MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 25 janvier 2022

OSONS…

Ce début d’année étant propice aux vœux et à des résolutions ambitieuses, Les Généralistes-CSMF font deux vœux pour cette nouvelle année 2022. Plutôt que de s’attarder sur des sujets où nous avons peu d’emprise, comme la fin de la crise sanitaire actuelle, ces vœux concernent et impliquent les médecins libéraux, au premier rang desquels les médecins généralistes et leurs leaders syndicaux.

Les Généralistes-CSMF font tout d’abord le vœu que pour chacun d’entre nous la situation actuelle de la difficulté de l’accès aux soins ne soit plus acceptable. Il doit nous être intolérable de refuser de prendre en charge des demandes de soins ou de laisser des patients sans médecin traitant. Cela ne veut pas dire que nous devons culpabiliser de la situation actuelle, car les seuls responsables sont ceux qui nous gouvernent depuis trente ans et qui ont fait le choix de notre démographie médicale actuelle qui va continuer à se dégrader au moins jusqu’en 2030. Ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, plus préoccupés par leurs réélections au Parlement au printemps que par des solutions réalisables, proposent des mesures coercitives qui ne s’avéreraient être que des échecs car, aujourd’hui, s’il y a une inégalité de répartition des médecins généralistes en France, il n’y a pas de zones surdotées. Au-delà de l’accès aux soins, la qualité des soins est aussi un enjeu essentiel pour les Français. Or, limiter le nombre des médecins dans les zones mieux dotées impacterait aussitôt la qualité des soins face à une population qui augmente et qui vieillit. Ces parlementaires peuvent dormir tranquilles, avec leurs idées démagogiques et populistes, ils ont de grande chance de se faire réélire !

Face à ce défi dont certains candidats à l’élection présidentielle ont fait leur thème prioritaire, les médecins généralistes doivent se sentir concernés individuellement et surtout collectivement. Leur nombre devant encore diminuer, ce n’est qu’en modifiant en profondeur leurs organisations professionnelles qu’ils pourront relever ce défi de l’accès aux soins.

Ces innovations à mettre en place, nous en connaissons aujourd’hui la plupart : regroupement mono ou pluriprofessionnel, assistant médical, infirmier de pratique avancée, service d’accès aux soins… Non seulement ces innovations sont de nature à améliorer l’accès aux soins, mais elles doivent aussi permettre aux médecins généralistes de travailler mieux avec moins de tâches administratives à assurer eux-mêmes, et surtout de ne pas travailler plus car ce sont eux qui ont les semaines les plus longues parmi les médecins libéraux. Ces innovations doivent même leur permettre de travailler moins tout en prenant en charge plus de patients.

Les freins à ces nouvelles organisations existent. Nous devons les lever un à un – certains le sont déjà – et accompagner les médecins généralistes vers ces réorganisations, car nous avons pris vingt ans de retard par rapport à certains pays européens.

Le deuxième vœu des Généralistes-CSMF s’adresse à la représentation syndicale. Le temps des élections étant passé, les syndicats qui veulent permettre à la médecine libérale de répondre aux enjeux de l’accès aux soins doivent apprendre à travailler tous ensemble. Seule cette union peut mettre à mal une politique de santé menée par le Gouvernement et l’Assurance maladie qui méprise et maltraite la médecine libérale.

À deux reprises ces derniers mois, ces syndicats se sont opposés tous ensemble au contenu de deux accords conventionnels (MSP et CPTS) que voulait leur imposer l’Assurance maladie et qui allaient être si contraignants pour les médecins généralistes de ces MSP et de ces CPTS que certains de ces médecins auraient, avec raison, quitté ces organisations pluriprofessionnelles.

À l’aube de la négociation d’une nouvelle convention médicale, les syndicats médicaux doivent comprendre que c’est unis qu’ils seront les mieux armés pour défendre les médecins libéraux qu’ils représentent et ainsi faire comprendre au Gouvernement et à l’Assurance maladie que le temps du mépris et des humiliations est fini.

Si ces deux vœux se réalisent, la vie des médecins généralistes ne sera pas pour autant un long fleuve tranquille, mais ils sauront que tout est mis en œuvre pour leur permettre, grâce à leurs nouvelles organisations, de rester le chef d’orchestre du parcours de santé des Français en coordination avec les autres médecins spécialistes et les autres professionnels de santé.

Meilleurs vœux à toutes et à tous.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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