Et si le centre Madeleine Brès de Cholet avait trouvé la clé du succès contre les déserts médicaux ? Ouvert il y a tout juste un an, ce centre médical destiné aux patients sans médecins traitants est géré par le groupe mutualiste VYV Pays de la Loire. Il salarie des médecins retraités, fait travailler des internes et emploie une assistante et une secrétaire médicale pour permettre aux soignants de travailler dans les meilleures conditions.

 

Et si le centre Madeleine Brès de Cholet avait trouvé la clé du succès contre les déserts médicaux ? Ouvert il y a tout juste un an, ce centre médical destiné aux patients sans médecins traitants est géré par le groupe mutualiste VYV Pays de la Loire. Il salarie des médecins retraités, fait travailler des internes et emploie une assistante et une secrétaire médicale pour permettre aux soignants de travailler dans les meilleures conditions.

“Je suis obligé de refuser du monde, il n’y a plus de place pour les médecins retraités qui veulent venir travailler chez nous, tous les postes sont occupés”, le Dr François Nivault, généraliste retraité est médecin coordinateur du centre de santé Madeleine Brès. Ouvert, il y a tout juste un an, le 1er mars 2021, ce lieu de soins, installé dans la Tour Emeraude de Cholet (Pays de la Loire) est destiné aux patients sans médecin traitant. Après Laval et le Mans, le centre de Cholet est le troisième lancé par VYV3, l’offre de soins et d’accompagnements du groupe VYV. Et comme les précédents, c’est un succès.

“A l’origine, nous avons été contactés par le Conseil de l’Ordre qui s’inquiétait de voir les médecins de la région partir à la retraite sans être remplacés”, explique Audrey Arzur-Monet, responsable des centres de santé pour VYV3, faisant référence aux centres de Laval et du Mans. A Cholet, l’idée a été initiée par la mutuelle La Cholétaise. Le concept “est de salarier des médecins retraités un certain nombre de jours par semaine et de les décharger de la partie administrative”, ajoute-t-elle.

 

“Rendre service à la population”

C’est le Dr François Nivault, qui a été chargé de recruter des confrères. Et la tâche a été plus simple que prévue. “Les médecins sont ravis de venir travailler quelques jours par semaine et rendre service à la population. Ils étaient tous partant pour donner du temps”, s’enthousiasme le généraliste. Douze médecins retraités assurent ainsi les consultations, ce qui représente entre deux et six jours de travail par mois, avec l’aide de deux internes et d’un Saspas.

“Je travaille quatre jours de suite par mois, j’aime bien ce principe. J’avais pris ma retraite du libéral en 1998. Je suis ravie de recréer quelque chose qui correspond à un besoin. Ce centre de santé rend service à la population, c’est indiscutable”, commente le Dr Michel Moneger, médecin généraliste salarié du centre. “La première patiente que j’ai vue au sein de ce centre, c’est une dame atteinte d’une sclérose en plaques qui n’avait pas consulté depuis trois ans”, retrace le praticien qui reçoit fréquemment des patients en ALD qui n’ont pas vu de médecins depuis plusieurs années. “Il ne s’agit pas d’une population qui se néglige, c’est pareil pour tous, ils font le tour des médecins et ils ne trouvent rien”, déplore le généraliste retraité.

 

 

Depuis l’ouverture du centre, il y a un an, près de 1 000 patients viennent consulter chaque mois. “Il s’agit de services médicaux de proximité”, rappelle Audrey Arzur-Money qui insiste, “le centre est exclusivement dédié aux patients sortis du système de santé qui n’ont pas de médecins traitants. Notre idée n’est pas du tout de capter la patientèle des généralistes déjà installés”. “Pas moins de 17 % de la population de l’agglomération choletaise, soit plus de 13 000 assurés du régime général, sont actuellement sans médecin traitant et parmi eux, une proportion importante de publics fragiles”, indique un communiqué de l’Agglomération du Choletais.

