aux masques, si la question est vite apparue “centrale”, selon les inspecteurs, Santé publique France (SpF), agence qui était chargée de l’acquisition, du stockage, de la distribution et du transport n’était pas du tout préparée. L’agence ne disposait pas d’équipes d’acheteurs “en capacité d’agir sur les marchés chinois en particulier, ni de compétences logistiques permettant de créer une supply chain dans des délais extrêmement courts”. Alors qu’il y a eu des “échanges d’informations” difficiles entre organes gouvernementaux, notent-t-ils, SpF n’a pas compris qu’une cellule logistique avait demandé d’ajouter un second pont aérien entre la Chine et la France pour fournir les Français. “Pendant que les soignants dans les hôpitaux manquaient cruellement d’équipements de protection individuels, notamment de ces précieux bandeaux à élastiques, deux entités de l’État se disputaient âprement”, relève enfin le Parisien.

A ce jour, Agnès Buzyn est mise en examen pour “mise en danger de la santé d’autrui”. L’ex-Premier ministre, Edouard Philippe, est placé sous le statut de témoin assisté. Olivier Véran, toujours au Gouvernement, est également visé par l’enquête.

 

[Avec Le Parisien]

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Marion Jort

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