Mon Espace Santé :
Avec un peu de retard et à grand coup de communication via les médias grand public (dès cette semaine, aux dernières nouvelles), le lancement de Mon Espace Santé va être l’occasion pour le gouvernement, dans cette période de campagne électorale, de caresser dans le sens du poil, la population française.
On va lui promettre une messagerie sécurisée pour communiquer avec les médecins, des applications, un agenda, un profil médical que les usagers pourront remplir eux-mêmes (vaccinations, antécédents, allergie etc.…).
Deux milliards d’euros ont été mis sur la table au Ségur de la santé pour ce déploiement !
Le piège : Une aire de jeu pour tout un chacun mais sans véritable intérêt pour les professionnels que nous sommes, puisqu’aucune information ne sera sûre sur le plan médico-légal.
Le DMP (dossier médical partagé) :
C’est la partie professionnelle de mon espace santé ; celle qui nous intéresse.
Chaque logiciel métier doit être DMP compatible, intégrer une messagerie de santé sécurisée et l’Identifiant National de Santé (INS).
Chaque éditeur devrait avoir fait ces développements depuis plusieurs mois et pour ceux qui ont du retard, le Ségur leur finance cette adaptation.
Le piège : Aucun éditeur de logiciel n’a à nous faire payer ce changement (ils vont recevoir l’argent de l’Etat pour cela). Nous devons refuser de payer le moindre euro en plus !
Le VSM (volet de synthèse médicale) :
C’est la partie fondamentale du DMP, celle qui permet d’avoir de façon claire et résumée, toute l’histoire médicale du patient (atcds, traitement en cours, allergie, vaccinations, évènements récents). Evidemment, ce sont chez les patients poly-pathologiques en ALD que le VSM est le plus intéressant à utiliser.
C’est le médecin traitant qui est le plus légitime pour remplir ce volet et la CSMF demande depuis 11 ans son intégration au cœur du DMP et sa rémunération.
La prochaine ROSP le permet mais de façon forfaitaire et optionnelle.
Le piège : La ROSP donnera une rémunération plus importante pour le remplissage du VSM à un médecin à forte patientèle avec peu de patients ALD qu’à un médecin à patientèle plus réduite mais avec beaucoup de personnes âgées et en ALD !
La CSMF se bat pour faire corriger cette injustice contreproductive sur le plan de la prise en charge efficiente de nos ainés.
Les Centres Hospitaliers (et plus généralement les établissements de santé) :
Les Centres Hospitaliers ont reçu énormément de fonds financiers pour adapter leur DPI (Dossier Patient Informatisé) mais les exigences de l’Etat à leur encontre restent très limitées, 11 ans après le déploiement du DMP.
Le piège : Alors qu’on exige des médecins libéraux qu’ils alimentent leurs DMP, qu’ils structurent leurs VSM, qu’ils utilisent une messagerie sécurisée, on ne demande aux établissements de santé que d’alimenter de façon quasi automatique et assez brouillonne Mon Espace Santé (sans structuration obligatoire, sans normalisation de titre, sans lien obligatoire avec l’INS garant de l’identité-vigilance …) mais sans une obligation d’être en mesure de le lire !!
Autrement dit, le médecin généraliste doit dépenser de l’énergie et du temps pour structurer le DMP de son patient mais aux Urgences du CH, aucune procédure n’est imposée pour y avoir accès !! Un scandale !
Dr Jean-Michel LEMETTRE, CSMF Indre et Loire
Médecin généraliste et conseiller médical (médecine ambulatoire) au GIP e-santé Centre Val de Loire |