 

Conditions de travail idéales

L’autre objectif du centre Madeleine Brès est de parvenir à salarier de jeunes médecins pour que ces derniers puissent pérenniser la patientèle. Mais malgré les internes qui réalisent leurs stages dans le centre, ça n’est pas simple.

Pourtant les conditions de travail sont idéales : “Nous avons une secrétaire et une assistante médicale, qui est une ancienne infirmière. C’est un confort de travail que nous ne connaissions pas en libéral”, analyse le Dr Nivault. Exit ainsi la paperasse, gérée par la secrétaire. Quant à l’assistante médicale, elle s’occupe entre autres la prise de rendez-vous pour les examens complémentaires, de la mise en ordre des dossiers médicaux ou encore des électrocardiogrammes et de la vaccination.

Financièrement, l’offre est également attractive. “Pour cinq jours par semaine, un jeune médecin pourrait gagner 6 000 à 7 000 euros par mois. C’est environ 35 euros net de l’heure”, dévoile le Dr Nivault. Pour les praticiens retraités, “c’est un plus”, commente le Dr Moneger qui gagne en moyenne 300 euros par journée travaillée. “On ne gagne pas des fortunes mais c’est confortable. C’est sûr que financièrement le libéral est plus intéressant”, ajoute le Dr Moneger. Qu’il s’agisse de Cholet mais aussi des autres centres de santé installés au Mans et à Laval, le salaire des praticiens est indexé sur l’activité globale du centre.

 

 

Equilibre financier

C’est la mutuelle VYV qui règle le salaire des médecins. “Nous sommes le porteur juridique et l’employeur des généralistes”, explique Audrey Arzur-Monet qui admet que le but est d’arriver à l’équilibre financier. Mais pour y parvenir, la mutuelle n’impose pas de cadence folle aux médecins, comme ça a déjà pu être le cas dans d’autres centres de santé. “Nous avons élaboré le budget pour trois consultations par heure. Ce chiffre est connu des médecins, nous ne vérifions pas ou ne leur rappelons pas”, détaille Audrey Arzur-Monet.

Un planning à la carte, du temps médical et pas de cadences infernales pour des centres de santé qui parviennent à l’équilibre financier, la mutuelle VYV3 aurait-elle trouvé le secret pour mettre fin aux déserts médicaux ? “Le secret c’est que ça ne fonctionne qu’avec des aides publiques et des collectivités. Le centre ne serait pas viable de façon autonome, sans nos partenaires qui sont la Ville, le Département, la Région, la CPAM, l’ARS… Notre objectif est de mettre tous les acteurs autour de la table pour aboutir à un projet”, explique Audrey Arzur-Monet. Ainsi, l’agglomération de Cholet paie le loyer et finance un poste administratif.

Qu’il s’agisse de Laval, du Mans ou de Cholet, les centres de santé ont “une visée provisoire”, précise le groupe mutualiste. “Nous savons que ça n’est pas une solution pérenne. Les modèles sont construits pour trois ans”, prévient Audrey Arzur-Monet. A Laval, où 4 500 patients ont déjà déclaré le centre comme médecin traitant, le contrat vient d’être prolongé…

 

Qui était Madeleine Brès ?

Le centre médical porte le nom de Madeleine Brès, la première femme française à obtenir son diplôme de médecine après un long combat pour poursuivre ses études. Née en 1842, elle accompagna, à l’âge de 8 ans, son père à l’hôpital de Nîmes (Gard) dans lequel il travaillait et sa vocation vue le jour. Âgée de 26 ans, mère de trois enfants et dotée d’une motivation sans égale, elle se fait remarquer comme stagiaire à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris et pendant le conflit franco-allemand de 1870. Elle obtient finalement son diplôme de médecine en 1875. Elle est décédée à Montrouge (Hauts-de-Seine) en 1921 à l’âge de 79 ans.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Bonin

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