MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Samedi 5 mars 2022

L’ACCÈS AUX SOINS ET LA QUALITÉ DES SOINS SONT-ILS VRAIMENT UNE PRIORITÉ POUR L’ÉTAT ?

Plus personne aujourd’hui n’oserait affirmer que l’exercice coordonné des professionnels de santé autour du patient n’est pas un facteur d’amélioration de la qualité de la prise en charge de ces patients, mais aussi, en libérant du temps médical, un élément qui permet de faciliter l’accès aux soins, car permettant aux médecins de prendre en charge plus de patients.

Cet exercice coordonné concerne aussi bien les professionnels de santé dit « du premier recours » que la coordination pluridisciplinaire entre les médecins.

Depuis quinze ans, ces professionnels, persuadés que l’exercice coordonné devait se faire dans un cadre structuré au moins a minima, ont innové en créant des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Plus récemment, ces mêmes professionnels ont construit des plateformes territoriales d’appui (PTA) pour faciliter la prise en charge des situations complexes, des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des équipes de soins primaires (ESP) et maintenant des équipes de soins spécialisés (ESS) et des services d’accès aux soins (SAS).

Que d’énergie dépensée par ces professionnels de santé pour, en plus de leur activité de soins, consacrer des soirées et des week-ends à construire ces organisations innovantes qui fleurissent sur tout le territoire et qui font des émules, puisque, par exemple, 22 % des médecins généralistes exercent aujourd’hui en MSP libérales ou en centres de santé. Tous les leaders de ces nouvelles organisations ont un point commun : améliorer la qualité des soins et l’accès aux soins, qui sont les motivations premières à leurs projets.

Si les unions régionales de professionnels de santé (URPS) et des fédérations ont souvent été des facilitateurs pour mener à bien ces innovations organisationnelles, les ARS ont apporté les financements nécessaires au fonctionnement de ces expérimentations. Puis est venu le temps de permettre à chacun de dupliquer le travail des pionniers, et des conventions nationales ont été négociées avec les syndicats des professionnels de santé pour les MSP et CPTS.

Depuis un an, un vent nouveau souffle sur ces organisations, un vent venu de l’État, que ce soit au niveau national (ministère de la Santé, Caisse nationale d’assurance maladie [Cnam]) ou au niveau régional (ARS). C’est un vent désagréable, un vent froid, parfois même glacial, capable à lui seul de refroidir les porteurs de projets et de geler leurs innovations.

Ainsi, depuis un an, nous avons vu la Cnam, avec le soutien du gouvernement, faire échouer la plupart des expérimentations de SAS qui avaient pourtant pour but de garantir un accès aux soins non programmés à toute la population, imposer de telles contraintes aux MSP et CPTS qui, si les syndicats de médecins ne s’y étaient pas opposés dans une unité exemplaire, auraient fait fuir les médecins généralistes de ces organisations qui allaient devenir très coercitives, comme si l’exercice quotidien de ces médecins n’était pas déjà suffisamment contraignant.

Alors que les expérimentations régionales d’ESP sont un vrai succès, la négociation avec la Cnam, pour permettre leur généralisation, a lieu aujourd’hui dans un cadre qui, s’il reste aussi étriqué et sans ambition, ne donnera pas envie aux professionnels de santé de s’y investir alors qu’ils veulent se coordonner pour améliorer la qualité des soins.

Enfin, que dire de certaines ARS, dirigées par des directeurs omnipotents et despotes, qui décident de supprimer des PTA libérales dont les rapports d’évaluation démontrent pourtant l’agilité, l’efficacité et l’efficience de ces organisations qui ont vocation à faciliter les prises en charge de toutes les situations complexes que les professionnels de santé ne peuvent résoudre seuls ?

Il est urgent que l’État fasse souffler un vent nouveau auprès des professionnels de santé de l’ambulatoire. On doit passer de la coercition à l’incitation afin de donner envie et un intérêt à agir.

Sinon chacun aura compris qu’au-delà des belles paroles, l’État n’a aucunement la volonté d’améliorer la qualité des soins et l’accès aux soins.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

> REAGIR A CET EDITORIAL <
« On ne peut compter que sur nous-mêmes pour améliorer l’accès aux soins »

Accès aux soins : « Aujourd’hui, on a la nécessité de développer une ingénierie de terrain. » À un mois de l’élection présidentielle, les candidats de tous bords politiques enchaînent les propositions coercitives pour lutter contre les déserts médicaux. Attention à ne pas se tromper d’objectif, prévient le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Pour garantir un accès aux soins de qualité malgré le déficit de professionnels de santé, il appelle urgemment à mettre l’accent sur la réorganisation des soins primaires…

La chirurgie bariatrique permet de faire disparaître la stéatose hépatique des diabétiques obèses
Chez les jeunes diabétiques, le risque de complications oculaires est plus élevé avec un DT2 qu’avec un DT1