D’après la Fédération hospitalière de France (FHF), qui publie ce jeudi 23 juin une étude sur le manque de personnels dans les établissements de santé, le recrutement d’infirmières est la priorité des trois quarts des hôpitaux.

 

La tension est de plus en plus importante à l’hôpital, et le manque de personnel ne diminue pas. La FHF a dévoilé, ce jeudi 23 juin, une étude sur la situation des personnels, en se basant sur les mois d’avril et mai 2022 pour la France métropolitaine ainsi que la Guadeloupe et la Réunion.

La FHF tire ainsi la sonnette d’alarme. La priorité est au recrutement des infirmières pour 74 % des CH, 55 % des CHU et 41 % des Ehpad.

 

 

D’après cette enquête comprenant à la fois les hôpitaux et les Ehpad, 99% des établissements publics reconnaissent avoir des problèmes de recrutement. Mais, dans les hôpitaux, hors CHU, la situation “s’est plus fortement dégradée”, avec un doublement des postes d’infirmières non pourvus (6,6 % en avril 2022 contre 3 % en 2019).

 

 

Parmi les secteurs qui peinent à recruter, le premier est la gériatrie, avec 85 % de difficultés à embaucher en CH et 90 % en CHU. D’autant que dans ce secteur, il est essentiel d’exercer la nuit. La FHF a relevé une tendance des IDE à moins postuler pour des contrat de nuits. Elles cherchent en particulier une meilleure reconnaissance de leur travail et une meilleure séparation entre leur vie professionnelle et personnelle, ce qui est difficilement compatible avec le travail de nuit et les astreintes. Les blocs opératoires, la médecine (lesservices non spécialisés) puis la psychiatrie rencontrent également de fortes difficultés de recrutement.

 

La rémunération, dernier critère dans la recherche d’un poste

Si les infirmières postulent peu, c’est aussi parce que les priorités d’embauches ont changé. Selon une autre étude réalisée par la FHF, “la rémunération n’est plus aussi importante, c’est même le dernier critère dans la recherche d’un poste. Le premier, c’est l’intérêt du travail, si on se sent bien dans ce que l’on fait, puis les conditions de travail, l’ambiance…”, explique Sophie Marchandet, responsable du pôle ressources humaines à la FHF. Cela suit la logique développée par Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF : “on le voit aujourd’hui, on a augmenté le coût de l’intérim à environ à 4.000 euros par jour, et ce n’est pas la solution.

Quant à la réintégration du personnel suspendu, souvent donnée comme solution pour combler le manque d’effectifs, leur nombre est peu significatif d’après la FHF, qui estime qu’ils étaient environ 480, soit 0.4 % du personnel au 1er avril 2022.

 

Valletoux “inquiet” pour cet été

A l’approche de l’été, Frédéric Valletoux, président de la FHF, s’est dit “inquiet” sur la situation… “Tout va être mis en œuvre pour que l’hôpital ne soit pas débordé.” Au 20 mai, selon l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), 120 services d’urgence avaient dû fermer ou restreindre leur activité. La FHF n’a quant à elle pas été en mesure d’indiquer le nombre de lits qui vont devoir être fermés faute de personnels pour assurer la qualité des soins. “Un été difficile se profile sur le plan notamment de la gestion des soins programmés”, indique toutefois la FHF.

Pour pallier le manque d’effectifs à l’approche de l’été, un plan de continuité des soins sera mis en place pour les patients. Par ailleurs, les conclusions de la “mission flash”, menée par le Pr Braun, sont attendues d’ici la fin du mois.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Mathilde Gendron

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