MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 12 avril 2022

 

 

LE NAUFRAGE

Le collège de la Haute Autorité de santé (HAS), dans une lettre ouverte, a alerté sur l’état de naufrage du système de santé français et a appelé à la mise en place de mesures urgentes pour redresser le navire. Les causes en sont multiples et concernent aussi bien l’hôpital public et des établissements sociaux et médico-sociaux que la ville.

L’hôpital public a pourtant bénéficié d’aides financières majeures dans le cadre du Ségur de la santé, mais l’organisation et le management de ces établissements provoquent une hémorragie de son personnel soignant. Les fermetures de plus en plus fréquentes des services d’urgence partout en France en sont le meilleur exemple, avec le report inévitable vers la médecine libérale de tous les patients qui y trouvent portes fermées.

La médecine libérale cumule les handicaps, car non seulement elle n’a bénéficié d’aucune aide financière pour la rendre plus attractive mais elle souffre d’une démographie de plus en plus déficitaire qui entraîne une activité plus importante pour les médecins, parfois au-delà du supportable.

La médecine ambulatoire ne peut rester sourde aux demandes des Français d’obtenir une meilleure réponse à leurs demandes de soins.

Individuellement, les médecins généralistes libéraux ne peuvent consacrer plus de temps à leur activité professionnelle car, dans les zones sous-dotées, la taille de leur patientèle est déjà 2 à 3, voire 4 fois, supérieure aux patientèles moyennes des médecins généralistes français.

Ce ne sont pas les propositions d’un président de la République promettant l’obligation pour les futurs médecins d’aller exercer dans des déserts médicaux, le salariat des médecins et à nouveau l’obligation de participer à la permanence des soins (PDSA) qui vont améliorer l’accès aux soins. Au contraire, en plus de leur caractère inapplicable, ces mesures détourneraient ces futurs médecins de la médecine générale.

Si individuellement nous ne pouvons améliorer l’accès aux soins, collectivement nous avons le devoir de prendre en charge toute la population de nos territoires.

Pour cela, nous devons innover dans nos organisations professionnelles. Ces innovations sont connues : embauche d’un assistant médical à temps plein par médecin, travail avec une infirmière en pratique avancée, inciter à un exercice dans des cabinets secondaires, faciliter le cumul emploi-retraite en libéral, mettre en place un service d’accès aux soins dans chaque département qui apporte une réponse médicale à chaque demande de soins, permettre une organisation de la PDSA attractive et adaptée aux besoins de la population comme dans certains départements où, malgré une très faible démographie médicale, plus de 90 % des médecins généralistes participent à la PDSA.

Aujourd’hui, le gouvernement, au lieu d’être un facilitateur pour la mise en œuvre de ces innovations, est le principal frein au développement de ces nouvelles organisations. Chacune d’entre elles est associée à de nouvelles contraintes pour les médecins généralistes, qui ne peuvent que les dissuader de s’engager sur la voie du changement. L’exemple caricatural aura été en 2021 les négociations de l’avenant n° 9 à la convention médicale, qui ont entraîné la faillite des projets de services d’accès aux soins (SAS) alors que ceux-ci avaient pour objectif de permettre à chaque Français d’avoir accès à un médecin généraliste.

Le gouvernement doit de toute urgence « changer de braquet » et faire confiance aux médecins libéraux s’il ne veut pas être le seul responsable du naufrage annoncé par la HAS.

Collectivement, les médecins libéraux sont prêts à considérer qu’il est de leur devoir de permettre à chaque Français qui le souhaite d’avoir un médecin traitant. Mais pour cela, le gouvernement doit mettre en place une politique incitative qui respecte les droits de ces médecins, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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